AccueilÉducationInnovation française : nos incroyables talentsRapport Octobre 2021Innovation française : nos incroyables talents Éducation Régulation Technologies Action publiqueTéléchargerPARTAGERAuteurs Théophile Lenoir Contributeur - Désinformation et Numérique Théophile Lenoir est chercheur associé à l’Institut Montaigne. Il a développé pendant quatre ans (de 2017 à 2021) le programme de travail de l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Ses intérêts portent sur les technologies de la communication et les transformations de l’espace public. Il est notamment le co-auteur pour l’Institut Montaigne de la note Information Manipulations Around Covid-19 : France Under Attack (juillet 2020). Il a aussi travaillé avec la Visiting Fellow Alexandra Pavliuc, doctorante au Oxford Internet Institute et auteure de la note State-backed Information Manipulation : The French Node (février 2021), et a coordonné la rédaction de plusieurs rapports, dont Media Polarization "à la française" ? Comparing the French and American ecosystems (juin 2019). Théophile effectue un doctorat à l’Université de Leeds, sur les controverses autour des mesures de l’impact environnemental du numérique, pour mieux comprendre ce que recouvre la notion d’objectivité en politiques publiques. Il est diplômé de la London School of Economics et de la USC Annenberg School for Communication and Journalism, où il a suivi le double programme Global Media and Communications.Avant de rejoindre l’Institut Montaigne, Théophile a travaillé au sein de start-ups à l’intersection des médias et de la technologie (un outil d’analyse et une plateforme de contenus), à Londres et à Los Angeles. Gilles Babinet Ancien conseiller sur les questions numériques Gilles Babinet est un entrepreneur dans le numérique. Il a co-présidé plusieurs groupes de travail à l’Institut Montaigne, qui ont donné lieux aux rapports Internet : le péril jeune ? (avril 2020) et Big data et objets connectés : Faire de la France un champion de la révolution numérique (avril 2015). Il a également fait partie du groupe de travail Enseignement supérieur et numérique connectez-vous ! (juin 2017) et a présidé l’'étude Pour un New Deal numérique (février 2013).Gilles Babinet a créé de nombreuses sociétés dans des domaines aussi divers que le conseil (Absolut), le bâtiment (Escalade Industrie), la musique mobile (Musiwave) ou la co-création (Eyeka). Il a été le premier président du Conseil national du numérique entre avril 2011 et avril 2012. Il en est aujourd’hui le co-président. Il a également été nommé "Digital Champion" auprès de la Commission européenne en 2012. À ce titre, il a représenté la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux d’inclusion et d'éducation liés au numérique. Groupe de travail Co-présidentsGilles Babinet, conseiller sur les questions numériques, Institut MontaigneFrancis Hintermann, directeur monde, Accenture ResearchRapporteursJulien Chartier, haut fonctionnaire (rapporteur général)Bridget Fitzgerald, consultante (rapporteur)Groupe de travailLoan My Descourvières, directrice de l'incubateur startup et technologie, ValeoMatthieu Eyriès, directeur, Air Liquide Venture Capital (ALIAD)Diana Mangalagiu, PhD, professeur, Neoma Business School et université d'OxfordTristan-Pierre Maury, PhD, professeur d’économie, Edhec Business SchoolMariette Oudin, EMEA Business Incubation Leader, Schneider Electric VenturesLaurent Schmitt, président du fonds BOLD Business Opportunities for L’Oréal Development, L’OréalIsabelle Thizon-de-Gaulle, directeur des relations scientifiques & initiatives R&D pour l'Europe, SanofiFlorence Verzelen, directrice générale adjointe, Dassault SystèmesÉquipe de l’Institut MontaigneÉléonore Casanova, assistante chargée d’étudesBlanche Guinard, assistante chargée d’étudesThéophile Lenoir, responsable du programme NumériqueAnuchika Stanislaus, chargée d’affaires internationalesL’Institut Montaigne remercie