Le choix de reporter la baisse de l’IS pour les grandes et moyennes sociétés semble relever de la vue traditionnelle opposant grandes et petites entreprises, les premières étant supposées corvéables à merci tandis que les secondes seraient les seules pourvoyeuses d’emploi alors qu’en réalité toutes font partie du même écosystème. Enfin, l’annonce d’une taxation imminente du chiffre d’affaires des GAFAs, alors que le système d’imposition des entreprises en Europe repose sur la taxation des bénéfices, risque d'entraîner des imbroglios fiscaux et juridiques plus lourds que les avantages politiques qu’elle est supposée rapporter, à supposer même qu’elle ne soit pas rejetée par les tribunaux. Une modulation de la transition entre CICE et baisses de charges, couplée avec une augmentation raisonnable du déficit budgétaire – comme celle qui est envisagée — aurait probablement été préférable.
La condition essentielle de la réussite est la poursuite des réformes
Au bout du compte, les modalités de financement des mesures d’urgence paraissent secondaires au regard du véritable enjeu de ce changement de politique : accepter de payer pour poursuivre les réformes. Réformer le système de retraite pour en réduire le coût et les rendre plus juste, réformer l’indemnisation du chômage pour augmenter les incitations à retrouver du travail tout en accompagnant les chômeurs dès le premier jour de leur perte d’emploi, enfin, réformer les services publics pour en augmenter l’efficacité, telle qu’elle est perçue par les citoyens partout sur notre territoire : toutes ces ambitions doivent rester sur l’agenda du gouvernement, si celui-ci veut voir les effets positifs de son action avant 2022. Alors, le coût budgétaire qu’il aura fallu assumer poursuivre les réformes paraîtra bien minime.
(1) On utilise l’estimation du PIB du 4ème trimestre tirée de la Note de Conjoncture de l’Insee du 19 décembre 2018, soit 2 287 Mds d’euros.
(2) Voir "Une décomposition du non emploi en France", par Guy Laroque et Bernard Salanié, Economie et Statistique 2000-1, ou "Minimum Wages and Youth Employment in France and the United States", John Abowd, Francis Kramarz et Thomas Lemieux, NBER, 2000.
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