Rechercher un rapport, une publication, un expert...
Rapport
Septembre 2018

Industrie du futur,
prêts, partez !

<p><strong>Industrie du futur,<br />
prêts, partez !</strong></p>
Auteurs
Jean-Dominique Senard
Président du Conseil d’administration du Groupe Renault

Jean-Dominique Senard est vice-président de l’Institut Montaigne depuis 2017. Il a notamment co-présidé les groupes de travail sur le capitalisme responsable européen (2020), l’industrie du futur (2018) et l’économie circulaire (2016). 

Il est président du conseil d’administration du Groupe Renault. Dans ses précédentes fonctions, il était président de Michelin (2012-2019) qu’il a rejoint en 2005. Il a commencé sa carrière avec différentes responsabilités financières et opérationnelles au sein du groupe Total (1979-1987) puis chez Saint-Gobain (1987-1996). Il a également été directeur financier du groupe Pechiney et membre du conseil exécutif du groupe (1996-2001) et assuré la direction du secteur Aluminium Primaire du groupe Pechiney (jusqu’en 2004). Puis, en tant que membre du comité exécutif du groupe Alcan, il s’est chargé de l’intégration de Pechiney et est devenu président de Pechiney SA. 

Jean-Dominique Senard est administrateur de Nissan Motor Co., Ltd. et administrateur référent et président du comité stratégique et de la RSE de Saint-Gobain.

Il est diplômé de HEC Paris et titulaire d’une Maîtrise de droit.

Victor Poirier
Ancien directeur des publications

Victor Poirier était directeur des publications de l’Institut Montaigne jusqu’en décembre 2022. Il était spécialiste des questions de finances publiques et industrielles.

Chargé d'études entre 2015 et 2018, il a notamment contribué à la réalisation des rapports Pour une transition énergétique réussie, Industrie du futur, prêts, partez !, ETI : taille intermédiaire, gros potentiel, Quelle place pour la voiture demain ? ainsi qu’aux publications des notes Retraites : pour une réforme durable et L’impossible Etat actionnaire ?. Il était directeur adjoint des études depuis septembre 2018.

Victor a intégré Sciences Po Lille en 2010, en filière franco-britannique. Après une licence en Politiques et Relations internationales à l’Université du Kent et un master en Commerce et Finances Internationales à Sciences Po Lille, il a réalisé en 2014 un master of arts en Business et Econométrie à UCL (University College London). Il a ensuite intégré l’Université Paris-Dauphine en 2015 pour un master 2 en Diagnostic Economique International, réalisé en apprentissage.

Groupe de travail

Les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent ni ces personnes ni les institutions dont elles sont membres.

Présidents du groupe de travail

  • Bernard Charlès, vice-président du conseil d’administration, directeur général, Dassault Systèmes
  • Jean-Dominique Senard, président, Michelin

Groupe de travail

  • Sophie Burel, directrice adjointe des affaires publiques, Renault
  • Pascal Cotte, Senior Partner & Managing Director, Chairman, Western Europe, South America, and Africa, The Boston Consulting Group
  • Pascal Daloz, directeur général adjoint, affaires financières et stratégie, Dassault Systèmes
  • François Darchis, directeur de la société en charge de l’innovation et du développement, Air Liquide
  • Benjamin Fremaux, Senior Fellow, Institut Montaigne
  • Jean-François Gonidec, directeur général excellence opérationnelle et manufacturing, L’Occitane
  • Christel Heydemann, Président Directeur Général, Schneider Electric France
  • Pascal Laurin, directeur industrie 4.0, Bosch France
  • Fanny Létier, co-fondatrice de GENEO capital entrepreneur
  • Sébastien Massart, Head of Strategy, Dassault Systèmes
  • Florent Menegaux, Chief Operating Officer, Michelin
  • Jérôme Miara, président-directeur général, Obea
  • Jacques Mulbert, président, ABB France
  • Jean-Jacques Orsini, directeur groupe performance et compétitivité, Safran
  • Denis Picarle, associé d’une PMI
  • François Pitti, directeur marketing stratégique et prospective, Bouygues Constructions
  • Victor Poirier, directeur adjoint des études, Institut Montaigne (rapporteur)
  • Eric Sarfati, président, SGS France
  • Olivier Scalabre, Senior Partner & Managing Director, The Boston Consulting Group
  • Blanche Segrestin, responsable de la formation doctorale, professeur, MINES Paris-Tech
  • Pentcho Stantchev, Responsable Strategy & Development, Schneider Electric France
  • Adrien Tenne, Administrateur de l’Insee (rapporteur) 
Personnes auditionnées