particulièrement Diana Mangalagiu, PhD, professeur à la Neoma Business School et à l’université d'Oxford, Tristan-Pierre Maury, PhD, professeur d’économie à l’Edhec Business School, ainsi que l’équipe d’Accenture Research pour leur aide précieuse lors de la réalisation de l’analyse quantitative :Lucie Dussert, Research AnalystJulie Josquin, Data Platform & Visualization SpecialistDeeksha Patnaik, Research Associate ManagerPraveen Tanguturi, Global Artificial Intelligence Research LeadHélène Vuillamy, Research AnalystYuhui Xiong, Research Manager Personnes auditionnées Mohamed Abdesslam, directeur d'investissement, MAIF AvenirPatrick Aebischer, ancien président, École polytechnique fédérale de LausanneJoakim Appelquist, directeur général adjoint, VinnovaRodolphe Ardant, président-directeur général, SpendeskMarc Auberger, associé, Iris CapitalJean-Marc Bally, président, Aster CapitalElisabeth Bargès, Public Policy Senior Manager, GoogleTyson Barker, directeur Technologie et Affaires étrangères, German Council on Foreign RelationsAgnès Bazin, Chief Development Officer, DoctolibSuzanne Berger, professeur d'Institut, MITBruno Berthon, Senior Digital Transformation Fellow, Senior Advisor, INSEADLaurent Bertonnaud, directeur des Affaires publiques – France, BNP ParibasSébastien Beyet, co-fondateur et président-directeur général, AgicapAlain Bloch, directeur du Master Entrepreneurs, École Polytechnique-HEC ParisOlivier Bordelanne, Partner, DemeterCyril Bourgois, directeur digital du groupe, CasinoJan C. Breitinger, Dr, chef de projet et chef d'équipe, programme Shaping Sustainable Economies, Bertelsmann StiftungRoman Bruegger, directeur général, Swiss Edtech ColliderAndré Catana, responsable d'unité, Startup EPFLAnn Cathrin Riedel, responsable transformation digitale et innovation, Friedrich-Naumann-Stiftung für die FreiheitChris Caulkin, directeur Technologie pour la zone EMEA, General AtlanticEric Chaney, conseiller économique, Institut MontaigneXavier Chopard, directeur du Centre d’affaires Île-de-France Innovation, BNP ParibasSarah Cledy, Policy Analyst, GooglePhilippe Collombel, Co-Founder and General Partner, PartechEmmanuel Custodero, directeur scientifique, MichelinEnrico Deiaco, directeur de la Recherche, Swedish Entrepreneurship Forum (Entreprenörskapsforum)Johan Eklund, président-directeur général, Swedish Entrepreneurship Forum (Entreprenörskapsforum)Isabella de Feudis, directeur général, Swedish Private Equity & Venture Capital Association (SVCA)Paul-François Fournier, directeur exécutif à la direction de l'Innovation, BpifranceBenjamin Haddad, Managing Director Technology Innovation, Strategic Partnerships, AccentureDorothée Julliand, directrice WAI - We Are Innovation, BNP ParibasErkki Karo, professeur, TalTechGérald Karsenti, président, SAPPatrice Kefalas, directeur de l’Innovation et des Partenariats, MichelinMartin Kenney, professeur émérite, University of California, DavisJean-Philippe Lallement, directeur général, EPFL Innovation ParkMark Lazar, directeur de programmes, PUBLICBernard Le Masson, ancien directeur monde des activités conseil et stratégie secteur public, AccentureOlivier Letessier, vice-président Recherche et Développement, Air LiquideBernard Liautaud, Managing Partner, BaldertonCyril Magliano, président, SystemisDenis Mercier, directeur général adjoint, FivesSébastien Meunier, vice-président relations institutionnelles, ABB FranceJordi Montserrat, co-fondateur et directeur, Venturelab et Venture kickLaurent Monet, Senior Advisor en charge des sujets d’épargne, BNP ParibasJean-Luc Moullet, directeur général délégué à l'innovation, CNRSJulien-David Nitlech, associé, Iris CapitalOlivier Pailhes, co-fondateur, AircallMathias Pastor, au moment de l’audition, directeur, The FamilySophie Paturle-Guesnerot, Managing Partner, DemeterAntoine Petit, président-directeur général, CNRSChristian Raisson, co-fondateur, ManoManoDelphine Remy-Boutang, fondatrice et PDG de the