Sur le registre financier, il est d’ores et déjà acquis que ces élections sont les plus coûteuses de l’histoire de l’Inde, les partis ayant déjà dépensés 7 milliards de dollars environ d’après Milan Vaishnav (Carnegie Endowment for International Peace), une autorité sur le sujet. Jamais autant de petites coupures n’auront été saisies au domicile de candidats à la députation ou au siège des partis, le BJPbattant tous les records en la matière : nous en sommes déjà à un demi-milliard de dollars, soit plus de deux fois et demi le total des sommes saisies en 2014. Tout cet argent, qu’il est maintenant possible, depuis 2016, de verser anonymement aux partis (ce que l’ancien chef de la Commission électorale, S.Y. Qureshi a qualifié d’ "officialisation du capitalisme de connivence"), sert à acheter des voix, mais aussi à financer la propagande électorale.
Sur ce terrain aussi l’Inde vient d’innover en faisant des médias sociaux le premier vecteur de la communication politique: si les hommes politiques tiennent encore des meetings, rien ne vaut WhatsApp, Twitter, Facebook etc. pour saturer l’espace public. D’où un investissement massif en main d’œuvre multilingue pour répandre la bonne parole sur le mode de la désinformation et du "trolling".
Dans ce contexte, bien des opposants ont considéré que ces élections pourraient sceller le sort de la démocratie indienne.Cela ne les pas pour autant amené à faire alliance d’une façon beaucoup plus poussée qu’en 2014, chacun souhaitant se compter et défendre ses idées/ses intérêts – suivant une logique qu’on rencontre ailleurs et qui ouvre généralement un boulevard aux populistes, voire aux néo-autoritaires. Nous saurons le 23 mai si les électeurs indiens auront été plus préoccupés que les progressistes s’opposant à Modi de l’avenir de la démocratie indienne.
Copyright : PUNIT PARANJPE / AFP
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