Qu’en est-il chez nos voisins européens ?
A l’étranger, les barrières face au déploiement de la téléconsultation ont progressivement été levées. En Allemagne, avec le nouveau Digital Care Act (DVG) voté en novembre 2019, le Parlement allemand (Bundestag) a décidé d'ouvrir la voie à une large utilisation et au remboursement des applications de santé numériques, afin d'améliorer la numérisation du marché allemand des soins de santé. En vertu de la nouvelle législation, les médecins pourront prescrire aux patients des applications de santé numériques, qui pourront être remboursées par l'assurance maladie allemande. De plus, les médecins pourront recevoir des subventions s’ils proposent des consultations en ligne aux patients bénéficiant d'une assurance maladie obligatoire. Les médecins seront autorisés à fournir des informations sur les consultations vidéo et en ligne sur leurs sites internet, alors qu'auparavant ils ne pouvaient en discuter que dans le cadre de conversations privées.
En Suède, c’est avant tout pour lutter contre les déserts médicaux et les trop longs délais d'attente pour obtenir un rendez-vous que la télémédecine s’est développée. En 2016, le gouvernement suédois a lancé un plan stratégique afin de transformer le pays en "leader mondial de la health tech d'ici à 2025". Afin de généraliser la télémédecine, il a fallu trouver une solution nationale pour fixer les tarifs et conditions de remboursement des téléconsultations, qui sont normalement la prérogative de chacune des 21 régions du pays. L'ouverture du remboursement à l'échelle nationale a permis un réel développement de la télémédecine : à ce jour, près de 6 % des consultations de premier recours sont réalisées à distance en Suède, contre bien moins d’1 % en France.
Pourquoi il faut garantir une libéralisation de l’accès à la télémédecine sur le long terme
L’intérêt de ces outils de suivi à distance des patients ne se limite pas au cas extrême d’une pandémie. La téléconsultation présente des avantages au-delà de cette situation. Conserver le régime actuel au-delà du 31 avril 2020, permettrait de continuer à soutenir l'accroissement de la télémédecine. En effet, les soignants sont en train de s’équiper et de nombreux patients vont se familiariser avec la téléconsultation, ce qui permettra sans doute d’augmenter l’accès aux soins, comme c’est le cas pour les patients vivants en zone de déserts médicaux.
Il semble donc indéniable qu’une fois la crise sanitaire contenue, la télémédecine devrait s’installer durablement dans les habitudes des français. En effet, 60 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage Odoxa ont une bonne opinion globale de la télémédecine et 71 % de ceux qui l'ont réellement testée en sont satisfaits. Côté professionnels de santé, la téléconsultation est vécue comme une expérience positive par 86 % d’entre eux.
Enfin, la téléconsultation permettra sans doute à la France d’entamer le virage pour une médecine basée sur la prévention. En effet, dans un contexte de vieillissement de la population et d’explosion des maladies chroniques, le système de santé français va devoir orienter de plus en plus sa stratégie vers la prévention des maladies et l'accompagnement régulier des patients. Dans un tel contexte, la téléconsultation constitue un outil clé pour améliorer l’offre de soins et transformer le rôle et l’action des médecins, des infirmiers et plus largement de l’ensemble des professionnels de santé.
Copyright : STR / AFP
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