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16/04/2010

Retraite : faux débat et vrais enjeux

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Retraite : faux débat et vrais enjeux
 Claude Bébéar
Auteur
Président d'honneur, Fondateur

Article de Claude Bébéar, président de l'Institut Montaigne, publié en Une des "Echos" du jour

Face à l'allongement spectaculaire de la durée de la vie humaine dans notre pays, discuter d'un âge légal de la retraite a-t-il encore un sens ? N'est-il pas préférable de dire que chacun a le droit de travailler aussi longtemps qu'il veut ? Que si son employeur veut mettre fin à son activité, il doit le licencier, l'indemnité de licenciement étant naturellement décroissante à partir d'un certain âge ?

Un premier pas a été fait puisque l'on peut maintenant continuer à travailler, si on le veut, jusqu'à 70 ans. Pourquoi ne pas donner une liberté totale ? Par ailleurs, ne faut-il pas aller vers un régime de retraite universel, c'est-à-dire reposant sur les mêmes bases pour tous les Français quels qu'ils soient et par points ? Chacun, au cours de sa vie active, accumule des points de retraite dont le nombre est déterminé chaque année comme le font nos régimes complémentaires actuels, par répartition. Les points ainsi acquis peuvent être à chaque instant transformés en retraite dont le montant est fonction de l'âge atteint. Cela veut dire que, pour un nombre donné de points, la retraite prise à 60 ans sera moins importante que celle prise à 70 ans, le montant étant obtenu par un simple calcul actuariel.

Comment, pendant son activité, calculer le nombre de points supplémentaires acquis chaque année ? Nos régimes complémentaires de retraite savent parfaitement le faire. Et à ceux dont l'activité aurait été insuffisante par suite de maladie ou de chômage, il doit être attribué des points gratuits dont le nombre est calculé comme les conventions collectives l'indiquent. Rien n'empêche non plus d'ajouter des points gratuits supplémentaires de solidarité, dans des conditions elles aussi définies par les conventions collectives ou les pouvoirs publics.

Plus de discussion sur l'âge de la retraite. Voilà une guerre de religion enterrée. La discussion portera sur le calcul de la valeur du point, sur le calcul de l'éventuelle indemnité de licenciement, sur l'évolution de la table de mortalité utilisée, c'est-à-dire sur des points où la technique l'emporte sur l'idéologie.

Pour passer à un tel système, tellement plus simple, tellement plus juste que le fouillis inextricable de nos régimes actuels, il faut une période transitoire et une adaptation sans doute longue. Est-ce utopique ? Non, si l'on considère ce qui s'est construit dans certains pays comme la Suède, le Canada, qui ont fait un grand pas dans cette direction. Nos négociateurs de 2010 feraient bien d'y penser.


Aller plus loin :

- Réforme des retraites : les 6 propositions de l'Institut Montaigne

- Emploi des seniors : l'Institut Montaigne formulera prochainement 15 propositions concrètes pour développer l’emploi des juniors et des seniors, articulées autour de trois idées simples : “développer l’employabilité tout au long de la vie”, “réduire les rigidités du système français”, “revaloriser le travail”.


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