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19/02/2019

Baromètre des Territoires 2019 / Bourgogne-Franche-Comté

Cadre de vie agréable mais profond pessimisme pour l’avenir

Baromètre des Territoires 2019 / Bourgogne-Franche-Comté
 Institut Montaigne
Institut Montaigne

Parmi les 10.010 personnes qui ont répondu à l’enquête du Baromètre des Territoires, 800 sont Bourguignons-Francs-Comtois. Ces 800 personnes constituent un échantillon représentatif de la population de la région Bourgogne-Franche-Comté constitué à partir de quotas sur les variables de genre, d’âge, de catégorie socio-professionnelle et de taille d’agglomération.

Note de lecture : le chiffre entre parenthèse indique le décalage de la région par rapport à la moyenne nationale. Par exemple 55% (-4) considèrent vivre dans un endroit qui va bien signifie que 55% des habitants de la région Bourgogne-Franche-Comté considèrent vivre dans un endroit qui va bien et que ce chiffre est inférieur de 4 points par rapport à la moyenne nationale qui est de 59%.

Des Bourguignons-Francs-Comtois heureux dans leur sphère privée et leur cadre de vie

  • 74% (+1 par rapport à la moyenne nationale) se disent heureux, et 67% (=) sont satisfaits de l’équilibre de leur temps de vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle. 
     
  • 67% (+1) affirment qu’il fait bon vivre dans leur quartier, dans leur commune
    • Ce "bon vivre" se traduit par le récit d’un climat serein : 71% (+4) se sentent en sécurité là où ils vivent, 55% font confiance aux gens qui vivent autour d’eux (+4, 2ème score le plus élevé parmi les 12 régions), et 35% évoquent (+2) les liens d’entraide et de fraternité qui se tissent.
    • Les paysages 62% (+12) sont la première qualité de la Bourgogne-Franche-Comté, devant ses habitants 32% (+3) et sa situation écologique 31% (+8). 62% (+8) considèrent que c’est un endroit relativement épargné par les pollutions.
    • Histoire et gastronomie de la région sont, beaucoup plus qu’ailleurs, des éléments de l’identité du territoire, et des qualités dont ses habitants sont fiers (respectivement 24%, +5 et 22%, +11, 1ère région).

La crainte du déclin

  • Heureux dans leur sphère privée et dans leur cadre de vie, les Bourguignons-Francs-Comtois se distinguent par leur pessimisme le plus élevé de toutes les régions métropolitaines (ex æquo avec les habitants du Centre-Val de Loire) : 44% (+5) se déclarent plus pessimistes pour l’avenir de l’endroit où ils vivent, 52% (+8) pour l’avenir de leur région, et 72% (+2) pour l’avenir de la société française. 52% (=) considèrent que leurs parents vivaient mieux quand ils avaient leur âge et 44% (-1) que leurs enfants vivront moins bien qu’eux.
     
  • Ils sont moins nombreux que dans la plupart des régions à considérer qu’ils vivent dans un endroit qui va bien : 55% (-4). 53% (+9) ont l’impression que lorsque les commerces de proximité ferment, ils ne trouvent pas facilement un nouveau propriétaire, 51% (+7) estiment qu’il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui se créent là où ils vivent. Dans ces conditions, 57% (+3) considèrent qu’il est de plus en plus difficile de trouver un emploi.
     
  • Seulement 38% (-13, avant-dernière région) d’entre eux considèrent que le lieu où ils habitent attirent de nouveaux habitants, et c’est la région, ex æquo avec le Centre-Val de Loire, où il y a le plus de personnes qui estiment que les jeunes doivent s’éloigner de chez eux pour réussir leur vie professionnelle (70%, +9).

Comme partout en France, le pouvoir d’achat sous pression

  • 47% (-1) bouclent leur fin de mois en se restreignant. 39% (+2) ont été à découvert tous les mois ou à plusieurs reprises dans l’année. 48 % (-2) ont retardé ou renoncé au cours des derniers mois à des soins de santé par manque de moyens financiers.
     
  • Lors de leurs courses alimentaires, 56% (-2) font attention aux prix mais sans trop se restreindre. 33% (+1) cherchent presque systématiquement les prix les plus bas. Mais s’agissant des vêtements, chaussures et de l’équipement de la maison, ils sont respectivement 50% (=) et 49% (-1) à chercher presque systématiquement les prix les plus bas.

