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22/03/2017

[Vu d’ailleurs] Défense : un réinvestissement à l’échelle mondiale ?

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[Vu d’ailleurs] Défense : un réinvestissement à l’échelle mondiale ?
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Malgré l'importance des menaces qui pèsent aujourd'hui sur la France et l'instabilité du contexte géopolitique, le budget français consacré à la Défense a été considérablement réduit depuis cinquante ans : passant de 5,44 % du PIB en 1961, à 1,77 % en 2016 (pensions des victimes de guerre, d'invalidité et retraites des militaires incluses).

Lors de ses v?ux aux armées, le 6 janvier dernier, François Hollande a estimé que la part du budget consacré à la Défense devra aller ?vers 2 %? lors du prochain quinquennat. Dans un contexte international de montée des tensions et de réarmement, que proposent les candidats à l'élection présidentielle française en matière de sécurité nationale ? Réponse en deux points : le budget alloué à la Défense et le retour du service militaire obligatoire.

Un mouvement mondial de remilitarisation


Un mouvement de réarmement important s’observe à l’échelle mondiale : les dépenses militaires représentent environ 1 700 milliards de dollars et augmentent de 5 à 10 % par an.

L’Asie investit 100 milliards de plus que l’Europe dans sa défense, notamment la Chine qui a augmenté son effort de 132 % en dix ans.

En parallèle, le 27 février dernier, Donald Trump a proposé une “hausse historique” du budget militaire des Etats-Unis en 2018 : 54 milliards de dollars supplémentaires, soit un budget total d’environ 603 milliards de dollars pour le Pentagone. Cela représenterait une augmentation de 9 % des dépenses par rapport à 2017.

Par ailleurs, les pays membres de l’OTAN ont confirmé lors du sommet de Varsovie, en juillet 2016, l’objectif de consacrer 2 % du PIB en 2025 à la défense.

Un consensus des candidats sur la hausse du budget de la Défense


Dans le contexte de l’élection présidentielle française, l’accroissement de l’effort de défense fait l’objet d’un relatif consensus parmi les principaux candidats.

L’objectif de François Fillon est de porter le budget de la Défense, pensions comprises, à 1,9 % du PIB à la fin du quinquennat, l’objectif affiché étant d’atteindre les 2 % du PIB en 2025, soit à la fin de la prochaine loi de programmation militaire.

S’il est élu, Benoît Hamon présentera, à l’automne 2017, un projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité et la Défense, qui fixera des orientations claires pour l’ensemble du quinquennat. Il prévoit notamment qu’au terme de son mandat, 3 % du PIB soient consacrés aux dépenses de Défense et de sécurité intérieure.

Marine Le Pen souhaite une revalorisation immédiate du budget de la Défense et sanctuariser” ce budget à un minimum de 2 % du PIB, avec l'objectif de le porter à 3 % du PIB en 2022, soit 90 milliards d’euros supplémentaires sur l’ensemble de la mandature.

Emmanuel Macron déclare vouloir “Donner aux armées les moyens d’assurer la souveraineté stratégique de la France.” Pour cela, il propose de porter progressivement le budget de la défense à 2% du PIB en 2025, afin de “faire face au renforcement des effectifs post-attentats et pour moderniser nos équipements, mobilisés sur plusieurs fronts”.

Si Jean-Luc Mélenchon n’a pas annoncé de chiffres précis en matière de budget de la Défense, il avance néanmoins la proposition suivante : “rédiger un nouveau Livre blanc et adopter une nouvelle loi de programmation militaire ayant pour objectif la restauration pleine et entière de l'indépendance militaire”.

La question du rétablissement du service militaire obligatoire


Après la fin de la guerre froide et l'effondrement du bloc communiste en Europe de l'Est, la France a fait le choix d’une armée de métier, dès 1996, et plusieurs autres pays européens lui ont emboîté le pas ces dernières années, comme l'Allemagne en 2011.

A l’inverse, au sein du Conseil de l'Europe, l'Autriche, Chypre, Malte, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la Grèce, la Norvège, la Suisse et la Turquie, recourent toujours à la conscription. Par ailleurs, le 2 mars, la Suède a fait part de sa décision de rétablir la conscription, supprimée en 2010, en raison de la nécessité de répondre à l'évolution du contexte sécuritaire - face au réarmement de la Russie voisine.

Le retour du service militaire est plébiscité par les Français qui, selon un sondage, sont 74 % à souhaiter le rétablissement du service militaire obligatoire. Que proposent les candidats sur ce thème ?

François Fillon, se prononce contre un retour du service militaire mais en faveur d’un renforcement de la réserve opérationnelle en formant chaque année jusqu’à 10 000 femmes et hommes.

Benoît Hamon ne se prononce pas sur un éventuel retour de la conscription, mais il souhaite doubler les effectifs de la réserve opérationnelle ; en commençant par ceux de la réserve de la Gendarmerie nationale (mobilisée aujourd’hui dans l’opération Sentinelle). Il ambitionne de renforcer le lien entre l’armée et la Nation en faisant du service des armes un engagement citoyen volontaire.

Marine Le Pen souhaite rétablir le service militaire, d’une durée minimum obligatoire de trois mois, ajoutant vouloir étendre à la métropole le Service Militaire Adapté sur le modèle de celui en vigueur en Outre-mer.

Emmanuel Macron propose le retour du service militaire obligatoire. D'une durée d’un mois, ce service s'adresserait aux jeunes hommes et femmes qui l'effectueraient dans les trois ans suivants leur 18ème anniversaire. Le projet de loi instaurant ce service militaire obligatoire serait voté avant le fin de l'année 2017 et concernerait 600 000 jeunes par an.

Jean-Luc Mélenchon, propose la création d’un service citoyen obligatoire pour les femmes et les hommes, par conscription, avant 25 ans, proche du lieu de vie, en limitant le casernement aux fonctions qui l'exigent réellement. D'une durée totale de neuf mois, il comprendrait une formation militaire initiale incluant un droit à l'objection de conscience et serait rémunéré au SMIC.

Il propose également de créer une garde nationale, placée sous commandement civil et composée des jeunes en service citoyen obligatoire ayant choisi d'intégrer la réserve pour la protection de la sûreté et de l'intégrité de la Nation, ainsi que des unités existantes labellisées (réserve de sécurité nationale, de sécurité civile, citoyenne).

Par Marie-Alix Véran pour l'Institut Montaigne

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