À ce stade, au Parlement, une victoire de l'AKP et du MHP, son allié d'extrême-droite, est jugée peu probable. L'opposition, incarnée par la coalition de six partis menée par le CHP et aussi par le HDP, pourrait, selon les enquêtes d'opinion, devenir majoritaire. La coalition autour du CHP vient de présenter sa plateforme électorale mais n'a pas encore désigné son candidat à la présidence de l'État - le choix devrait intervenir fin février. Ekrem İmamoğlu est plus populaire que Kemal Kılıçdaroğlu, président du CHP, mais une collaboration avec le HDP est écartée, ce qui amoindrit les chances des adversaires de l'AKP. Le manque d'expérience et de cohérence de l'opposition en politique étrangère est une autre faiblesse. Le CHP reste marqué par une tradition anti-occidentale, lors d'un récent déplacement aux États-Unis, Kemal Kılıçdaroğlu n'a rencontré aucun responsable de l'administration Biden.
Le débat autour des F-16 et de l'adhésion à l'OTAN de la Finlande et de la Suède
La demande d'adhésion à l'OTAN de la Finlande et de la Suède, consécutive à l'invasion russe de l'Ukraine, a été approuvée à ce jour par la quasi-totalité des membres de l'Alliance, à l'exception de la Hongrie et de la Turquie. En juin dernier, en marge du sommet de Madrid, un mémorandum trilatéral a été signé par Ankara, Helsinki et Stockholm aux termes duquel la Turquie accepte cet élargissement de l'OTAN moyennant la prise en compte par les deux pays candidats des préoccupations turques s'agissant du PKK/PYD et de la reconnaissance du caractère terroriste de ces organisations. Cette question est particulièrement sensible en Suède, qui compte une importante communauté kurde, et que R.T. Erdoğan accuse d'abriter des "terroristes" dont il demande l'extradition. Un attentat, perpétré en novembre à Istanbul, immédiatement attribué par Ankara au PKK, et des incidents récents à Stockholm, au cours desquels l'effigie d’Erdoğan a été pendue et un exemplaire du Coran brûlé, ont donné des arguments aux autorités turques. Cette question a été évoquée lors du récent déplacement aux États-Unis du ministre turc des Affaires étrangères, notamment avec le secrétaire d'État Antony Blinken, le 18 janvier dernier. Bien qu'officiellement, les autorités américaines n'établissent pas de lien entre l'accord d'Ankara à l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN et l'acquisition par la Turquie de chasseurs F-16 aux États-Unis - à Madrid, le Président Biden avait affirmé qu'il n'y avait pas de "quid pro quo" - pour les observateurs les deux questions sont étroitement liées. Depuis qu'elle a été exclue, en 2019, du programme F-35 après avoir fait l'acquisition de systèmes russes S 400, la Turquie tente en effet d'acheter et de moderniser plusieurs dizaines de F-16, contrat évalué à 20 Mds $.
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