La double priorité donnée à l’école primaire et à l’enseignement supérieur durant la première année s’inscrit dans le respect des engagements de campagne du candidat Macron.
Le dédoublement des classes et l’adoption de la loi “Orientation et réussite des étudiants” traduisent une volonté d’agir : sur la réduction des inégalités entre élèves pour la première ; sur l’orientation et la démographie étudiante pour la seconde.
Les chantiers restent cependant considérables, notamment dans le supérieur, où la réforme n’a pas été en mesure d’adresser les deux principaux problèmes du système : le sous-investissement et l’absence d’autonomie réelle.
Au primaire, une révision en profondeur de la formation initiale et continue des enseignants est attendue.
1 septembre 2017
Dédoublement des classes de CP en REP+ et premières expérimentations sur l’adaptation des rythmes scolaires
septembre 201730 octobre 2017
Présentation du plan étudiants
octobre 201715 janvier 2018
Lancement de la plateforme "Parcoursup"
janvier 201814 fevrier 2018
Présentation du projet de réforme du baccalauréat
fevrier 201815 fevrier 2018
Adoption du projet de loi d’orientation et de réussite des étudiants
22 fevrier 2018
Remise d’un rapport sur l’avenir de la voie professionnelle
27 mars 2018 - 28 mars 2018
Assises de l’école maternelle
mars 20181 avril 2018 - 30 avril 2018
Présentation en Conseil des ministres d’un projet de loi sur la réforme de l’enseignement professionnel
avril 2018Descriptif détaillé : | La loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants supprime la cotisation de sécurité sociale étudiante et crée une contribution “vie étudiante” unique. |
Promesse de campagne ? | Oui |
Coût pour les finances publiques estimé entre 414 à 834 M€ et recette estimée jusqu’à 172 M€ |
Répartition des coûts et recettes : | |
Poids supporté par l’État : | Recette potentielle pour l’État de 172 M€ ; coût de construction potentiel de 420 M€. |
Poids supporté par les collectivités locales : | 0 % |
Poids supporté par la sécurité sociale : | 100 % des 414 M€ de coût |
Descriptif détaillé : | Un temps d’étude accompagnée est proposé aux collégiens pour les aider à faire leurs devoirs. |
Promesse de campagne ? | Oui |
Coût pour l’État estimé entre 180 M€ et 306 M€ par an. |
Répartition du coût : | |
Coût supporté par l’État : | 100 % |
Coût supporté par les collectivités locales : | 0 % |
Coût supporté par la sécurité sociale : | 0 % |
Le dispositif Devoirs faits pourrait coûter entre 180 M€ et 306 M€ par an au budget de l’État. Le montant effectif dépendra du succès du dispositif auprès des collégiens et de leurs familles (celui-ci pourrait concerner de 25 % à 35 % des élèves) et du profil des encadrants retenus pour accompagner les élèves, entre enseignants, volontaires du service civique ou associations.
Chaque collège fixe les modalités de mise en œuvre du dispositif Devoirs faits. Les horaires, les tailles des groupes et l’encadrement sont décidés par les établissements, en cohérence avec leur projet d’établissement. Les élèves participent au dispositif sur la base du volontariat. L’encadrement est assuré sur la base du volontariat par les professeurs, les conseillers principaux d’éducation, les assistants d’éducation mais également des intervenants externes à l’établissement comme des associations d’aide aux devoirs ou des volontaires du service civique.
Le ministre de l’Éducation nationale a évoqué un objectif de proposer un volume horaire de 4 heures par semaine, soit une heure par jour en excluant le mercredi. Le dispositif devrait s’organiser sur la base d’un encadrant pour 15 élèves. Selon le ministre de l’Éducation nationale, 25 % des collégiens se sont portés volontaires pour participer à Devoirs faits, avec un objectif de porter ce chiffre à 35 % à terme.
Avec 3 315 000 collégiens en 2017, la mise en place du dispositif 4 heures par semaine pour 25 % d’entre eux se traduirait par 3 315 000 heures d’étude dirigée. Si Devoirs faits était étendu à 35 % des élèves, cela représenterait 4 641 000 heures. Avec un ratio d’un encadrant pour 15 élèves, le dispositif nécessiterait de 221 000 à 309 000 heures de présence d’enseignants ou d’autres personnels d’encadrement chaque semaine.
Un contingent de 7 000 jeunes en service civique devrait être mobilisé pour le dispositif. Sur un volume horaire de 30 heures par semaine, le ministère de l’Éducation nationale estime que les jeunes en service civique pourront consacrer la moitié de leur temps, soit 15 heures, au dispositif. Cela représente un volume d’heures dédié à Devoirs fait de 105 000 heures par semaine.