Les opinions exprimées dans ce rapport n’engagent ni ces personnes ni les institutions dont elles sont membres.

  • Annabel André-Laurent, vice-présidente, Région Auvergne Rhône-Alpes
  • Christophe Aufrère, Chief technical Officer, Faurecia
  • Xavier Bertrand, président, région Hauts-de-France
  • Eric Bonnin, directeur industrie & DD, CCI Alsace Eurométropole
  • Catherine Borg Capra, directrice des filières industrielles à la Direction de l’Innovation, Bpi France
  • Augustin Bourguignat, secrétaire confédéral en charge des politiques industrielles et de la recherche, CFDT
  • Christophe Chauvet, directeur du développement, Elcimaï Réalisations
  • Jean-Pierre Clamadieu, président du comité exécutif, Solvay
  • Julika Courtade-Gross, secrétaire générale, directrice de la communication et des affaires publiques, Siemens
  • Benoît d’Iribarne, délégué général pour l’Allemagne, l’Autriche et le Benelux, Saint-Gobain
  • Jean-Marie Danjou, délégué général, Cercle de l’Industrie
  • Philippe Darmayan, président, UIMM
  • Alexandra Dublanche, vice-présidente, Région Ile-de-France
  • Elizabeth Ducottet, présidente-directrice générale, Thuasne
  • Fabienne Dulac, directrice exécutive, Orange France
  • Julien Einaudi, Executive Vice President Global Services, Ortec
  • Anne-Sophie de Faucigny, directrice des relations institutionnelles et des médias, Bpifrance
  • Pascal Faure, directeur général, DGE
  • Laurent Fiard, président-directeur général, Visiativ
  • Thierry Francq, commissaire adjoint, SGPI
  • Pierre Gattaz, président, MEDEF
  • Bruno Grandjean, président, Alliance pour l'Industrie du Futur
  • Sylvie Grandjean, directrice financière, Redex Group
  • Christine Le Bihan-Graf, avocate à la Cour, De Pardieu Brocas Maffei
  • Philippe Luscan, président, Pacte PME
  • Jean-Baptiste Marin-Lamellet, responsable des relations institutionnelles, Bpifrance
  • Isabelle Martin, directrice du service économie et société, CFDT
  • Laurent Mismacque, Head of Customer Services France and Head of Business Unit Cloud Application Services MindSphere and Cybersecurity, Siemens
  • Alexandre Montay, délégué général, METI
  • Jean-Luc Moullet, directeur du programme industrie, SGPI
  • Vincent Muller, directeur EMEA Channel, Steelcase
  • François Pellerin, directeur du programme industrie du futur, Région Nouvelle-Aquitaine
  • Bernard Pinatel, directeur général raffinage-chimie, Total
  • Stéphane Theuriau, président, Altarea Cogedim
  • Jean-Camille Uring, directeur, Fives
  • Emmanuelle Wargon, directrice des affaires publiques, Danone

La situation de l’industrie française est préoccupante. Ces 25 dernières années, elle a perdu 1,4 million d’emplois. En 2016, l’industrie ne représentait plus que 10,2 % du PIB français (baisse de 20 % en 15 ans), contre 14,4 % en moyenne dans l’Union européenne. Quelle(s) solution(s) pour inverser la tendance ? 

