Cette émergence des régions comme actrices de l’aménagement du territoire est encore lente et difficile : relations de concurrence ou d’ignorance avec les métropoles, faiblesse relative des moyens à disposition, rôle ambigu de l’État qui, après le choc des Gilets jaunes et avec l’argent du plan de relance, renoue avec le rêve de l’ubiquité, en décalage avec la réalité politique et administrative du pays. La multiplication des appels à projets du plan de relance porte en son sein le risque d’un saupoudrage dépourvu d’une véritable vision stratégique du territoire.
Nous avons besoin, de toute urgence, d’une nouvelle vision de l’aménagement du territoire de notre pays, et les régions ont aujourd’hui un rôle majeur à jouer, en lien étroit avec les acteurs de leur territoire, et avec l’État dont le rôle stratégique est plus essentiel que jamais. Si l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) aide utilement les acteurs territoriaux à définir leurs propres projets, ce serait sans doute le rôle du nouveau Commissariat au plan de reprendre cette grande ambition, en lien étroit avec les acteurs régionaux.
Un échelon pivot pour réussir les transitions écologiques
Enfin, les régions ont un rôle majeur à jouer face aux grands défis climatiques et environnementaux qui se posent à nous. Dans son rapport annuel de 2020 intitulé "Redresser le cap, relancer la transition", le Haut Conseil pour le Climat souligne le rôle pivot de l’échelon régional, dans la prise de conscience des enjeux, mais aussi dans la mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques, sociaux et politiques. Suffisamment proche du terrain pour permettre un dialogue direct avec les citoyens, suffisamment grande pour porter des projets structurants et se confronter aux enjeux politiques de la transition, la région est le lieu par excellence de ce travail de chaînage et de frottement entre la société civile et l’administration qu’évoque Bruno Latour.
Parmi d’autres, la région Aquitaine, puis Nouvelle-Aquitaine, a entrepris un immense travail, allant de la création en 2013 d’un groupe de scientifiques pour travailler sur l’impact du changement climatique sur la région, jusqu’aux groupes de travail mis en place ces derniers mois autour des enjeux de la biodiversité dans la sylviculture des Landes, ce sont les bases concrètes de la transition écologique qui sont ainsi posées au niveau régional.
Développement économique, aménagement du territoire, transitions écologiques : face aux grandes urgences de notre temps, les régions ont un rôle majeur à jouer. Il nous reste donc quelques jours pour relire les professions de foi à la lumière de ces enjeux, et mettre nos bulletins dans l’urne pour donner aux régions la force politique dont elles ont besoin pour jouer ce rôle nouveau.
Copyright : SYLVAIN THOMAS / AFP
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