bureau - JFD, présidente de Global Entrepreneurship Network Philippe Renaud, professeur, EPFLJean-François Ricci, Senior Advisor, EPFLChristian de Sainte Marie, directeur du Centre des études avancées, IBMJan Sandred, directeur de programme, VinnovaGuillaume Sauvage de Saint Marc, directeur de l'innovation, CiscoYonit Serkin, directeur général, MassChallengeRomaric Servajean-Hilst, enseignant-chercheur au département Stratégie, Kedge Business SchoolNicolas Sultan, directeur exécutif - Communications, Média et Technologie, France et Benelux, AccenturePeter Svensson, analyste, Growth AnalysisSten Tärnbro, analyste, Swedish Private Equity & Venture Capital Association (SVCA)Suat Topsu, président, ErganeoManuel Trajtenberg, Dr, professeur, directeur du Institute for National Security Studies (INSS), Tel Aviv UniversityOliver Väärtnõu, président-directeur général, CyberneticaFrancis Verillaud, conseiller spécial, Institut MontaigneStuart Wilkinson, directeur de l'équipe Knowledge Exchange and Impact, Oxford UniversityJohn Zysman, professeur émérite en sciences politiques, co-directeur de la Berkeley Roundtable on the International Economy, University of California, Berkeley Sommaire 1. Le départ différé de la France dans la course aux start-up 2. Comment fait-on émerger des start-up ? 3. Le capital humain, essentiel pour un écosystème innovant 4. Recommandations Télécharger Rapport (208 pages) Résumé (2 pages) En 2017, la France comptait 3 "licornes" - des jeunes entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros. Quatre ans plus tard, au 14 octobre 2021, elle en compte 19. Si ce nombre reste derrière le Royaume-Uni, qui en compte 31, la France est parvenue à se hisser au rang du deuxième écosystème de start-up d’Europe, à égalité avec l’Allemagne.Cette rapide évolution a été possible grâce à la mise en œuvre d’une stratégie par les pouvoirs publics pour orienter les moyens, surtout financiers, nécessaires à la croissance de nos start-up. Si leur financement est désormais bien mieux assuré, la pénurie de talents nécessaires à la croissance d’un écosystème innovant et compétitif demeure un vrai défi : manque de formation aux métiers de la nouvelle économie, faible diversité des profils et cloisonnement entre la recherche et l'entrepreneuriat réduisent la capacité d’innovation française dans un environnement international hautement concurrentiel. Véritable moteur de croissance, l’investissement dans le capital humain doit être la priorité des années à venir pour renforcer notre écosystème d’innovation, tout en poursuivant la mobilisation des capitaux.À travers une large collecte de données réalisée avec Accenture, s'étendant sur 10 pays, et s’appuyant sur plus de 50 auditions d’acteurs privés et d’experts français et internationaux, l’Institut Montaigne formule neuf recommandations pour permettre à la France de contribuer pleinement à l’innovation européenne. Le départ différé de la France dans la course aux start-up La France a initialement peiné à entrer dans la course à l’innovation en matière de soutien à la création de start-up. Les premières politiques publiques françaises de soutien financier et d’accompagnement des start-up naissent en 2010. Ainsi, entre 2010 et 2015, moins de 400 start-up françaises ont reçu un financement en phase d’amorçage, contre plus de 500 en Allemagne et presque 1000 au Royaume-Uni sur la même période.Au-delà de ce retard intra-européen, l’Europe elle-même accuse un retard important et persistant face aux États-Unis et à l’Asie. En 2020 encore, le montant total de levées de fonds en capital-risque atteignait en Europe 41 milliards de dollars, contre 74 milliards de dollars en Asie et 141 milliards de dollars aux États-Unis. Comment fait-on émerger des start-up ? Une impulsion des pouvoirs publicsAu cours de la décennie 2010, la France met en œuvre une stratégie de rattrapage pour accélérer l’innovation, et surtout sa dimension entrepreneuriale, à