Aussi cette experte de la Chine à l’institut MERICS tout comme Andreas Rinke, commentateur averti de la politique étrangère de la chancelière, s`attendent, avec la prochaine coalition, à des changements dans l'attitude de Berlin.
Au sein de la CDU, Armin Laschet est perçu comme le continuateur d’Angela Merkel
Au sein de la CDU/CSU, deux courants coexistent. La Chine pose un défi systémique et stratégique, affirme Annegret Kramp-Karrenbauer. Pékin nourrit des plans ambitieux pour faire de son armée "la plus forte et la plus moderne du monde" et "imprimer sa marque sur l'ordre international et contraindre les plus faibles à adopter un comportement déterminé". Aussi, selon la ministre fédérale de la Défense, "nous, l’UE et l’Occident, ne devons pas être les plus faibles". Réfutant les critiques du SPD qui y a vu un "changement de paradigme" dans la relation avec la Chine, elle a défendu l'envoi d`une frégate en mer de Chine, afin de manifester l'importance que Berlin attache au respect de la liberté de circulation maritime et un soutien aux États démocratiques de la région. Président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen, prône également la fermeté à l`égard de Pékin, qu'il accuse de mettre en œuvre à l'égard de l'Allemagne une stratégie "subtile et souterraine de soft power", afin de promouvoir son influence et créer des dépendances, jugeant "naïve" l'attitude de l’actuelle coalition. Le député CDU plaide pour une attitude "réaliste", tout en rejetant des sanctions qu'il juge inefficaces, il est favorable à l’exclusion des marchés publics des entreprises étrangères "non fiables politiquement" (Huawei).
La CDU/CSU n'a pas encore présenté son programme électoral, mais son candidat, Armin Laschet, défend des positions proches de celles de la chancelière, ce qui lui vaut d'être considéré à Pékin comme le continuateur de sa politique chinoise. Dans un entretien accordé à la revue Internationale Politik, le président de la CDU se décrit comme un "Realpolitiker", soucieux de concilier "valeurs et intérêts", de faire en sorte que "les intérêts allemands et européens soient protégés". En politique extérieure, une "boussole morale claire est nécessaire", souligne le président de la CDU, mais la moralisation et les slogans ("feel-good moralisation and domestic slogans") ne font pas une politique étrangère ("nous devons prendre le monde tel qu'il est pour le rendre meilleur"). "Nous avons une relation ambivalente envers la Chine, explique Armin Laschet, d'un côté, nous devons la considérer comme un adversaire géostratégique [...] critiquer les violations des droits de l’Homme, commises par exemple contre sa population ouïgoure, ce que je fais régulièrement. Mais, dans le même temps, nous commerçons avec la Chine et nous avons des échanges scientifiques et universitaires très denses". Le port de Duisbourg, rappelle-t-il, est une plate-forme importante pour les "nouvelles routes de la soie" (BRI), le marché chinois est essentiel, en particulier pour les Länder où l'industrie automobile est fortement implantée (Basse-Saxe, Bavière, Bade-Wurtemberg).
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