Pour le président de la République, en ligne avec ses déclarations de campagne, le dialogue avec la Chine ne peut se tenir qu’au niveau européen.
Dans cette optique, la France a porté le projet d’un filtrage des investissements étrangers au niveau du Conseil européen ; des avancées sont attendues ce printemps.
La recherche de terrains de convergence, notamment économiques, semble avoir relégué pour l’instant la question des droits de l’Homme au second rang.
8 janvier 2018 - 10 janvier 2018
Déplacement d'Emmanuel Macron en République populaire de Chine
janvier 2018Trois points du programme du candidat concernent la Chine :
Néanmoins, dans son livre Révolution (24 novembre 2016, XO), Emmanuel Macron a écrit : “loin de devoir être toujours considérée comme un péril, la Chine peut, si l’on sait s’en donner les moyens, devenir une chance”.
Lors du Conseil européen des 22 et 23 juin 2017, la France a défendu un filtrage des investissements étrangers, dont un projet sera débattu au Conseil au printemps 2018.
De nouvelles mesures de défense commerciale sont également en cours de négociation.
Lors de son déplacement en Chine en janvier 2018, Emmanuel Macron a placé son approche sous le signe de l’Europe. Les reculs de l’administration américaine (mise en place de barrières commerciales, retrait de l’accord de Paris sur le climat par exemple) ont conduit les leaders français et chinois à chercher des terrains de convergence multilatérale.
Si la France a une action qui porte quant à la liberté de navigation en mer de Chine, elle semble en retrait face à ses voisins allemand et britannique sur le plan de la défense des droits de l’Homme en Chine.
La Chine est un partenaire incontournable sur la scène internationale (ONU, ordre international, climat), mais constitue également un concurrent (en raison de sa puissance commerciale ou de la hausse de ses investissements en Afrique) ou même un adversaire (au regard de son système politique et de son utilisation stratégique du droit international).
La Chine négocie davantage avec les Etats-Unis qu’avec l’Europe. Devant ces réalités, et au nom de “l’efficacité”, Emmanuel Macron a mis en sourdine des éléments de son discours tenu lors de la Conférence des ambassadeurs à l’été 2017 : “Nos échanges diplomatiques et économiques avec la Russie, la Turquie ou la Chine ne sauraient justifier qu’on recouvre d’un voile pudique la question des droits de l’Homme” (29 août 2017). L’engagement de la politique chinoise de la France dans le cadre européen a par contre une vigueur sans précédent. Et la coopération stratégique avec l’Inde est renforcée (voyage de février 2018).
La France doit pousser à la finalisation et à l’adoption des nouveaux instruments de défense commerciale, ainsi qu’au filtrage des investissements.
Elle doit promouvoir la mise en pratique d’une coopération efficace entre Européens dans ces domaines très sensibles pour amener la Chine à reconnaître que ses investissements et leviers financiers (en Europe et sur les “nouvelles routes de la soie”) ne peuvent ignorer les règles du droit international (transparence, marchés publics).
Il faudra également persuader la Chine que la crédibilité de l’engagement multilatéral qu’elle revendique nécessite une plus grande contribution à l’action humanitaire, notamment en faveur des réfugiés.
La France doit poursuivre les efforts de rééquilibrage des relations en Asie-Pacifique, tout en restant ouvert à de futures contributions chinoises à l’ordre global (climat, développement durable, soutien humanitaire).