L’industrie du futur pourrait constituer une opportunité unique de rendre l’industrie française plus attractive et compétitive. Mais que recouvre ce concept ? A qui s’adresse-t-elle ? Qui sont les acteurs impliqués ? Comment les mobiliser ? 

L’Institut Montaigne a, en partenariat avec le Boston Consulting Group, travaillé avec les régions, les universités, les grands groupes industriels et les PME et ETI afin de mieux comprendre ce qu’est l’industrie du futur et surtout le rôle que celle-ci pourrait jouer dans la redynamisation de l’industrie française, les conditions de son déploiement et les bénéfices sociaux, environnementaux, économiques que celle-ci pourrait apporter. De ces réflexions découle une proposition centrale, à destination des PME et ETI de notre pays, et nécessitant une collaboration étroite entre pouvoirs publics, industriels et société civile : la mise en place sur notre territoire de centres d’accélération de l’industrie du futur.

L’industrie du futur :

De quoi parle-t-on ?

L’industrie désigne l’ensemble des activités économiques qui produisent des biens matériels, par la transformation et la mise en oeuvre de matières premières. Elle est incarnée, en France, par plusieurs grandes entreprises ainsi que quelques 1 800 ETI industrielles (soit un tiers des ETI françaises) et une partie des 50 000 PME implantées sur notre territoire. 

L’industrie du futur est caractérisée par une utilisation massive des données et une connectivité fortement augmentée. Concrètement, l’usage de plus en plus fréquent des nouvelles technologies modifie l’activité industrielle ainsi que les conditions de travail de ceux qui exercent au sein de ce secteur

Neuf piliers technologiques constituant l’industrie du futur ont été identifiés

Catégories industrie du futur
  • Robots collaboratifs et smart machines : par exemple des robots équipés de capteurs de sécurité supprimant certaines tâches pénibles tout en automatisant d’autres ;
  • Internet industriel des objets et production de données : l’ensemble des capteurs physiques placés sur les équipements ou les produits, permettant de collecter et de partager les données, sous format numérique, des paramètres de production à des fins d’optimisation ;
  • Big Data, analytiques et intelligence artificielle : l’analyse de données permet l’optimisation du rendement des machines par la mise en oeuvre de la maintenance prédictive, tout en améliorant la qualité de la production ;
  • Intégration verticale et horizontale : facilitant ainsi le partage de données avec les clients ou les fournisseurs ;
  • Outils de simulation avancée : les évolutions des lignes de production pourront au préalable être testées virtuellement, limitant ainsi les coûts et la prise de risque ;
  • Production additive, matériaux et processus innovants : création simplifiée de prototypes notamment grâce à l’impression en trois dimensions ;
  • Réalité augmentée : l’assistance aux opérateurs grâce à la projection d’informations virtuelles sur un support numérique ;
  • Blockchain : une sécurité accrue permise par le stockage et la transmission d’informations transparentes et sécurisées, permettant de garantir la traçabilité de composants ou d’opérations ;
  • Cloud et cybersécurité : le stockage dématérialisé et sécurisé de nombreuses données nécessaires aux activités industrielles.

Trop souvent appréhendée en surface, la notion d’industrie du futur reste relativement méconnue tant par le grand public que par une grande partie des industriels. Par conséquent, elle demeure marginale :  

  • Pour les industriels, du fait d’un manque d’information, 87 % des dirigeants de PME et ETI françaises considèrent que la transformation numérique - l’un des volets de l’industrie du futur - ne représente pas une priorité stratégique. 
  • Pour la société civile, l’industrie du futur est source de fantasmes et d’inquiétudes, liées à l’avenir de l’emploi et au remplacement de l’Homme par la machine.
  • Pour les pouvoirs publics, l’industrie du futur est identifiée comme l’un des chantiers économiques majeurs, mais les solutions concrètes et efficaces permettant sa diffusion n’ont pas encore été trouvées. 

Quels bénéfices ?

