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Rapport
Mars 2016

Le numérique
pour réussir dès l'école primaire

<p>Le numérique<br /><strong>pour réussir dès l'école primaire</strong></p>
Auteurs
Henri de Castries
Président de l'Institut Montaigne

Henri de Castries est président de l’Institut Montaigne depuis 2015. Il a notamment co-présidé le groupe de travail sur la place de la voiture demain (2017) et présidé le groupe de travail sur le numérique à l’école primaire (2016).

Henri de Castries est vice-président du conseil d’administration de Nestlé S.A. et administrateur indépendant senior de Stellantis N.V. Il est également Senior Advisor du fonds d’investissement américain General Atlantic, dont il préside les activités européennes. Il est l’ancien président-directeur général d’AXA.

Il a commencé sa carrière à l’Inspection générale des finances, où il a effectué des missions d'audit de différentes administrations françaises, avant de rejoindre la Direction du Trésor. En 1986, il a participé à la mise en œuvre du programme de privatisation de plusieurs entreprises, avant de prendre la responsabilité du marché des changes et de la balance des paiements.

Il est également administrateur de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP) et ancien président du groupe Bilderberg. 

Henri de Castries est diplômé d’HEC, titulaire d’une licence de droit et ancien élève de l’ENA.

Tout savoir sur le groupe de travail qui a produit ce rapport

Président
Henri de Castries, Président de l’Institut Montaigne et Président-directeur général d’AXA
 
Nicolas Harlé, senior partner au BCG, rapporteur de ce travail
Guillaume Combastet, Project Leader, BCG
Vincent Durand, Senior Associate, BCG
Deborah Elalouf-Lewiner, présidente de TRALALERE (créateur de ressources numériques éducatives),
Christophe Gomes, directeur-adjoint d’Agir pour l’École
Ahmed Guenaoui, Haut fonctionnaire
Arthur Muller, co-fondateur, Liegey Muller Pons (start up stratégie électorale), ancien adjoint au chef du département recherche développement, innovation, expérimentation, DGESCO.

En France, une personne sur cinq ne maîtrise pas les savoirs fondamentaux, c’est un constat d’échec pour notre pays qui ne parvient pas à sortir de cette spirale négative.

Depuis 2000, les résultats des enquêtes PISA sont sans appel : notre pays ne parvient pas à enrayer la dégradation des performances de son école, pas plus qu’il ne parvient à corriger les travers d’un système de plus en plus inégalitaire. Ces deux constats sont terribles pour la France, qui échoue à proposer un horizon à toute une partie de sa jeunesse, condamnant de très jeunes élèves, dès le « Cours Préparatoire », à un parcours scolaire en forme d’impasse.

 

20 % d’une classe d’âge ne maîtrise pas les savoirs fondamentaux

Quel diagnostic poser ?

Alors que nous échouons à porter remède aux défaillances de notre système scolaire, les avancées de la révolution numériquese diffusent rapidement, largement et profondément. Et si ces évolutions portaient en elles une partie de la solution ? Comment faire du numérique un levier pour la réussite scolaire ? Comment la France peut-elle se saisir des opportunités d’apprentissage inédites offertes par le numérique ?

Pourquoi agir dès l’école primaire ?

1€ consacré à un enfant naissant permet d’économiser jusqu’à 8€ plus tard, dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la sécurité, de la justice ou des services sociaux

Le primaire est à la source des difficultés qui affectent le système éducatif français. Pourtant, la recherche montre que 95 % des enfants peuvent réussir, lorsque des méthodes d’enseignement appropriées sont déployées très tôt. Les travaux menés par l’économiste James Heckman, prix Nobel d'Économie en 2000, ont prouvé que toute ambition pour l’égalité des chances impose d’agir le plus tôt possible.

Notre conviction au terme de plusieurs mois de travail : le primaire doit être la priorité absolue du numérique éducatif.

