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23/03/2011

Sciences de la vie : la France inexistante dans le classement 2011 du "The Scientist"

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Sciences de la vie : la France inexistante dans le classement 2011 du
 Maylis Brandou
Auteur
Directrice adjointe



Début mars, The Scientist, le très sérieux magazine scientifique américain spécialisé dans les sciences de la vie, publiait le classement "Best places to work : postdocs" 2011 des établissements accueillant le plus de post-doctorants en sciences de la vie.

Verdict ? La France est encore absente du top 10 international, même lorsqu’on en retire les institutions non-américaines !

Bien que portant essentiellement sur des établissements américains, cette étude présente également le classement des établissements non-américains offrant les meilleures conditions d'emploi aux chercheurs post-doctorants(1) dans le domaine des sciences de la vie. Les établissements ont été classés selon 38 critères couvrant neuf domaines : qualité de la formation et du monitorat, opportunités de développement de carrières et élaboration du réseau, qualité de la communication, valeur de l'expérience post-doctorale, commodités et infrastructures, financement, équité, rémunérations et avantages sociaux, famille et vie personnelle(2).

L’Institut Whitehead pour la recherché biomédicale (Cambridge, Massachusetts) arrive en première position du classement américain. Il accueille 127 post-docs dont la rémunération varie entre 49 100 dollars et 52 300 dollars par an (entre 35 266 euros et 37 563 euros). Par comparaison, en France, à niveau de formation égale, un chargé de recherche au CNRS touchera à ses débuts entre 25 848 euros et 32 112 euros, un maître de conférence au 1er échelon en début de carrière gagne 25 230 euros, un professeur des Universités, 2e classe, 1er échelon, 36 560 euros…

C’est l’University College of London (UCL) au Royaume-Uni qui occupe la première place du classement non-américain. Elle accueille 665 post-doctorants, leur salaire annuel est compris entre 31 800 livres et 41 700 livres (entre 36 937 et 48 436 euros). Les instituts de recherche biomédicale Novartis, qui comptent 65 post-doctorants répartis entre la Suisse, le Royaume-Uni et la Chine, se classent deuxième. L’Allemagne classe trois de ses centres et instituts de recherche dans ce top 10, le Royaume-Uni classe deux autres de ses centres, et les Pays-Bas, l’Australie et le Portugal classent également chacun un centre.

Dans son étude Gone for Good ? Partis pour de bon ? Les expatriés de l’enseignement supérieur français aux Etats-Unis (novembre 2010), l’Institut Montaigne s’est intéressé à l’expatriation des post-doctorants formés en France. Environ un tiers des 10 000 docteurs (toutes disciplines confondues) formés en France chaque année poursuit une formation en post-doctorat. Or la principale discipline concernée est justement celle des sciences de la vie. La proportion des docteurs formés en France effectuant leur post-doctorat à l’étranger représente 50 à 55 % de la totalité des effectifs entre 2004 et 2007. Parmi ces jeunes chercheurs, environ 30% partent aux Etats-Unis. Selon une enquête réalisée en 2005 par la Mission scientifique et technologique de l’ambassade de France aux Etats-Unis(3) auprès de jeunes chercheurs français ayant effectué une formation post-doctorale en Amérique du Nord, environ 20 % d’entre eux ne sont pas rentrés en France : 17.5 % ont trouvé un emploi aux Etats-Unis, 3 % au Canada, une proportion stable sur les quinze années de l’enquête.

A plus grande échelle, celle des chercheurs en général, une étude menée en 2007 portant sur les économistes et les biologistes montre en effet que 40 % des chercheurs les plus performants dans ces deux disciplines sont expatriés aux États-Unis. Ces chiffres inquiétants s’inscrivent dans un contexte plus global de baisse de la performance scientifique française. Le récent ouvrage du professeur Philippe Even intitulé La recherche biomédicale en danger ! n’est qu’une illustration de plus de cette tendance.

De nombreux atouts rendent les universités américaines plus attractives aux yeux de ces expatriés : la place fondamentale de la recherche dans la société, la reconnaissance du travail des chercheurs et leur niveau de rémunération, l’excellence de l’environnement de travail... Afin de construire un environnement aussi favorable, l’Institut Montaigne a formulé des propositions pour renforcer la compétitivité et l’attractivité de l’enseignement supérieur français tout en entretenant la dynamique de réforme de nos universités.

(1) Le "post-doc" permet d’approfondir un domaine d’expertise et d’accroître son niveau de qualification.
(2) Voir dépêche AEF n°146530, 08/03/11.
(3) La majorité des répondants étaient issus de la discipline "sciences du vivant".


- Classement Best places to work par The scientist

- Avoir des leaders dans la compétition universitaire mondiale (Institut Montaigne, octobre 2006)

- Gone for Good ? Partis pour de bon ? Les expatriés de l’enseignement supérieur français aux Etats-Unis (Institut Montaigne, novembre 2010)

- Toutes les propositions de l'Institut Montaigne pour l'enseignement supérieur et la recherche

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