travers une mobilisation exceptionnelle de fonds publics.En 2012, la création de la Banque publique d’investissement (Bpifrance) rassemble divers fonds publics de soutien à la recherche et à l’investissement. Sous forme de subventions, d’investissements matériels ou immobiliers, ou de fonds propres, le soutien financier offert par Bpifrance permet d’en faire l’acteur central du financement et de l’accompagnement des start-up. Véritable fondement dans la construction d’un écosystème de financement de ces "jeunes pousses", l’ensemble des moyens d’intervention de Bpifrance a presque doublé en 7 ans, passant de de 17,3 milliards d’euros en 2013 a près de 30 milliards d’euros en 2020.Un an après la création de Bpifrance, en 2013, était lancé le label "French Tech" afin de structurer l'écosystème français de start-up et promouvoir ses entrepreneurs. La labellisation de hubs French Tech permet aux investisseurs potentiels, ainsi qu’aux pouvoirs publics, d’identifier les environnements favorables à la création et au développement des start-up françaises.Cette initiative de labellisation s'est accompagnée de dispositifs de financement publics, comme la Bourse French Tech ou le fonds French Tech Accélération. Le lancement, en 2019, des programmes French Tech Next 40 et French Tech 120, rassemblant chaque année les 40 et 120 scale-up (start-up en hyper croissance) les plus prometteuses, a permis de donner de la visibilité aux start-up avec le plus fort potentiel de croissance à l’international et de développer un réseau d’investisseurs, de clients et de partenaires.Cette structuration de l'écosystème a favorisé le développement d’initiatives d’agglomération locales, publiques et/ou privées. La France compte ainsi, en 2021, plus d’une centaine d’accélérateurs et incubateurs dont Station F, ouverte à Paris en 2017, plus grand incubateur du monde et vitrine de la French Tech, contre une trentaine seulement en 2012.Un environnement favorable pour les fonds privésL’engagement de ressources publiques a eu un effet de levier déterminant sur le développement du financement privé de l’innovation en France.Les subventions, co-financements et garanties publiques ont contribué à inciter les banques commerciales à davantage s’engager dans le financement de start-up innovantes, notamment en développant des pôles d'expertise dédiées au financement des start-up, ainsi que des accélérateurs.Le soutien financier public a également été déterminant pour le développement du capital-risque. Le Fonds national d’amorçage (FNA), fonds de fonds géré par Bpifrance, avec pour objectif d’investir dans des fonds privés d’amorçage, est aujourd’hui considéré comme un élément clef du développement du capital-risque en France. Il a permis d’investir dans 29 fonds privés de capital-risque, d’un montant moyen de 43,4 millions d’euros, qui ont plus soutenu 483 entreprises au total en 2019.L’impulsion des pouvoirs publics s’est aussi manifestée à travers des réformes de la fiscalité favorables aux start-up, destinées à rediriger l’épargne des Français vers l’investissement. Des mesures fiscales ambitieuses ont été prises pour inciter à rediriger l’épargne des Français, historiquement haute, vers l’investissement en actions et parts sociales d’entreprises : réduction du coût de l’investissement des entreprises dans l’innovation et transformation de l'impôt sur la fortune (ISF). Au total, de 2008 à 2018, le montant annuel des aides fiscales directement orientées vers l’innovation est passé de 4,1 milliards d’euros à 6,7 milliards d’euros.En 2020, les start-up françaises ont levé 5,4 milliards d’euros, un montant jamais atteint. Mais cette stratégie de financement ne peut pleinement porter ses fruits sans un investissement complémentaire dans le capital humain et la recherche. Le capital humain, essentiel pour un écosystème innovant Une faible diversification des profilsLa numérisation de l’économie se traduit tous les jours