Le déploiement de l’industrie du futur, qui place les nouvelles technologies en son coeur, se veut un levier de modernisation industrielle. Et des marges de manoeuvre existent. Aujourd’hui, on estime à seulement 10 % la part des données générées dans une usine qui sont utilisées tout au long de la production.

Seuls 10 % des données générées dans une usine sont utilisées tout au long de la production.

Le déploiement de l’industrie du futur en France devrait permettre à l’industrie française de bénéficier d’une nouvelle dynamique. L’industrie du futur peut en effet : 

  • Renforcer la compétitivité : des gains de l’ordre de 10 à 20 % sur les coûts de fabrication (hors matières premières) sont attendus grâce à la mise en œuvre des nouvelles technologies (optimisation de l’utilisation des machines, traçabilité des produits, etc.) ;
  • Etre un levier d’attractivité double : en France, en redonnant une image de marque forte et moderne à l’industrie ; à l’international, en renforçant l’attractivité de la France ;
  • Avoir un impact humain : en améliorant les conditions de travail des opérateurs (prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS), ainsi que leur autonomie (au travers d’une organisation plus horizontale du travail) ;
  • Améliorer la qualité de vie au travail (diminution de la pénibilité) et la qualité des biens consommés (produits personnalisés et optimisés)
  • Réduire l’impact environnemental des activités industrielles (moindre gaspillage).

L’industrie du futur aura par ailleurs un impact social fort mais qui reste encore difficile à évaluer. Celui-ci soulève des inquiétudes - légitimes - sur les emplois, le contenu même de ces derniers et les compétences attendues. Une forte croissance des emplois liés aux nouvelles technologies pourra être anticipée parallèlement à la disparition de certains métiers automatisables (principalement non-qualifiés).

Une chose est certaine : les pays qui ne prendront pas à temps le virage de l’industrie du futur - adaptant leur formation et leur appareil productif - seront les grands perdants de cette révolution, en matière économique (perte de compétitivité) comme d’emplois (disparition de sites de production). 

Où se situe la France dans la compétition internationale ?

Les pouvoirs publics des pays développés offrent tous des facilités de financement et des incitations fiscales aux entreprises afin d’aider au déploiement de l’industrie du futur, avec des caractéristiques propres à chaque pays en question (par exemple, un effort porté davantage sur la formation en Suède, sur l‘innovation au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, ou encore sur le soutien financier en Espagne et à Singapour). 

Certains pays ont davantage structuré l’écosystème au service des entreprises, notamment par la mise en place de centres d’excellence sur l’industrie du futur visant à rapprocher les acteurs. Deux exemples doivent guider la réflexion à l’échelle française :

  • Allemagne : 19 centres d’excellence permettent aux entreprises de chaque Lander de comprendre et tester les nouvelles technologies en collaboration avec les milieux universitaires et les centres de recherche ;
  • Etats-Unis : des centres d’excellence par secteur industriel permettent d’identifier, de tester et d’illustrer les solutions pertinentes aux problématiques du secteur, bénéficiant pour ce faire d’importantes subventions publiques.

5 % des entreprises françaises ont implanté les technologies de l'industrie du futur sur leurs sites

Si la France possède les atouts pour accélérer le déploiement de l’industrie du futur et tirer les bénéfices de cette compétition internationale, les efforts - conséquents - des pouvoirs publics sont trop fragmentés pour être efficaces. Il est indispensable de rationaliser les dispositifs de financement, d’accompagnement et de formation afin de garantir une plus grande clarté de l’offre et in fine une plus grande efficacité des moyens alloués. 
 

Selon une étude du BCG, la compétition pour l’industrie du futur n’en est qu’à ses débuts. Seulement 5 % des entreprises françaises ont déjà largement implanté ces technologies sur leurs sites, quand 40 à 60 % n’en sont actuellement qu’à un stade d’étude ou de mise en œuvre des premières opportunités.

En France, les grands groupes industriels ont pour la plupart d’ores et déjà pris part à la compétition. Implantés dans de nombreux pays, disposant de capacités financières et humaines conséquentes, ils peuvent plus facilement expérimenter les technologies de l’industrie du futur et adopter celles qu’ils trouvent concluantes.

