Les 27 et 28 septembre se sont tenues les Assises de la psychiatrie et de la Santé mentale, annoncées par le président de la République en février 2021. Face à une filière psychiatrique en grande souffrance et à une hausse des troubles psychiques liée à la pandémie de Covid-19, ces Assises étaient très attendues par les acteurs de la psychiatrie comme par les patients. Angèle Malâtre-Lansac, directrice déléguée à la Santé, décrypte les annonces principales de ces Assises (prise en charge des psychologues, ouverture de postes, investissements hospitaliers) et revient sur les chantiers encore à ouvrir : la réforme de l’offre et la mise en place d’une gouvernance de long terme.
Des Assises attendues par un secteur en crise
Après une restitution d’une consultation réalisée en mai dernier sur les attentes des acteurs, se sont succédés pendant deux jours des intervenants (professionnels de santé, pouvoirs publics et associations) qui ont dressé à la fois un panorama large des difficultés rencontrées par les patients et les professionnels, et un état des lieux des sujets sur la table dans le champ sanitaire essentiellement - les enjeux autour du médico-social ayant été assez peu abordés lors de ces Assises.
Cet événement très attendu et unique en son genre a été clôturé par le président de la République qui est revenu sur le sous-investissement dont souffre la psychiatrie depuis plusieurs années. Ce dernier a annoncé quelques mesures fortes. Il a affirmé son souhait d’agir autour de trois priorités : le triptyque "considération, information, prévention" ; l’offre et la recherche. Trois priorités partagées par l’Institut Montaigne dans ses travaux.
L’ensemble des mesures annoncées (dont une partie reprend des mesures déjà sur la table comme celles du Ségur) représenterait un montant d’1,9 milliards d’euros pour les cinq prochaines années. Pour rappel, chaque année, la psychiatrie coûte 23 milliards d’euros à l’Assurance maladie.
Parmi les mesures fortes, on retiendra notamment :
- un déploiement du programme des Premiers secours en santé mentale, créés en Australie il y a dix ans et qui, à l’instar des formations en premiers secours somatiques, s’adressent à un public large. Ils visent à permettre de reconnaître les premiers signes de troubles mentaux, à savoir comment se comporter de façon adaptée et vers qui orienter une personne en souffrance ;
- la prise en charge tant attendue des séances chez les psychologues libéraux pour l’ensemble de la population de plus de 3 ans après adressage par un médecin ;
- la mise en place du numéro 3114 pour la prévention du suicide ;
- l’augmentation de 800 ETP sur 3 ans pour les centres médico-psychologiques (400 pour les CMP adultes, 400 pour les CMP infanto-juvéniles) ;
- 80 millions d’euros pour la recherche en psychiatrie.
À cela s’ajoutent 12 postes d’enseignants chercheurs d’ici à 2025, 20 équipes mobiles en EHPAD, ou encore l’augmentation du nombre d’infirmières en pratiques avancées (IPA) en psychiatrie.
La question des droits des patients, sur laquelle les associations présentes sont largement revenues, n’a pas fait l’objet de mesures. Espérons que le Sommet mondial de la santé mentale qui sera hébergé cette année en France (les 5 et 6 octobre prochains) permettra de revenir sur ce thème essentiel.
S’inspirer des meilleures pratiques internationales
Depuis plus de 20 ans, de nombreux pays de l’OCDE ont engagé des moyens forts et ont déployé des programmes ambitieux pour revoir l’offre de soins en psychiatrie. Le constat de départ est que seules 50 % des personnes en souffrance psychique accèdent à des soins et que la coupure entre somatique, psychique et médico-social entraîne des pertes de chance et des errances insupportables pour les patients.
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