Un accès difficile aux services du quotidien 

  • Les habitants de Bourgogne-Franche-Comté ressentent plus fortement que dans les autres régions le retrait de l’Etat, à travers la disparition des services publics.  
    • 49% (+12) estiment que les services publics disparaissent près de chez eux.
    • 49% (+11) jugent que l’endroit où ils vivent n’est pas bien desservi par les transports en commun (1er défaut de la région, 52%, +8, devant ses commerces 40%, +8 et son économie 38%, +5).
    • A peine plus de 2 sur 5 (42%) jugent avoir un accès facile et rapide à des services fondamentaux : formation, culture, divertissement, soins, déplacement, information, courses alimentaires et démarches administratives. Le décalage est très fort notamment sur l’accès aux soins (35%, -15). 
    • A peine plus d’un sur deux estiment que l’accès Internet y est de bonne qualité (52%, -6).

Sentiment d’injustice sociale et doute sur l’efficacité des acteurs locaux

  • 82% (+4) des habitants de Bourgogne-Franche-Comté jugent que l’on vit dans une société injuste. Les trois principaux sujets qui les indignent sont les écarts entre les hauts et les bas salaires (37%, =), les inégalités sociales (29%, =) et les incivilités (25%, -2). Malgré la fragilité du territoire en matière de services publics, les inégalités territoriales sont loin derrière, et avec à peine plus d’intensité qu’en moyenne (8%, +2).
     
  • Difficultés du quotidien et sentiment d’injustice remettent en cause le consentement à l’impôt. 53% (-3) seulement des Bourguignons-Francs-Comtois trouvent qu’il est utile de payer des impôts et des taxes. 67 % (+2) ont le sentiment qu’ils contribuent plus au système qu’ils n’en bénéficient. Les Bourguignons-Francs-Comtois seraient prêts à payer plus d’impôts en priorité pour réduire la pauvreté (37%, +1), pour avoir un meilleur système de santé (35%, +4) et pour réduire les pollutions (22%, -1).
     
  • Si la confiance envers les acteurs institutionnels y est très proche du niveau national, la capacité des acteurs de proximité à changer les choses y est en revanche encore plus faible, confirmant ainsi la crainte du déclin : moins d’un habitant de la région sur deux 49% (-3) considère que son maire a le pouvoir de faire évoluer le monde dans lequel on vit, 41 % (-2) son président de département, 41 % (-3) son président de région.
     
  • Et la défiance est forte vis-à-vis de l’Union européenne, notamment en matière économique : 17% (-3) considèrent qu’elle favorise la prospérité économique de la région, et 13 % (-4) qu’elle participe au développement du lieu où on habite.

La région et ses mobilités 

  • La région est marquée par des disparités territoriales entre l’Est proche de la Suisse très attractif en termes d’emploi, le maillage urbain multipolaire et resserré autour des villes de Dijon et Besançon, et l’Ouest de la région avec des zones moins denses et peu dynamiques.
     
  • Dans ce contexte territorial hétérogène et au regard de la typologie des quatre grands types de trajectoires sociales et territoriales mis en lumière par le Baromètre des Territoires, la région Bourgogne-Franche-Comté présente un profil de mobilités et de rapports au territoire comparable à celui de l’espace national : 
    • Les "Bourguignons-Francs-Comtois sur le fil" sont 32% (=). Ils vivent une forte tension entre leur aspiration à la mobilité sociale et territoriale et une difficulté à s’affranchir de leur situation socio-économique et des inégalités territoriales.
    • Les "Enracinés" sont 23% (=).  Heureux de vivre là où ils ont choisi de vivre, leur « bulle personnelle » est un bouclier qui les protège de la violence sociale, sans pour autant la masquer.
    • Les "Assignés", bloqués géographiquement et socialement, sont légèrement surreprésentés (27%, +2).
    • Les "Bourguignons-Francs-Comtois affranchis" sont 19%, légèrement sous-représentés (-2). Ils ont peu d’attache territoriale. Ils réalisent leur projet de vie sans entrave, ou ont les moyens socioculturels de surmonter les obstacles, de s’emparer des opportunités et de tirer parti des évolutions de notre société, telles que la numérisation de nos vies personnelle, sociale et professionnelle, l’Union Européenne ou la mondialisation.
       
  • Les Bourguignons-Francs-Comtois sont autant attachés au quartier où ils habitent (45%, =), à leur ville (52%, =), à leur département (52%, -1) et à leur pays (73%, =) que le reste des Français. Par contre, ils sont légèrement moins attachés à leur région (55%, -3).
     
  • S’ils en avaient la possibilité, seulement 29% (-7) quitteraient leur lieu de vie pour une autre commune de la même région. En revanche, 46% (+4) déménageraient dans une autre région.
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