Les très nombreux plans, qui se sont succédés depuis les années 1980, ont permis une large diffusion des outils et de l’équipement mais ce n’est que par une révolution des usages (formation des enseignants, ressources, pratiques pédagogiques) que le numériqueportera remède aux grandes défaillances de notre système éducatif. L'introduction du numérique à l'école primaire – conçu comme un outil capable de consolider les savoirs fondamentaux – permettra de lutter plus efficacement contre l’échec scolaire

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Pourquoi le numérique sera un atout pour la réussite des élèves… et à quelles conditions

Notre rapport démontre que le numérique peut répondre aux défis qui se posent au système scolaire, car il permet :

• d’individualiser l’enseignement en fonction des progrès comme des difficultés de chaque élève ;
• d’utiliser les données recueillies pour améliorer les performances du système éducatif (détection précoce des difficultés, pilotage fin grâce à l’évaluation continue, etc.) ;
• defavoriser l’autonomie et la créativité des élèves.

 

Le numérique n’est pas automatique et on ne règlera pas tout "à coups de tablettes magiques".

La technologie peut permettre d’optimiser un enseignement d’excellente qualité, mais elle ne pourra jamais pallier un enseignement de piètre qualité.” source

Afin que le numérique pallie les défaillances de notre système éducatif, l’accompagnement des enseignants et l’aide à la conduite du changement des pratiques sont essentiels. Alors que le comité de suivi de la loi de refondation de l’école formule de vives critiques autour de« l'aspect usine à gaz des Espé », il est fondamental d’investir massivement sur la formation – initiale et continue – des enseignants.

Dans cette formation renouvelée, l’accent doit être mis sur l’appropriation des outils et usages numériques, la sensibilisation à la méthodologie d'expérimentation, l’intégration des avancées des sciences cognitives ainsi que l’aide au diagnostic des difficultés.

Trop souvent encore, la révolution numérique en marche est perçue comme une menace par les responsables politiques, les enseignants ou les parents. Ces craintes sont justifiées car l’adoption du numérique sans changement des pratiques pédagogiques n’a jamais produit d’effet. Elle n’est efficace que si les enseignants sont formés aux usages et pas seulement aux outils. C’est le modèle adopté par les pays qui allient bons résultats et fortes pratiques numériques, comme la Norvège ou l'Australie. Dans ces deux pays, le numérique est pleinement intégré à l'enseignement et son adoption en classe s’est accompagnée de nouvelles pratiques pédagogiques : le travail en petits groupes, l’apprentissage par projets et personnalisation de l’enseignement.

Quelles questions se poser avant d'agir ?

Pour élaborer ce travail, nous avons observé des bonnes pratiques, des expériences intéressantes et rencontré des enseignants engagés. De nombreuses « pépites » existent déjà, l’enjeu désormais est de mettre en cohérence les différentes initiatives, de favoriser la diffusion de celles qui ont démontré leur efficacité suite à une évaluation rigoureuse et d’engager l’ensemble des parties prenantes (enseignants, parents, élus locaux, ministère, chercheurs, etc.)

Le numérique éducatif fait intervenir de nombreux acteurs locaux, conscients des enjeux et de l’impact d’un usage du numérique ciblé et adapté aux situations d’enseignement, ils peuvent parfois se retrouver démunis face à l’ampleur de la tâche. Les exemples d’échecs, d’investissements mal alloués, de mauvais choix et de manque de coordination sont pléthoriques.
 

Vous êtes un parent, un enseignant ou un maire.
Toutes les questions à se poser pour comprendre comment le numérique peut favoriser la réussite des élèves.

Quelles priorités définir ?

