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02/06/2008

Réformer harmonieusement l'Education nationale

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Ce lundi, à l'occasion du bicentenaire du décret du 17 mars 1808, Nicolas Sarkozy a annoncé des réformes dans l’Education nationale. Ce décret, remontant à Napoléon, organise notre système éducatif. Le président de la République a ainsi reçu recteurs, inspecteurs d'académie et inspecteurs généraux ou présidents d'université pour en célébrer l’anniversaire.

Après la tempête

Après des semaines de mobilisation dans les rangs de l’Education nationale contre la politique du gouvernement, le président de la République a provoqué cette rencontre pour annoncer ses réformes (ou tout au moins son début de réforme) pour le baccalauréat général et professionnel, ainsi que pour la formation des maîtres.

Vers un nouveau baccalauréat

Parmi les annonces de Nicolas Sarkozy, la plus spectaculaire pour les élèves et les parents, consiste en un baccalauréat, nouvelle formule, qui devrait être mis en place en 2012. Même s’il est toujours un peu déchirant de voir changer ce bon vieux sésame qu’est le bac, force est de constater qu'il n’ouvre plus les portes de grand-chose. En effet, le baccalauréat général prépare mal à l’enseignement supérieur pour ceux qui vont à l’université, et le baccalauréat professionnel ne débouche pas suffisamment vers les carrières de techniciens spécialisés dont notre économie a besoin. Voilà donc une belle occasion de tout remettre à plat et d’en profiter pour tenter de désengorger la fameuse filière S…

Plus diplômés, donc mieux payés

Mais le président a aussi annoncé une réforme de la formation des enseignants avec un relèvement au niveau master (bac+5). En contrepartie, la rémunération des professeurs en début de carrière sera revalorisée et on devrait voir disparaître les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM).

Du bon dans ces annonces

Fermer les IUFM me parait aller dans le bon sens, non seulement parce que l’enseignement prodigué n’est pas les plus adapté à la réalité des classes, mais surtout parce qu’ils ne fonctionnent qu’imparfaitement : la moitié des maîtres décrochent le concours sans l’avoir préparé dans un IUFM. Autre mesure bienvenue : le relèvement de la rémunération des jeunes enseignants, honnêtement plutôt mal traités aujourd’hui…

Un manque de cohérence

Mais il me semble manquer une vision d’ensemble. Par conséquent, on passe à côté de nombreuses réformes qu’il fallait associer à celles que je viens de citer… et qui seront difficile à lancer par ailleurs. Les problèmes de l’éducation sont très nombreux, et les besoins de changements abondants. Je pense en priorité aux affectations (les tout jeunes enseignants sont presque systématiquement envoyés en ZEP sans aucune expérience), mais aussi à l’autonomie des établissements, aujourd’hui marginale alors que l’établissement pourrait être le pivot d’une vraie politique de responsabilisation.

Livre vert sans livre blanc

Ce désordre dans les annonces de changements est frappant. Un livre vert sur la modernisation de la condition d’enseignante à été remis au ministre en février, à partir duquel il devait élaborer un livre blanc sur tous les sujets qui y étaient abordés. En substance, le livre vert est établi par des experts qui consultent largement, il fait l’état des lieux et propose des pistes de réponse à tous les problèmes abordés. Ensuite, le gouvernement prend ses responsabilités sur tous ces sujets dans le livre blanc. Or ce livre blanc, n’a pas été fait, et la cohérence du livre vert ne se retrouve pas dans les annonces faites ici et là par Xavier Darcos ou Nicolas Sarkozy. Quel dommage, parce que tout se tient, évidemment, et certains changements en permettent et en expliquent d’autres.


On a adopté cette méthode du livre vert dans le monde entier parce que cela fonctionne à condition d’en suivre la démarche jusqu’au bout. A ce propos, nous venons tout juste de publier, à l’Institut Montaigne, un rapport sur le thème « Comment communiquer la réforme ». J’en recommande aujourd’hui la lecture à tous ceux qui sont au pouvoir et qui veulent réformer efficacement !

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