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22/06/2015

60 milliards d'économies, c'est possible

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60 milliards d'économies, c'est possible
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur

Tribune de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne parue dans Challenges,18 juin2015.


En quinze mesures concrètes, l'Institut Montaigne propose de réduire le niveau de la dépense publique en agissant tant sur les dépenses de fonctionnement que sur celles d'intervention. A l’automne 2012, le Président de la République s’engageait à réaliser 60 milliards d’euros d’économies. Trois ans plus tard, le niveau de la dépense publique et de l’endettement de la France n’a pas baissé. Une petite musique s'installe même qui dit que la situation de notre pays s’améliore... La tension autour de la Grèce et la récente remontée des taux nous rappellent à la réalité. Le dernier rapport de l'Institut Montaigne, Dépense publique : le temps de l'action, présente en 15 propositions concrètes un plan de 59 milliards d'euros d'économies, soit 3 points de PIB.

Commençons par les charges de fonctionnement. Pour les dépenses de personnel : il faut inverser la courbe d’évolution des effectifs, augmenter la durée travaillée des agents publics, allonger à trois jours leur délai de carence en cas d’arrêt maladie. Pour sa politique immobilière, l’État estime disposer de marges d’optimisation de l’ordre de 10 à 15% sur les 8 milliards d'euros qu’il y consacre chaque année. Cela nécessite de réduire la superficie des bureaux, de dynamiser la gestion des baux privés et de créer une véritable direction immobilière de l’Etat.

Quoi qu'en disent les collectivités territoriales, leur mise à contribution est nécessaire. Elles n'ont cessé de recruter tout au long de la décennie écoulée. Le temps de l'ajustement est venu et il est irresponsable de le faire porter sur les seuls investissements. Nos propositions : une modulation de l’attribution des dotations de l’État en fonction de critères de bonne gestion et de maîtrise des dépenses, notamment de personnel ; un plus strict encadrement des taux de la fiscalité locale et la fixation de plafonds pour leur niveau d’endettement.

Enfin, les politiques d’intervention de l’État doivent être bien davantage mises à contribution. Les montants colossaux engagés au titre de la politique du logement (2% du PIB) sont sans commune mesure avec les résultats qu’elle produit. Il faut la concentrer sur un nombre réduit de bénéficiaires, en ciblant mieux les aides, et améliorer la gestion des bailleurs sociaux, dont les frais s’élèvent à 20% des loyers perçus, contre 5 à 6% dans le privé.

Quant aux dépenses sociales, elles sont en France très supérieures à la moyenne européenne. Ces dépenses d'intervention représentent plus de la moitié de la dépense publique et plus des trois quarts de son accroissement depuis 30 ans. Elles ont jusqu'à présent été largement épargnées, au motif qu'elles constitueraient le cœur de notre modèle social. C'est précisément parce que les déficits menacent aujourd'hui la pérennité de ce modèle qu'il faut le réformer en profondeur, en réduire le coût et en améliorer l'efficacité.
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