L'utilisation du numérique dans le système éducatif est aujourd'hui l'objet de nombreuses annonces et initiatives :

  • en mai 2015, à l’issue d’une concertation nationale, le Président de la République a annoncé les grandes lignes du Plan numérique pour l’éducation ;
  • le Recteur Jean-Marc Monteil s'est vu confier, en mars 2015, une « mission de définition et d'impulsion de la nouvelle politique numérique de l'Éducation nationale » par le Premier ministre. En juillet 2015, l’appel à projet « e-fran », soutenu par le Programme d’investissements d’avenir à hauteur de 30 millions d’euros, a été annoncé. Concernant le primaire et le secondaire, il a pour ambition de développer des initiatives de terrain, validées scientifiquement, qui font du numérique un levier pour la réussite scolaire ;
  • Canopé et le réseau Villes internet ont publié, en février 2016, un guide pour développer le numérique à l’école.

 

Parmi cette multitude d’actions, comment se lancer ? Par quoi commencer ? Et surtout, comment faire les bons choix ?

 

Nos travaux, par les analyses effectuées, la revue de la littérature scientifique, les auditions d’experts et les ateliers collaboratifs que nous avons menés, nous ont permis de forger des convictions fortes sur le numérique à l’école primaire. Ce sont les fondations sur lesquelles pourrait s’édifier un système éducatif français où le numérique favorise la lutte contre l’échec scolaire.
 
Pour y parvenir, les projets numériques pour l’éducation devront engager l’ensemble des parties prenantes (enseignants, élus locaux, parents, ministère de l’Éducation nationale, Recteurs, etc.) et être sous-tendus par une vision partagée et une stratégie rigoureusement définie. Ce rapport avance des propositions concrètes pour satisfaire à ces exigences et mettre le numérique au service de la réussite scolaire et de l’égalité des chances.

Nos propositions concrètes pour une utilisation du numérique au service de la réussite dès l’école primaire

1
Encourager la production de techniques pédagogiques, ressources et dispositifs conformes aux standards de recherche internationaux, les évaluer et favoriser leur diffusion.
Détails

Promouvoir la création d’une « Fondation pour l’Éducation », à la gouvernance collégiale, pilotée par des chercheurs. Cette fondation pour la recherche, à but non lucratif, sera en charge de l’expérimentation et de la diffusion de bonnes pratiques pédagogiques labellisées.

2
Se fixer comme objectif de diviser le taux d’échec scolaire par deux
Détails

Combiner l’utilisation d’un support numérique et d’applications adaptées pour généraliser une approche pédagogique structurée, systématique et explicite, validée par une recherche conforme aux standards internationaux et suivie par une évaluation définie au préalable.

3
Augmenter le temps d'apprentissage en utilisant également le temps hors école
Détails

Transformer une partie du temps passé à la maison devant les écrans en temps de consolidation des savoirs, via des applications ludo-éducatives élaborées par des chercheurs et recommandées aux parents par les enseignants.

4
Repenser la formation des jeunes enseignants et la formation continue
Détails

Former les enseignants au numérique, comme outil et savoir, aux sciences cognitives et à la méthodologie d'expérimentation.

5
Donner aux enseignants les moyens de mesurer les progrès et d’établir des diagnostics précoces des difficultés individuelles de leurs élèves
Détails

Fournir aux enseignants des outils de suivi de performance et des méthodes de remédiation.

6
Inciter les enseignants à innover et à développer leur créativité en facilitant leur ouverture à la recherche et au monde de l’entreprise
Détails
  • Sécuriser les enseignants sur leurs productions innovantes et leur permettre plus facilement d'exercer une activité secondaire (favoriser le statut d’auto-entrepreneur).
  • Favoriser l’organisation de stages en entreprises ou en laboratoires de recherche 
7
Promouvoir l’apprentissage d’un nouveau savoir fondamental
Détails

Évaluer tous les trois ans, avec l'ensemble des acteurs concernés, le corpus de savoirs fondamentaux et l'équilibre avec les nouveaux savoirs enseignés (l'apprentissage du code, de la culture informatique et de l'écriture sur clavier).

8
Informer les maires pour investir judicieusement
Détails

Distribuer aux maires une charte de bonnes pratiques pour une gestion communale efficace du numérique éducatif

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