par de nouveaux besoins sur le marché du travail. Plusieurs métiers sont ainsi identifiés comme déterminants pour l’innovation : Content Manager, Customer Success Manager, Business Developer… Pourtant, un écart trop grand demeure entre ces besoins et les différentes formations de l’enseignement supérieur français correspondantes.La très grande majorité des fondateurs de licornes françaises sort d’une école de commerce ou d’une formation d’ingénieur généraliste, une variation notable par rapport à ses voisins et concurrents européens allemands et britanniques, dont la moitié des fondateurs de licornes ont suivi des formations en Computer Science. Les fondateurs de start-up allemands et britanniques affichent également des cursus académiques plus variés, avec des formations en sciences, en mathématiques ou en droit.Sur le plan de la parité, la représentation féminine dans le monde des start-up en France et en Europe est extrêmement faible : en 2020, 85 % des équipes de fondateurs de start-up européennes n’étaient composées que d’hommes, une tendance qui se confirme plus généralement dans le monde de la R&D en entreprise.Ce manque de diversité dans l'écosystème d’innovation français se retrouve également dans le nombre faible de profils internationaux. Seulement 16 % des fondateurs de start-up en France ont suivi des études à l’étranger, et seuls 3 % sont de nationalité étrangère. En entreprise, le taux de chercheurs de nationalité étrangère s’élève à 6 %, un résultat d’autant plus frappant que 39 % des jeunes chercheurs en doctorat en France sont de nationalité étrangère. La diversification du vivier de talents constitue un enjeu déterminant pour la performance et l’ouverture de l’écosystème français dans les années à venir.Porter étudiants et chercheurs vers le monde de l’entrepreneuriatLes mondes de l’enseignement, de la recherche et de l’entreprise sont encore trop cloisonnés en France. La culture de l’entrepreneuriat chez les étudiants français à l’université est encore trop peu développée. La création en 2014 d’une trentaine de Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l'entrepreneuriat (PEPITE) dans le but de rapprocher établissements supérieurs et acteurs économiques constitue en ce sens un pivot d’accès des étudiants au monde de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Mais l'efficacité des pôles PEPITE reste encore limitée du fait d'écarts de financements et de performances.Si davantage de chercheurs se dirigent vers le monde de l’entreprise, de nombreux secteurs restent délaissés. Quatre secteurs - activités scientifiques et techniques, activités informatiques et services d’information, l’industrie automobile et la construction aéronautique et spatiale - concentrent la moitié des talents, tandis que certaines filières d’enseignement comme les sciences sociales portent encore bien trop peu vers la recherche en entreprise et l’entrepreneuriat. Par ailleurs, la majorité des chercheurs intègrent des grandes structures et trop peu sont à l'origine de la création de nouvelles start-up.Décloisonner les mondes de la recherche et de l’entrepreneuriat, et inciter étudiants, chercheurs et professionnels à s’orienter vers les domaines de l’innovation doit notamment passer par un soutien de l’État. Un soutien étatique à l’innovation, tel que prévu avec les Programmes d’investissement d’avenir (PIA) ou le Fonds pour l’innovation industrielle (FII), à travers des appels à projets compétitifs, peut stimuler l’innovation de rupture et inciter les chercheurs à s’engager dans des projets entrepreneuriaux.Développer l’ancrage des start-up dans les universités nécessite également d’augmenter leur financement. Alors que la France ne consacre qu’environ 60 000 dollars en parité de pouvoir d’achat par étudiant, le Royaume-Uni et les États-Unis consacrent à chaque étudiant respectivement 70 000 et 80 000 dollars. Le niveau total de dépenses annuelles dans l’enseignement supérieur