Cette proposition se retrouve aussi dans les programmes de Yannick Jadot, qui souhaite que les citoyens proposent une loi ou un amendement à condition qu’elle soit soutenue par 900 000 citoyens, soit environ 2 % du corps électoral. En sus du pouvoir de proposer une loi, Jean-Luc Mélenchon propose que les citoyens puissent également révoquer des élus, abroger une loi ou encore soumettre une proposition de révision constitutionnelle.
Plus à droite de l’échiquier politique, Valérie Pécresse ou encore Marine Le Pen proposent également de créer un tel référendum d’initiative citoyenne.
Interdire le cumul des mandats et rendre le vote obligatoire : quand le besoin de démocratie se confronte à l’obligation plutôt qu’à l’incitation
La règle du cumul des mandats, cette "règle de la politique française" selon Michel Debré est régulièrement pointée du doigt par les divers comités et commissions chargés de rénover les institutions politiques françaises. Après avoir été dénoncée en 2007 et 2012 par le comité Balladur et la commission Jospin, cette règle a été officiellement adoptée par les lois organique et ordinaire du 14 février 2014 interdisant tout cumul : d’un mandat de parlementaire et d’un mandat d’exécutif local ou encore de deux mandats exécutifs locaux. S’agissant du cumul des indemnités, la loi organique du 25 février 1992 a fixé le principe de l’écrêtement, en plafonnant à 8434 euros net par mois le montant des indemnités mensuelles qui peuvent être reçues par une même personne.
Le recours au cumul des mandats demeure toutefois, dans la pratique, assez fréquent. Dans un de ses rapports de 2012, le Sénat notait que "la France se distingue de la majorité des grandes démocraties par l’importance du cumul des mandats et des fonctions", constat entériné par l’Institut Montaigne en 2016. En 2021, 54 % des sénateurs, 38 % des députés et 25 % des eurodéputés cumulaient leur mandat national avec au moins un mandat local. Pour certains, ces lois du 14 février 2014 ont contribué à isoler le corps social et réduit la sensibilité de nos élus, aux problèmes concrets du terrain, des problématiques des Français. Cette approche est notamment soutenue par Éric Zemmour, qui propose de revenir sur ce principe du non-cumul des mandats. À l’inverse, la règle du non-cumul permet notamment de faciliter le renouvellement des élus, de participer à la féminisation de l’Assemblée nationale et de limiter les effets de rente. Cette vision est notamment partagée par Jean-Luc Mélenchon qui souhaite rendre effectif le principe de non-cumul des mandats et des indemnités selon la règle "un seul mandat au même moment, deux mêmes mandats consécutifs maximum". Derrière ces différents arguments apparaît toutefois ce débat plus complexe qui est celui de l’introduction de règles limitatives ou obligataires, dans le jeu institutionnel français.
En ce sens, les propositions qui visent à rendre le vote obligatoire en constituent l’acmé. Si le vote n’est aujourd’hui en France obligatoire que pour les "grands électeurs" qui élisent les sénateurs, certains candidats, comme Jean-Luc Mélenchon, proposent de le rendre obligatoire pour l’ensemble des citoyens.
Cette pratique est aujourd’hui répandue dans une vingtaine de pays, dont la Belgique, la Grèce, le Brésil, ou encore en Australie. Une quinzaine de propositions de loi ont été élaborées en ce sens depuis les années 2000, dont aucune n’a abouti pour le moment.
Afin de constituer une obligation concrète, le fait de ne pas voter pourrait être sanctionné pénalement (par des travaux d’intérêt général comme en Australie) ou par une sanction pécuniaire. Dans le contexte politique, économique et social actuel, de telles dispositions semblent toutefois irréalistes et non souhaitables. Au-delà des obligations ou des sanctions, de seuils de suffrage ou de proportionnalité, la démocratie doit se construire sur une authentique envie citoyenne de s’engager et de s’inscrire dans les débats publics. Il apparaît néanmoins qu’à cet égard, les lois, tout comme les règles institutionnelles, sont bien démunies.
COPYRIGHT : Ludovic MARIN / POOL / AFP
Ajouter un commentaire