Enfin, la France considère que le Royaume-Uni est le partenaire "junior" de cette coalition. L'accord ne prévoit pas d'engagement militaire, de sorte qu'AUKUS ne risque pas d'épuiser les ressources britanniques. Ainsi, en tout point, le rôle du Royaume-Uni est soit trop faible, soit trop imprécis (à ce stade) pour être préoccupant.
Mauvaise passe pour les relations franco-britanniques
Les relations franco-britanniques ne sont pas au beau fixe. Depuis trois ans, ces relations sont marquées par la suspicion. Du point de vue de Paris, AUKUS n'est que le dernier coup porté à une relation déjà tendue. La situation est si mauvaise que Paris ne se contente plus de se méfier du Royaume-Uni, il s’agit désormais d’une défiance manifeste.
Cela rend toute réconciliation ou détente cordiale improbable. Alors que l'appel téléphonique de Joe Biden et d'Emmanuel Macron, mercredi, a abouti sur un engagement à renforcer leur collaboration ainsi qu’une promesse de soutien américain pour les initiatives européennes au Sahel, M. Johnson a opté pour une plaisanterie sur la réaction de la France en lui demandant de “donner un break” au Royaume-Uni.
Le temps de la réconciliation
Parfois, même les désaccords les plus mineurs font des dégâts. Réparer cette relation distendue ne sera pas chose aisée. Il faudra du temps, de la bonne volonté et une action conjointe pour que la confiance revienne à son niveau d’avant, et il est difficile d’imaginer que cela se produise avant l'élection présidentielle de 2022.
Pour commencer, le Royaume-Uni doit montrer à la France qu'il peut être un allié de confiance - par des actions plutôt qu’avec des mots. Le Royaume-Uni doit expliquer à la France quelles sont ses priorités et quelle place la France peut y occuper. Cela doit se faire par le biais de réunions bilatérales régulières, au niveau ministériel ainsi que par les canaux officiels. Le Royaume-Uni doit également étudier les moyens d'inclure la France dans les nouvelles structures de politique étrangère. Par exemple, en invitant la France à une réunion des "Five Eyes”, ou en créant un nouveau groupement États-Unis-Royaume-Uni-France sur l'Indopacifique.
En attendant, la France devra également démontrer qu'elle est prête à commencer un nouveau chapitre avec le Royaume-Uni. Par exemple, elle pourrait organiser un nouveau sommet pour célébrer les traités de Lancaster House (un événement qui devait avoir lieu en 2020, mais qui a été retardé en raison de la pandémie de Covid-19) et en profiter pour réfléchir à de nouvelles manières de coopérer ensemble.
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