Tous les pays d'Afrique ne seront pas non plus logés à la même enseigne, tant leur capacité à négocier diffère, et étant donné l'écart entre leurs émissions (toutes ne sont pas aussi importantes que celles de l'Afrique du Sud). Les éléments qui faisaient de l'Afrique du Sud un "candidat idéal" pour lancer ce modèle de financement peuvent ne pas s'appliquer à d'autres. Nous devons donc veiller à ce que ces accords bilatéraux ne remplacent pas le multilatéralisme, qui tend à créer de plus grandes opportunités pour l’ensemble des pays, quels que soient leurs poids et capacités de négociation.
L’enjeu des pertes et dommages
Le quatrième thème abordé, lui aussi lié au sujet du financement, est celui de la mise en place d'une facilité pour les "pertes et dommages". Il est intéressant de noter que les pays africains n'ont pas été très prompts à se joindre aux autres pays plaidant pour la mise en place d’un tel dispositif. Je pense qu'une partie de l'hésitation est due à l'impact éventuel d'un tel mécanisme sur d'autres sources de financements, en particulier l'adaptation. Elle tient aussi au flou sur la manière dont un tel mécanisme fonctionnerait en pratique. Je pense que les pays africains vont continuer à s’interroger et hésiter avant d’afficher leur soutien aux mécanismes de compensation des pertes et dommages.
Adaptation
Enfin, les pays africains affirment que l'adaptation doit occuper une place plus importante dans l'agenda. Cela s’exprime, entre autres, par l’affirmation que les fonds consacrés au changement climatique doivent être répartis équitablement entre l'atténuation et l'adaptation. En effet, une grande partie des fonds mis à disposition des pays africains est destinée à l'atténuation du changement climatique, alors qu'ils ne cessent de souligner que l'adaptation est l'une de leurs principales priorités.
Les pays ont tendance à former des coalitions lors des négociations de la COP pour faire entendre leur voix. Quels intérêts communs les pays Africains partagent-ils ? Au contraire, quels sont les intérêts spécifiques de certaines nations africaines qui ne sont pas partagés par le reste du continent ? Peut-on constater une certaine divergence des stratégies climatiques au sein du continent ?
Deux éléments tendent à unir l'Afrique. Premièrement, la justice climatique. L'impression générale est que l'Afrique est le continent le plus vulnérable au changement climatique. Par le passé, l'Afrique a essayé de se positionner comme une sorte de "conscience supérieure" et de grand témoin des effets du changement climatique, étant le continent qui contribue le moins aux émissions mondiales et celui qui en souffre le plus. Cette volonté à tendre vers plus de justice climatique est donc ce qui unit la plupart des pays africains. Il n'y a pas si longtemps, lors de la Semaine africaine du climat au Gabon, l'Union africaine a lancé un appel à toutes les agences africaines pour qu'elles s'unissent dans cet appel à la justice climatique. Concrètement, la justice climatique consiste à exiger que les pays industrialisés revoient à la hausse leurs ambitions, car c'est ce manque d'ambition qui rend l’Afrique vulnérable. Les pays africains seront également unis pour demander le respect des engagements pris concernant l'Objectif Mondial d'Adaptation (OMA), établi dans le cadre de l'Accord de Paris de 2015. L'OMA a été fortement soutenu par l'Afrique et a contribué à mettre l'adaptation, du moins sur le plan rhétorique, au même niveau que l'atténuation.
Ajouter un commentaire