Les PME et ETI, pour leur part, sont plus fortement dépendantes de l’écosystème français pour réussir. Pourtant, le potentiel de création d’emplois est élevé. Les risques (financiers comme de cybersécurité) associés aux investissements dans l’industrie du futur et le manque d’informations sur l’offre existante entraînent une certaine méfiance chez un grand nombre de dirigeants de PME et ETI. 

La France possède les atouts pour accélérer le déploiement de l'industrie du futur et en tirer les bénéfice pour son économie. Si plusieurs initiatives vont dans le bon sens - soutien à l’impression 3D et à la robotisation, refonte des rôles de filières avec l’Alliance pour l’Industrie du Futur, dynamique d’accompagnement dans toutes les régions -, il s’agit désormais de coordonner, de rationaliser et d’accélérer l’ensemble de ces initiatives dans le cadre de la transformation de l’industrie française. Le tableau ci-dessous liste les centres existants qu’il faudrait fédérer et intégrer dans une stratégie d’ensemble :
 

Structure existanteImplantationMissionsLimites
CETIM3 sites principauxApporter aux entreprises des moyens et des compétences pour accroître leur compétitivité 
Pôles de compétitivité71Renforcer l’innovation et dynamiser la compétitivité de l'industrie française Un nombre trop important, un manque de moyens, qui aboutissent à une faible implication des entreprises
IRT8Renforcer la compétitivité par la recherche industrielle dans des filières technologiques stratégiquesUne formation et une recherche qui doivent être renforcées
CEA Tech6Favoriser, au niveau régional, les échanges technologiques entre chercheurs et industriels Des volets formation et accompagnement qui doivent être complétés

Notre proposition : mettre en place, sur les territoires, des centres d’accélération de l’industrie du futur offrant aux PME et aux ETI une solution intégrée pour le déploiement à l’échelle de l’industrie du futur ainsi que l’accès à des développements innovants.

Qu’est-ce qu’un centre d’accélération de l’industrie du futur ? 

centres d'acceleration industries du futur

Créé sous l’impulsion d’un grand groupe industriel afin de répondre aux enjeux de développement des PME et ETI de son secteur d’activité, un centre d’accélération de l’industrie du futur rapproche l’ensemble de l’écosystème innovant (grands groupes, starts-ups, centres de recherche) en un lieu physique unique. 

Ces centres d'accélération répondent ainsi aux enjeux d’innovation, de formation et d’accompagnement (notamment financier mais aussi d’aide au déploiement et à l’intégration), rassemblant les différentes solutions sous un même toit.

Ces lieux auront pour but de donner à l’industrie française les moyens de revenir dans la course et de favoriser l’émergence de nouveaux champions industriels de l’innovation, en aidant les start-ups technologiques françaises à se développer et en encourageant les collaborations entre acteurs d’un même écosystème.

Afin de répondre aux enjeux locaux, tout en présentant des solutions pour les différentes filières déjà implantées sur le territoire national, il apparaît nécessaire d’organiser, dans un premier temps, un maillage du territoire métropolitain à l’aide d’une vingtaine de centres d’accélération, afin d’accompagner une majorité des 1 800 ETI industrielles et une partie des 50 000 PME de l’industrie et de la construction.

Quel est l’existant sur lequel s’appuyer pour construire le réseau de centres d’accélération ?

Il ne s’agit pas de faire table rase des dispositifs déjà existants mais bien d’accentuer leur modernisation et leur rationalisation. Par ailleurs, toutes les innovations ne sont pas des innovations de rupture et certains changements sont plus incrémentaux et ne nécessitent pas un bouleversement de l’outil industriel. Dans les faits, une large part des développements technologiques liés à l’industrie du futur peut s’effectuer au sein des usines actuelles, en intégrant les nouvelles technologies aux équipements et aux systèmes d’information existants. Il importe alors de mettre en perspective ces évolutions au sein d’un plan stratégique adapté, afin de ne pas limiter ces dernières à de simples améliorations technologiques.

