Pourtant, l’unité européenne est beaucoup plus difficile à maintenir en interne. Les négociations budgétaires donnent un aperçu des tensions qui existent entre les différentes institutions de l’UE. Chaque euro alloué à l’agriculture, par exemple, correspond à un euro en moins pour un autre poste budgétaire, par exemple la défense ou l’administration. Il est impossible de satisfaire tout le monde. Le Brexit montre toutefois que l’échange régulier d’informations tout au long du processus peut favoriser l’entente entre les différentes institutions européennes.
Il faut un débat européen plus nuancé
L’UE a également besoin de débattre plus franchement de son avenir. Il est trop souvent exprimé de manière binaire : soit on est pro-européen, soit on ne l’est pas. Ceci contribue à installer un débat conflictuel et réducteur, excluant systématiquement les nombreux européens qui ne se reconnaissent dans aucune de ces deux positions.
Cette réflexion est en réalité déjà en cours. La Commission Juncker avait publié à l’occasion du 60e anniversaire de l’UE un livre blanc proposant cinq options pour l’intégration européenne, allant de l’attribution de plus de pouvoirs à l’UE à un recentrage sur le marché unique assorti d’une coopération flexible dans d’autres domaines, comme par exemple la politique étrangère. C’est un Parlement européen plus fragmenté, mais aussi plus divers, qui siège à Bruxelles depuis les élections européennes de 2019. Mais l’UE ne peut se permettre de confiner ces débats aux couloirs de Bruxelles et de Strasbourg si elle souhaite envisager sereinement son avenir.
Elle doit mieux expliquer ses politiques, les compétences de chaque institution et comment les citoyens peuvent, s’ils le souhaitent, participer au processus démocratique européen. L’Union est loin d’être un ensemble homogène : la Commission rend des comptes à 27 gouvernements nationaux, qui ont certes des intérêts communs, mais aussi de nombreuses divergences. Guy Verhofstadt n’est pas le seul député européen et les petits États membres ont un poids considérable. Bien comprendre le fonctionnement de l’UE ne la rendra peut-être pas plus populaire - mais au moins cela pourrait aider certains à mieux comprendre l’impact qu’elle a sur leur vie et là où elle n’en a aucun (en effet, il existe encore de nombreux domaines, comme l’éducation, le tourisme et la santé, sur lesquels l’UE n’a qu’une influence très limitée).
Le Brexit a été une décision historique dont les conséquences se feront sentir pour des années à venir. Il faudra du temps avant d’y voir plus clair, mais d’ici là, l’UE et le Royaume-Uni feraient bien de tirer les leçons de cette aventure ; ce qu’elle dit de leur relation, mais surtout d’eux-mêmes.
Copyright : OLI SCARFF / AFP
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