Les jeunes en service civique perçoivent une indemnité de 577 € par mois pour 30 heures de travail. Le coût de la mobilisation de 7 000 jeunes en service civique 15 heures par semaine pour le dispositif Devoirs faits s’élève ainsi à 2 M€ par mois, soit 0,5 M€ par semaine.
Il est fait l’hypothèse que le solde des heures nécessaires serait assuré par des enseignants. Cela représente un volume d’heures de 116 000 heures à 204 000 heures par semaine, selon que le dispositif concerne 25 % ou 35 % des élèves.
S’agissant des enseignants, les heures supplémentaires seront rémunérées sur la base des taux des heures supplémentaires effectives (HSE). Ce taux est de 39€ au 1er septembre 2017 pour un professeur certifié. Le coût de la mobilisation des enseignants pour le dispositif Devoirs faits est ainsi compris entre 4,5 M€ et 8 M€ par semaine, selon que le dispositif concerne 25 % ou 35 % des élèves et à supposer que le taux horaire moyen soit celui d’un professeur certifié.
En additionnant le coût des indemnités des 7 000 jeunes en service civique et des heures supplémentaires des enseignants, le coût global du dispositif serait donc compris entre 5 M€ et 8,5 M€ par semaine.
L’année scolaire est organisée sur 36 semaines de cours. Par conséquent, le coût pour l’État du dispositif Devoirs faits sur l’ensemble de l’année scolaire devrait être compris entre 180 M€ et 306 M€.
A titre de comparaison, le ministère de l’Éducation nationale a quant à lui évalué ce coût à 220 M€ en 2018.
La principale incertitude du chiffrage tient au nombre d’élèves qui bénéficieront effectivement du dispositif et du profil des encadrants. Suivant la part des enseignants parmi les encadrants, et parmi ceux-ci la part des professeurs certifiés ou des agrégés, le dispositif sera plus ou moins coûteux. La mobilisation d’associations d’aide aux devoirs pourrait par exemple permettre de diminuer sensiblement le coût du dispositif. De même, la mobilisation des jeunes en service civique pourra se faire par redéploiement plutôt que par le recrutement de volontaires supplémentaires, ce qui minorerait le coût de la mesure.
Des dispositifs d’aide aux devoirs existent déjà dans certains collèges. Dans ce cas, le coût incrémental du dispositif Devoirs faits sera nécessairement plus faible pour ces établissements dans la mesure où des moyens sont déjà mis en œuvre.
Descriptif détaillé : | Les classes de CP et CE1 classées en REP et REP+ seront dédoublées. |
Promesse de campagne ? | Oui |
Coût pour l’État estimé à 503 M€ par an. |
Répartition du coût : | |
Coût supporté par l’État : | 100 % |
Coût supporté par les collectivités locales : | 0 % |
Coût supporté par la sécurité sociale : | 0 % |
Le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+ devrait se traduire par une augmentation du nombre de classes de ces niveaux de 14 379 classes. Ce sont autant d’enseignants qu’il faudra mobiliser pour la mise en place de ce dispositif, avec un coût global de la mesure, correspondant à la masse salariale des enseignants, de 503 M€ par an.
Le dédoublement des classes de CP et de CE1 sera progressivement mis en œuvre entre 2017 et 2019. Dès la rentrée 2017, 2 500 classes de CP ont été dédoublées en REP+. Pour la rentrée 2018, les classes de CP seront dédoublées en REP. Un début de dédoublement des classes de CE1 sera initié en REP et REP+. La finalisation du dispositif se fera à la rentrée 2019 et la totalité des classes de CP et CE1 de REP et REP+ auront été dédoublées.
A la rentrée 2016, sur un total de 4 218 000 élèves scolarisés à l’école élémentaire, 852 000 étaient en classe de CP (soit 20,2 % de l’effectif total) et 844 000 en CE1 (soit 20,0 % de l’effectif total).
En France métropolitaine et dans les DOM :
Sur la base de la proportion d’élèves de REP+ dans le total des effectifs de l’école élémentaire, le nombre d’élèves de CP et CE1 dans des écoles publiques de REP+ est estimé à 65 000 et 64 000 élèves, respectivement.
De la même manière, sur la base de la proportion d’élèves de REP dans le total des effectifs de l’école élémentaire, le nombre d’élèves de CP et CE1 dans des écoles publiques de REP est estimé à 101 000 et 100 000 élèves, respectivement.
