La crise du Covid-19 révèle les forces et les faiblesses structurelles des pays européens. Elle dévoile non seulement la robustesse de leurs systèmes de santé, mais aussi l’efficacité de leurs systèmes digitaux, la résilience de leurs systèmes de gestion de crise, le niveau de confiance de la population dans le gouvernement… La comparaison des différentes réponses étatiques à une même crise et leurs résultats fait ressortir leurs atouts stratégiques et leurs vitesses de croisière dans plusieurs domaines de l’action publique.
Alors que le Royaume-Uni vient de plonger dans un second confinement, Anuchika Stanislaus, Chargée d’affaires internationales à l’Institut Montaigne, s’est entretenue avec Eva Thorne, directrice des partenariats avec les universités de l’Institut Tony Blair, afin d’évaluer la qualité de la réponse britannique à la crise sanitaire, en particulier dans le domaine de la recherche scientifique sur les vaccins conduite au Royaume-Uni.
Quelles conclusions peut-on tirer de la gestion britannique de la pandémie, et comment ces conclusions guident-elles la politique actuelle ?
Les experts avaient prédit qu’il y aurait une recrudescence des infections et une deuxième vague épidémique alors que nous entrerions dans la saison de la grippe. Il est fort déprimant de constater que tout ce qu’ils avaient indiqué s’est révélé juste, même s’il n’y avait aucune raison de penser le contraire étant donné que ces prévisions étaient basées sur des modèles, des statistiques, des données, et sur l’historique des années passées. Nous sommes désormais dans cette nouvelle phase, qui a lieu en pleine saison de grippe, rendant la vaccination contre la grippe encore plus essentielle.
La situation est désormais hors de contrôle aux États-Unis. La semaine dernière, le pays a constaté plus de 1000 décès par jour pendant plusieurs jours consécutifs. Le taux était aussi en hausse au Royaume-Uni depuis un moment, mais nous espérons que ce confinement aidera à limiter la propagation de l’épidémie. Nous espérons aussi que le gouvernement britannique mettra cette période à profit afin d’éviter un nouveau confinement. Le point positif est que nous avons beaucoup appris depuis le printemps et que les soignants sont mieux équipés afin de traiter les patients. Nous avons aussi des patients qui participent au programme d’essais britannique RECOVERY et ont accès aux médicaments actuellement testés, en particulier les anticorps, que nous savons particulièrement efficaces.
Cela dit, nous voyons bien des différentes stratégies gouvernementales qu’il est plus difficile de contrôler le virus en l’absence d’une stratégie locale et nationale coordonnée. Nous devons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire jusqu’à la distribution d’un vaccin. En septembre, avant que nous ne recevions des nouvelles de Pfizer, le chef du Center for Disease Control américain a brandi un masque au cours d’une audience devant le Congrès en disant : "Tant que nous n’avons pas de vaccin, ce masque est notre meilleure protection". Cependant, nous voyons qu’il est parfois difficile d’imposer le port du masque partout. Le dépistage massif, le traçage, l’isolement, la distanciation sociale, l’air frais et le lavage réguliers des mains ont aussi prouvé leur utilité et font partie des solutions à adopter jusqu’à la vaccination massive de la population. Le virus ne connaît pas de limites ni de frontières, et les approches parcellaires ont montré leurs limites.
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