La réactivité du système de santé et du secteur privé
Avec une arrivée plus tardive de l’épidémie qu’en Asie ou que dans les pays européens du Sud, la Suède a eu un temps, court certes mais significatif, pour réagir face au danger. Conscient de sa principale faiblesse face au Covid-19 (de tous les pays de l’OCDE, il compte le plus faible nombre de lits d’hôpitaux, soit 2,4 lits pour 1 000 habitants), le système de santé a rapidement acté la "situation de crise" pour les hôpitaux de la capitale. Notons que la Suède se trouve parmi les pays les plus généreux de l’Union européenne en termes de dépenses en santé, après la Norvège, l’Allemagne et l’Autriche. Selon une étude de 2017 de l’OCDE et de la Commission européenne, 11 % du PIB suédois sont dédiés au système de santé, là où la moyenne européenne se situe à 9,8 %.
Dans les tout premiers jours du mois d’avril, la capacité en soins intensifs a plus que triplé dans la région de Stockholm selon l’agence de presse nationale TT. L'hôpital de campagne à Älvsjö, à une dizaine de kilomètres de Stockholm, d’une capacité d’accueil supplémentaire de 140 patients, a rapidement ouvert ses portes pour soulager la capitale.
S’agissant du personnel, plus de 100 000 soignants ont été formés en lignepour combattre le risque de contagion et faire connaître les mesures de protection à adopter. À l'hôpital universitaire de Karolinska à Stockholm, les infirmiers ont été formés sur 3 jours, afin de pouvoir travailler comme auxiliaires en soins intensifs.
Ces efforts ne sont néanmoins pas parvenus à freiner la surmortalité du mois d’avril. À Stockholm, les morgues se sont rapidement remplies et des conteneurs réfrigérés ont été placés à l'extérieur des hôpitaux dans le cœur de la capitale, pour stocker de façon provisoire les corps des personnes décédées en soins intensifs. Les personnes décédées en Suède sont essentiellement des personnes âgées, 87 % ayant plus de 70 ans (63 % ayant plus de 80 ans).
De son côté, le secteur privé a joué son rôle dès le début de la crise. Essity, une entreprise suédoise spécialisée dans la fabrication de produits d'hygiènes, fabrique des masques par millions depuis le début du mois d’avril pour soulager le système de soins et répondre aux besoins des Suédois. Autre exemple, pour augmenter la production de respirateurs dans le pays, l’entreprise de matériel médical Getinge s’est vue "prêter" une cinquantaine de salariés de Scania, une société de construction suédoise de poids lourds détenue par Volkswagen. Par ailleurs, le géant de l'habillement H&M a adapté sa production dans une usine en Chine, afin de fournir des blouses de protection à manches longues pour les soignants.
Dans le même temps, les quatre plus grandes villes de Suède (Stockholm, Göteborg, Malmö et Uppsala), se sont mises d’accord pour contribuer à hauteur de 125 millions de couronnes suédoises, afin de garantir l'achat conjoint d'équipement de protection et de désinfection pour leurs municipalités et le reste du pays.
Pas de mesures strictes mais des "recommandations nationales"
Comme le reste du monde, la Suède privilégie la distanciation sociale pour lutter efficacement contre la propagation de l’épidémie au sein du pays. À Luleå, une ville du nord, on parle d’une distance à respecter de l’équivalent d’un "petit élan".
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