Le NICE va désormais évaluer l’ensemble des nouveaux médicaments dans leur première indication et les nouvelles indications majeures. Le NICE avait été mis en place pour formuler des recommandations d’usage sur les produits susceptibles de poser des problèmes de financement. Il conduit une évaluation médico-économique : si le coût par QALY (Quality-Adjusted Life Year), indicateur économique qui mesure le gain en années de vie ajustée par la qualité, est trop élevé, le NICE émet une recommandation négative d’utilisation par le NHS qui est généralement suivie d’effet, les médecins britanniques étant directement sous contrat avec le NHS. La notion de "value-based pricing", c’est-à-dire un prix fixé selon la valeur que l’on accorde au produit, est particulièrement mise en avant.
Si l’approche médico-économique semble fondamentale au Royaume-Uni, elle n’est pas exempte de limites, puisqu’elle peut conduire à interdire l’accès à certains médicaments innovants, en cas d’incertitude trop importante sur leur efficacité ou d’un coût par QALY trop élevé.
Mécanismes innovants pour médicaments innovants : l’exemple italien
En Italie, l’AIFA (Agenzia Italiana del Farmaco) est chargée de la fixation du prix, après négociation avec les laboratoires, et la prise en charge est assurée par le SSN (Servizio Sanitario Nazionale) avec une gestion fortement décentralisée (le SSN est organisé sous la forme d’un réseau d’agences sanitaires locales, chacune pouvant définir ses modalités et son niveau de prise en charge). Les négociations de prix sont tenues sur la base du ratio coût-efficacité du produit, du bénéfice-risque, de l'impact financier prévisible, des volumes prévisionnels de vente, des prix et des consommations dans les autres pays européens. Les prix sont habituellement fixés pour deux ans. Si aucun accord sur le prix n'est pas trouvé, le médicament est reclassifié en non-remboursable. Comme en Allemagne, des références de prix existent, avec des mécanismes de plafonnement.
Pour contenir les prix des médicaments, l’Italie a également mis en place de nouveaux types d’accords où le prix peut être fixé de façon conditionnelle, à travers des contrats de performance. Il s’agit de contrats où les modalités de paiement sont fonction des mesures ultérieures de l’efficacité du médicament. On en compte quatre types :
- les contrats de cost sharing (négociation d’une remise pour tous les patients éligibles au traitement sur les premiers cycles de traitement),
- les contrats de risk sharing (négociation d’une remise pour les patients "non répondeurs" sur lesquels le traitement ne fonctionne pas après évaluation clinique),
- le payment by results (un remboursement total des traitements par le fabricant pour les patients "non répondeurs")
- le success fee (le traitement est payé à l’industriel pour les seuls patients sur lesquels le médicament a fonctionné, l’assurance maladie ne fait pas d’avance et ne paie que si le résultat est vérifié en vie réelle).
Ces types d’accords de prix innovants sont favorisés par l’utilisation de registres de données en vie réelle, quand ceux-ci sont bien tenus à jour. Une étude italienne de 2015 démontre la relative efficacité des trois premiers mécanismes : en 2012, sur un total de 3,7 milliards de dépenses de médicaments, les laboratoires ont reversé à l’assurance maladie italienne 121 millions d’euros notamment au titre des trois premiers types de contrats de performance. En 2015, selon l’Institut National du Cancer (INCa), ce montant était de l’ordre de 200 millions d’euros. Les contrats de type success fee semblent ainsi prometteurs dans l’objectif de contenir les dépenses.
Les contrats de performance à l’échelle locale : l’exemple suédois
En Suède, le Tandvårds-Läkemedelförmånsverket (TLV), autorité pharmaceutique et dentaire, est l’organisme décidant à la fois du prix du médicament et du taux de prise en charge. Les industriels émettent en premier lieu des propositions de prix, qui sont ensuite analysées par le TLV. Cela se fait en lien étroit avec le Sveriges Kommuner och Landsting(SKL), association des autorités locales, la Suède étant composée de 21 comtés, responsables avec les communes des politiques de santé.
Ajouter un commentaire