L’intégration de la santé mentale dans la médecine de premiers recours est portée par de nombreux acteurs comme l’organisation mondiale de la santé ou l’OCDE. Ce sujet est pourtant mal connu et peu traité en France, alors même que la littérature internationale montre que cette approche intégrée représente l’une des pistes les plus prometteuses. Elle permet des soins de meilleure qualité pour les patients présentant des troubles psychiques légers à modérés, augmente l’accès aux soins et permet de lutter contre la stigmatisation en faisant des maladies psychiatriques des maladies comme les autres.
Les exemples étrangers nous montrent la voie et nous pouvons apprendre des réussites comme des difficultés des autres pays :
La Nouvelle-Zélande : un investissement fort sur la médecine de premiers recours et la coordination des acteurs.
La Nouvelle-Zélande a structuré sa médecine de premiers recours depuis une vingtaine d'années en faisant de la prise en charge de la santé mentale une priorité. Des ressources ont été déployées afin de permettre aux médecins généralistes de mieux se former et de recruter des infirmiers dédiés. De nouveaux métiers se sont créés pour assurer la coordination des parcours et faciliter la prise en charge de la santé mentale. L’accès aux psychothérapies a été facilité pour les patients ainsi que la mise en lien avec les services sociaux.
Les Pays-Bas : une approche collaborative et graduée.
Les Pays-Bas ont adopté un modèle de soins gradués pour la santé mentale, dans lequel les problèmes légers à modérés sont traités dans le cadre des soins primaires. Le métier de professionnel de santé mentale en médecine générale a été créé en 2007 pour faciliter le travail des généralistes. Des lignes directrices et des contenus pédagogiques ont été diffusés pour faciliter le diagnostic, le traitement et l'orientation des patients souffrant de problèmes de santé mentale.
Le Royaume-Uni : indicateurs de qualité et accès aux soins.
La santé mentale a été intégrée très tôt dans les services de médecine générale du NHS. Le NICE a introduit une rémunération à la qualité pour la médecine de premiers recours dans laquelle plusieurs indicateurs de santé mentale sont intégrés. En 2010, un programme a été lancé pour accroître l'accès de la population aux psychothérapies (IAPT) pour les troubles mentaux les plus communs, ce qui a permis de suivre de manière cohérente les progrès et les résultats des patients à l'aide d'échelles validées.
L’Australie : une attention particulière portée à la santé mentale des jeunes.
L’Australie a depuis longtemps investi des ressources sur la santé mentale des jeunes et des enfants. 14 % d’entre eux souffriraient chaque année de troubles mentaux. L’initiative Better Access de 2006 a eu pour objectif de former les médecins généralistes et les pédiatres à la prise en charge de la santé mentale et de les inciter à travailler en collaboration avec des psychologues, des psychiatres, des travailleurs sociaux et des ergothérapeutes. Pour les jeunes de 12 à 25 ans, le programme Headspace propose depuis 2010 des services de santé physique et mentale de grande qualité regroupés dans plus de 100 centres à travers l'Australie.