A l’école élémentaire publique, le nombre moyen d’élèves par classe à la rentrée 2016 était de 23 élèves. Le nombre de classes de CP et CE1 en REP+ est ainsi estimé à 2 815 et 2 789 classes. Le nombre de classes de CP et CE1 en REP est quant à lui estimé à 4 408 et 4 367 classes.
Par conséquent, le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+ devrait se traduire par une augmentation du nombre de classes de ces niveaux de 14 379 classes. Au CP et au CE1, chaque classe disposant d’un professeur à temps plein, ce sont autant de professeurs supplémentaires qui devront être mobilisés.
Selon la Cour des comptes, la rémunération moyenne des enseignants du premier degré en France s’élevait en 2013 à environ 30 000€ par an. En ajustant le salaire de l’évolution du point d’indice et des mesures catégorielles en faveur des enseignants (soit environ 3 % d’augmentation sur la période), et en le majorant des cotisations sociales payées par l’employeur (environ 15 %), le coût moyen d’un ETP dans le premier degré en 2018 est estimé à 35 000€.
Ainsi, la masse salariale nécessaire au dédoublement des classes de CP et CE1 et REP et REP+ devrait se traduire par un coût annuel pour l’État de 503 M€ lorsque le dispositif sera totalement déployé.
A ce stade, la mobilisation des infrastructures pour les classes supplémentaires ne devrait pas engendrer de coût. Pour la rentrée 2017, le dédoublement a été rendu possible dans 86 % des cas par l’utilisation de salles inoccupées dans les établissements scolaires. Dans les 14 % de cas restants, les salles de classes ont été réorganisées pour accueillir deux professeurs par classe.
La principale incertitude sur le coût de la mesure porte sur la capacité du ministère de l’éducation nationale à redéployer des effectifs (par exemple en mobilisant des enseignants qui n’étaient jusqu’à présent pas affectés dans des classes, ou en augmentant les effectifs dans certaines classes pour libérer des enseignants). A défaut d’un redéploiement, le ministère devra recruter autant d’enseignants que de classes ouvertes, soit environ 14 400, et le coût additionnel pour l’État sera maximal.
Descriptif : | L’arrêté du 18 juin 2017 autorise le rétablissement des classes bilangues, les sections européennes ou de langues orientales et le renforcement de l’enseignement du latin et du grec. |
Promesse de campagne ? | Oui |
Coût pour l’État estimé à 49 M€ par an |
Répartition du coût : | |
Coût supporté par l’État : | 100 % |
Coût supporté par les collectivités locales : | 0 % |
Coût supporté par la sécurité sociale : | 0 % |
Descriptif : | Par décret du 28 juin 2017, les collectivités se sont vues offrir davantage de liberté dans l’organisation du temps scolaire, avec la possibilité de revenir à la semaine de quatre jours pour celles qui le souhaitent. |
Promesse de campagne ? | Oui |
Une économie potentielle pour l’État estimée à 1,35 Md€ |
Répartition du gain : | |
Économie pour l’État : | Économie potentielle de 373 M€ par an |
Économie pour les collectivités locales : | Économie potentielle de 842 M€ par an |
Économie pour la sécurité sociale : | Économie potentielle de 100 M€ par an |
Le coût annuel de la réforme des rythmes scolaires est de l’ordre de 1,35 Md€. Ce montant a permis de financer la mise en place d’activités périscolaires dans les collectivités. Le décret du 28 juin 2017 a permis aux collectivités de choisir entre maintien d’une semaine de 4 jours et demi et retour à la semaine de 4 jours. Plus de 40 % des communes ont déjà choisi de revenir à la semaine de 4 jours. Elles devraient être plus des 2/3 à la rentrée 2018.
Ce retour massif à la semaine de 4 jours représente un gain financier pour l’État, qui est ainsi en capacité de réduire les moyens alloués au fonds de soutien de la réforme. Un retour généralisé à la semaine de 4 jours représenterait un gain budgétaire pour l’État de 373 M€.
Pour les collectivités, un retour généralisé à la situation antérieure à la réforme permettrait une économie théorique de l’ordre de 842 M€. Pour autant, les administrés semblent attachés au maintien d’activités périscolaires de qualité. Si des économies financières sont attendues par les communes, celles-ci ne devraient pas atteindre le montant maximal envisageable de 842 M€ mais plutôt se situer à un niveau intermédiaire. A cet égard, une enquête de l’Association des maires de France fait ressortir que le coût par élève lié aux activités périscolaires est sensiblement le même que les communes soient restées à une organisation sur 4 journées et demi ou qu’elles soient revenues à la semaine de quatre jours. Dès lors, l’économie budgétaire pourrait dans certains cas être nulle.