La création de centres d’accélération devra ainsi s’appuyer sur certains modèles existants (lRT, CEA Tech, CETIM), qu’il s’agira de fédérer et d’intégrer dans une stratégie d’ensemble faisant le lien avec les filières. Ces dispositifs ont chacun des atouts considérables mais ne réunissent pas les trois axes clés identifiés dans le rapport - innovation, accompagnement et formation - répondant efficacement aux besoins des PME et ETI françaises.  

Afin de profiter de l’expérience et des atouts des acteurs existants, tout en évitant la multiplication des dispositifs et instances, les industriels, mais aussi Bpifrance, l’Alliance pour l’Industrie du Futur, les régions, pour ne citer qu’elles, seront largement mobilisés dans le cadre de la structuration, du développement stratégique et du positionnement institutionnel de ces centres.

Les objectifs des centres d’accélération s’inscrivent donc en pleine cohérence avec les autres initiatives visant à redonner ses lettres de noblesse à l’industrie, à accompagner l’émergence de nouveaux champions de l’innovation industrielle, à mobiliser les financements publics et les mécanismes d’accompagnement et à enrichir les offres de formation. 

Quels bénéfices ?

bénéfices industrie du futur

Redonner ses lettres de noblesse à l’industrie

En rassemblant l’ensemble des acteurs industriels publics et privés et en dépoussiérant l’image de l’industrie auprès de la société civile, les centres d’accélération ambitionnent de redonner une image de marque forte à l’industrie française, en France comme à l’étranger. Les nouvelles technologies à l’oeuvre dans l’industrie sont une occasion sans précédent de faire de ce secteur d’activité un débouché attractif pour les jeunes générations.

Favoriser l’innovation industrielle en France

La France, en dépit de sa culture industrielle et de son positionnement dans l’innovation (par exemple en modélisation 3D), accuse un retard certain vis-à-vis de pays en pointe dans des domaines essentiels tels que la robotique ou le véhicule autonome. 

En se dotant de centres d’accélération, l’industrie française se donnerait les moyens de rattraper ce retard (particulièrement dans la filière moyens de production et d’équipements), et de favoriser l’émergence de nouveaux champions industriels de l’innovation. Ces centres permettraient ainsi d’aider les start-ups technologiques à se développer au contact d’un écosystème mêlant industriels, universités et centres de recherche.

Développer les dispositifs de financement et d’accompagnement pour déclencher l’investissement dans l’industrie du futur

Le secteur industriel dispose de plusieurs dispositifs de financements, qu’il s’agisse de Bpifrance créé en 2013, des différents Programmes d’Investissements d’Avenir (PIA) ou bien encore de diverses mesures fiscales. 

Mais face à la diversité (pour ne pas dire dispersion) des dispositifs tout comme des acteurs les délivrant, un effort de rationalisation est nécessaire. Les centres d’accélération, par la mise en place d’un guichet unique, souhaitent encourager le tissu de PME et d’ETI à mobiliser cette offre de financement.

Enrichir les offres de formation

Bien conscients que les nouvelles technologies vont faire évoluer les compétences requises dans le milieu industriel et afin de maintenir l’attractivité de l’Hexagone, les centres d’accélération souhaitent être au coeur d’une offre de formation “actualisée”  :

  • Par le développement de formations en lien avec les industriels au niveau Master/Doctorat ;
  • Par la mise en place de nouvelles spécialités en raison des besoins de compétences techniques dans l’industrie au niveau BTS/licence ;
  • Par l’augmentation de l’offre et de l’attractivité de l’alternance et de l’apprentissage ;
  • Par la mise en œuvre de dispositifs de formation de très courte durée à destination des dirigeants d’entreprises afin de les aider à appréhender les nouveaux développements technologiques.
Télécharger
<p><strong>Industrie du futur,<br />
prêts, partez !</strong></p>
Rapport
(106 pages)
Télécharger
Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne