Un couple franco-allemand sur la même longueur d’ondes
Enfin, une large convergence apparaît entre les attitudes française et allemande.
- Le choix en faveur de la coopération internationale est également massif dans les deux pays : plus de neuf personnes interrogées sur 10, dans l’un et l’autre pays, estiment nécessaire une démarche coopérative à l’échelon international. Les Allemands sont même encore davantage prêts que les Français à privilégier la coopération dans tous les cas, fût-ce au détriments des intérêts nationaux immédiats. Le refus de la coopération internationale n’est majoritaire en Allemagne que chez les sympathisants de l’AfD. Il atteint en France 27 % chez les sympathisants du parti Les Républicains et 22 % pour ceux du Rassemblement National.
- On observe une similitude également sur un élément un peu contre-intuitif : les Allemands à 84 % des sondés et les Français à 77 % considèrent que la politique étrangère doit être fondée sur des valeurs, telles que le respect des Droits de l’Homme, plutôt que guidée par des intérêts – économiques par exemple.
- S’agissant des thèmes à privilégier pour une action internationale, même convergence sur la priorité donnée à l’environnement (plus de la majorité des sondés dans les deux pays) tandis que la cybersécurité et surtout l’immigration sont considérées comme des priorités secondes.
- Au total, les différences de réaction au sein des sondés des deux pays apparaissent davantage comme des nuances que comme de vraies différences : en Allemagne, près de la moitié des sondés estime que l’adhésion à l’UE est plutôt un avantage tandis que ce chiffre n’est que d’un quart pour les sondés en France. Dans les deux cas, la plus grande partie des sondés considère qu’avantages et inconvénients s’équilibrent. Enfin, une majorité d’Allemands font davantage confiance à l’Union européenne tandis qu’une majorité de Français mettent leurs espoirs dans les Nations Unies.
L’image d’ensemble qui se dégage de ce sondage dans les deux pays est celle d’un soutien à la coopération internationale et au multilatéralisme, avec des cadres différents (ONU, UE, autres), de manière pragmatique, selon les sujets. Cela est particulièrement vrai s’agissant du changement climatique et de la lutte contre le terrorisme. La question des migrations est la seule pour laquelle le cadre européen est privilégié sur le cadre global (onusien). Par ailleurs, le bilan tiré par les sondés des résultats de la coopération internationale est quand même nuancé. Ce constat contraste avec le souhait de 42 % des Français d’un plus grand engagement au sein de l’UE (et 36 % pour un engagement supérieur dans l’ONU). Comment interpréter ce contraste ?
Peut-être faut-il y voir un a priorifavorable en faveur de la coopération internationale, mais couplé à une attente de résultats concrets, et cela d’autant plus nette que sur des sujets comme le changement climatique et le terrorisme, les possibilités d’action purement nationales sont perçues comme limitées. Si cette conclusion est exacte, elle légitime par exemple l’initiative du Forum de Paris sur la Paix, dont l’Institut Montaigne et la Körber-Stiftung sont membres fondateurs aux côtés d’autres institutions : ce Forum vise à dégager des lignes d’actions fondées sur des projets opérationnels, soutenus par des Etats ou des organisations non gouvernementales. Par cette méthode, il entend promouvoir un multilatéralisme efficace qui correspond bien à l’état d’esprit des Français et des Allemands tel que révélé par ce sondage.
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