Enfin, la suppression de l’allocation dédiée de la CNAF pourrait faire économiser 100 M€ par an à la sécurité sociale.
Un coût annuel global de la réforme des rythmes scolaires de l’ordre de 1,35 Md€.
Selon l’Association des maires de France (AMF), le coût moyen de la réforme des rythmes scolaires lié à la mise en place des nouvelles activités périscolaires s’est élevé à 231€ par enfant et par an en 2016. Sur la base d’un effectif de 6,8 millions d’élèves dans les niveaux pré-élémentaire et élémentaire en 2018, et d’une part de l’enseignement public dans le total de 86 %, il résulte qu’un peu plus de 5,8 millions d’élèves ont été concernés par la réforme des rythmes scolaires. En effet, les écoles privées n’étaient pas tenues de mettre en place la nouvelle organisation du temps scolaire, celles-ci ont très majoritairement conservé une organisation sur 4 journées et demi.
Ainsi, le coût global de la réforme des rythmes scolaires peut être estimé à 1,35Md€ par an. Les financements apportés par le fonds de soutien de l’État (373 M€ en 2017), voire par la CNAF (une allocation dédiée, l’aide spécifique rythmes éducatifs, a été créée pour soutenir la réforme des rythmes scolaires – son montant s’élevait à environ 100 M€), ont permis de ramener le reste à charge moyen à 161€ par enfant et par an. Celui-ci est intégralement supporté par les collectivités, les activités périscolaires restant le plus souvent gratuites pour les familles.
Le coût global a ainsi été supporté à hauteur de 842 M€ par les collectivités, de 373 M€ par l’État et plus marginalement, de 100 M€, par la CNAF.
Le choix laissé aux collectivités devrait se traduire par un retour massif à la semaine de 4 jours, sans pour autant que cela se traduise nécessairement par des économies.
Selon une étude menée par l’Association des maires de France, 43 % des communes françaises ont profité de la latitude offerte par le décret du 28 juin 2017 pour repasser à une organisation de la semaine scolaire sur 4 jours dès la rentrée 2017. Parmi les communes ayant maintenu une semaine de 4 jours et demi, 40 % envisagent de revenir à la semaine de 4 jours dès la rentrée 2018 et 7 % envisagent le maintien de la réforme des rythmes scolaires. Les 53 % restantes ne se sont pas encore positionnées. De grandes collectivités comme Marseille, Bordeaux et Lyon, ont déjà annoncé leur intention de revenir à la semaine de 4 jours à la rentrée 2018. Dans l’ensemble, la tendance est donc à un retour à une organisation du temps scolaire sur 4 jours.
L’impact financier du retour à la semaine de 4 jours est difficile à quantifier. En tout état de cause, il est différent pour l’État et les collectivités :
Ainsi, l’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires, qui devrait se traduire par un retour très important, voire quasi-généralisé à la semaine de 4 jours, devrait essentiellement bénéficier financièrement à l’État dont les moyens du fonds de soutien pourront être revus à la baisse. Le gain potentiel maximal s’élèverait ainsi à 373 M€ par an par rapport aux années antérieures au décret de 2017.
Pour les collectivités, le gain maximal potentiel s’élève à environ 842 M€. Pour autant, celui-ci devrait être nettement atténué par le maintien dans les communes d’activités périscolaires dont le coût par enfant apparaît équivalent à celui constaté dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Pour la CNAF, la suppression de l’aide spécifique rythmes éducatifs pourrait représenter une économie de l’ordre de 100 M€.
La principale difficulté tient au manque d’évaluation à ce stade du volume d’activités périscolaires maintenues dans les communes ayant choisi de revenir à la semaine de 4 jours. Suivant la demande des parents – qui déterminera le nombre d’enfants intéressés par ces activités – et la volonté des communes à maintenir une offre importante – qui dépendra de leurs moyens financiers et de considérations politiques – le gain financier pourrait évoluer dans une fourchette très large, entre un gain nul (dans l’hypothèse d’un maintien de toutes les activités) et un gain maximal (dans l’hypothèse d’un retour à la situation antérieure à la réforme des rythmes scolaires en termes d’offre d’activités périscolaires).
Le gain pour les collectivités pourrait même être négatif dans l’hypothèse où celles-ci devraient compenser le désengagement du fonds de soutien de l’État.
L’annonce d’un “Plan mercredi” par le ministère de l’Éducation nationale, afin d’aider les collectivités à maintenir une offre d’activités périscolaires riche, pourrait modifier l’équation financière entre l’État et les collectivités, au bénéfice de ces dernières, en apportant des financements de substitution au fonds de soutien.