par étudiant place également l’Allemagne au-dessus de la France.Le retard français en matière d’investissement dans l’enseignement supérieur se retrouve en matière de recherche et développement et d’innovation. La France ne consacrait en 2017 que 2,2 % de son PIB à la recherche et développement, loin de l’objectif des 3 % défini en 2000 par la Stratégie de Lisbonne de l’Union européenne en faveur de l’économie de la connaissance, soit en dessous de la moyenne de l’OCDE (2,4 %), et loin derrière l’Allemagne ou les États-Unis. Dans la lignée de ce que l’Institut Montaigne recommandait dans son rapport Enseignement supérieur et recherche : il est temps d’agir ! (avril 2021), un effort financier substantiel au service de l’enseignement supérieur et de la recherche est une condition préalable de l’élargissement du vivier de start-up innovantes françaises. Recommandations 1 Poursuivre les efforts de financement de l’innovation Détails Recommandation n°1 : Créer un livret Innovation ("Livret-I") standardisé dans ses règles de fonctionnement, simple d’utilisation, distribué par tous les grands réseaux financiers et entièrement défiscalisé. Ce "Livret I" doit permettre d’accroître la mobilisation de fonds dans l’écosystème d’innovation français et européen, tout en familiarisant les épargnants individuels avec les opportunités de rendement de l’économie de demain.2 Investir dans le capital humain Détails Recommandation n°2 : Piloter un exercice annuel national de détermination des besoins de compétences à 10 ans et adapter en conséquence les formations de l’enseignement supérieur. Alors que les start-up à succès sont celles qui parviennent à attirer et à fidéliser des talents (scientifiques, techniciens, experts marketing, expérience utilisateur, product managers, etc.), il est indispensable d’identifier les compétences de demain et les formations qui permettront de les acquérir. Un exercice annuel pourrait être mené, de manière partenariale, afin d’alimenter les établissements d’enseignement supérieur dans la définition de leur offre de formation, en encourageant par ailleurs les cursus croisés et les enseignements en anglais à haut niveau.Recommandation n°3 : Doubler en deux ans le nombre de bénéficiaires annuels des French Tech Visa et French Tech Tremplin.Recommandation n°4 : Favoriser l’insertion des étudiants étrangers dans le monde de l’entrepreneuriat français.Recommandation n°5 : Porter bien plus massivement les étudiants des universités vers l’entrepreneuriat.Recommandation n°6 : Faire des pôles PEPITE les pivots du lancement des étudiants vers l’entrepreneuriat. Pour cela, adapter le fonctionnement des PEPITE et fixer un objectif de multiplication par six du nombre d’étudiants-entrepreneurs en quatre ans.3 Renforcer les liens entre la recherche et l’entrepreneuriat Détails Recommandation n°7 : Mettre en œuvre une politique ambitieuse de promotion et de facilitation de la création d’entreprises innovantes par les chercheurs des laboratoires publics. Plus généralement, encourager la mise en place d’une culture de diffusion de la recherche dans la société et l’économie, pleinement prise en compte dans l’évaluation des établissements de recherche par le HCERES et des chercheurs par le CNU.Recommandation n°8 : Développer une culture compétitive de la sélection de projets sur le modèle des comités de la DARPA américaine, en lien avec les opérateurs existants et sans création de nouvelles structures administratives.Recommandation n°9 : Pour permettre à la France d’élargir son vivier de start-up aux universités et à la recherche, mettre en œuvre un effort financier exceptionnel visant à atteindre 5 % du PIB consacré à l’enseignement supérieur et à la recherche d’ici 2030.Théophile LenoirGilles BabinetImprimerPARTAGERTélécharger Rapport (208 pages)Télécharger Résumé (2 pages)contenus associésDansles médias07/10/2021 L'université, l'angle mort du développement des start-up en France