Touché par la simultanéité soudaine des chocs d’offre et de demande, le PIB français s’est rétracté de 5,8 % au premier trimestre 2020, soit un recul plus important qu’après la crise financière de 2008 qui avait provoqué une baisse de 1,6 % au premier trimestre 2009. Si l’Insee n’a pas publié de prévision pour l’ensemble de l’année 2020, le gouvernement table pour la loi de finance rectificative sur une chute de 8 % du PIB, un déficit public de 7,6 % et une dette publique qui attendrait 115 % du PIB. Quant à elle, la Commission européenne annonce dans ses prévisions de croissance du 6 mai une récession de 7,7 % pour l’ensemble de la zone euro, 9,5 % pour l’Espagne, 9,4 % pour l’Italie, 8,2 % pour la France et 6,5 % pour l’Allemagne.
Une opinion publique rapidement critique et défiante envers le pouvoir ainsi que l’utilisation des technologies
Alors que le déconfinement s’apprête à intervenir dans de nombreux pays, l’exécutif français est jugé bien plus sévèrement que ses homologues européens. Début mai, seuls 24 % des Français se disent "satisfaits" du président de la République. Ce même chiffre est de 50 % en Allemagne pour Angela Merkel et 48 % pour le Premier ministre du Royaume - Uni, Boris Johnson malgré l’aggravation récente de la situation de son pays. En France, on observe un mouvement de défiance envers les institutions, visible dans le taux de confiance accordé au gouvernement (passant de 55 % le 23 mars à 35 % le 23 avril, avant de remonter à 39 % au 4 mai et de chuter à nouveau, le 7 mai, à 34 %). Cette relative déception est notamment à mettre en perspective avec l’excellente réputation du système de santé français dans l’opinion publique. Les mesures économiques sont globalement mieux acceptées par les citoyens que les mesures plus générales, dont le taux d’adhésion s’érode au fur et à mesure que dure le confinement.
Parmi les sujets de discorde figure par ailleurs celui de l’usage des technologies pour limiter l’épidémie du Covid-19. Contrairement aux questions plus matérielles des masques et de tests, le gouvernement s’est attaqué relativement tôt à la possibilité d’utiliser des instruments de traçage et de pistage. En période d’épidémie, le traçage fait partie de la panoplie de mesures préventives qu’ont mis rapidement en place - avec un succès parfois nuancé - des pays asiatiques comme Singapour avec l’application TraceTogether. La sortie de l’application française StopCovid est prévue à partir du 2 juin. Le développement de l’application a déclenché, en France comme ailleurs en Europe, un débat virulent sur l’utilisation des données. La solution retenue par la France est dite "centralisée", c’est-à-dire que les données anonymisées (les identifiants aléatoires donnés à chaque utilisateur de l’application) sont stockées dans un serveur unique, et non sur les téléphones des utilisateurs, comme c’est le cas des solutions "décentralisées", comme celle retenue par l’Allemagne ou encore celle proposée par Apple et Google.
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