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11/04/2014

Triste record : le plus haut niveau de chômage des jeunes jamais mesuré

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Triste record : le plus haut niveau de chômage des jeunes jamais mesuré
 Institut Montaigne
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D?après la dernière étude du Céreq, le taux de chômage des jeunes trois ans après leur sortie du système éducatif n'a jamais été aussi élevé en France : près d'un jeune sur cinq est encore en recherche d'emploi. Les non-diplômés sont les premières victimes : près d'un sur deux est au chômage, soit une hausse de 16 points par rapport à la génération 2004.

L’insertion professionnelle des jeunes largement impactée par les effets de la crise

L’enquête 2013 du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) auprès de la génération 2010(1) a analysé la situation de 33 000 jeunes diplômés ou sortis du système scolaire au cours ou à l’issue de l’année 2009-2010.

Trois ans après leur sortie du système éducatif, leur taux de chômage s’élève à 22 % : il s’agit du taux le plus élevé mesuré par le Céreq, alors même que la génération 2010 est plus diplômée que les précédentes.

Pour le Céreq, cette dégradation s’explique par deux facteurs :
- la crise économique et financière de 2008 a détérioré la conjoncture économique, et le marché du travail est impacté par la hausse du chômage dans la population active ;
- la diminution des contrats aidés destinés aux jeunes, traduisant la faiblesse de l’action publique dans ce domaine.
 
Les écarts se creusent selon les formations
Si la situation s’est globalement dégradée pour tous, des écarts significatifs sont à noter selon le niveau de diplôme, les établissements fréquentés et les spécialités choisies.

Les non-diplômés souffrent le plus de la conjoncture, près de 50 % d’entre eux étant au chômage trois ans après avoir quitté le système éducatif, soit une hausse de 16 points par rapport à la génération 2004.

C’est également le cas des diplômés du secondaire (CAP, BEP, baccalauréats professionnels, technologiques et généraux), dont le taux de chômage trois ans après l’obtention de leur diplôme passe de 15 % pour la génération 2004 à 25 % pour la génération 2010.

A l’inverse, les diplômés de l’enseignement supérieur long (bac +5 et plus) ne connaissent pas la crise : 76 % d’entre eux ont trouvé un emploi moins de trois mois après la fin de leur étude, et près de 9 sur 10 sont en emploi en 2013.
 
Comment permettre une insertion professionnelle des jeunes durable ?
Au-delà d’une situation économique difficile, ces chiffres soulignent les failles du système éducatif français en termes de formation et de préparation à la vie professionnelle, notamment en ce qui concerne les filières courtes. Deux leviers doivent urgemment être activés  :

  • pour aider les jeunes à s’insérer durablement sur le marché du travail, il est essentiel de repenser notre système d’orientation et de rapprocher l’école du monde de l’entreprise, notamment en privilégiant des modes de formation tels que l’alternance. La création d’un "guichet unique" proposant des outils pour comprendre les enjeux de l’orientation professionnelle, l’accès aux offres d’emploi et éventuellement aux services sociaux, est également un levier incontournable pour assurer une gestion vraiment décentralisée de l’insertion professionnelle des jeunes ;
  • soutenir le développement de l’apprentissage : celui-ci pâtit encore d’un a priori négatif alors que son efficacité a été démontrée en termes d’insertion professionnelle. Rappelons que la probabilité d’être en emploi trois ans après la fin de la formation est supérieure de 7 points pour les apprentis(2). Comme l’a souligné un sondage CSA réalisé pour l’Institut Montaigne, les Français ont conscience de cette inadéquation et plébiscitent les formations proches du monde du travail : 

- 76 % d’entre eux considèrent que le système scolaire prépare mal les élèves au monde du travail ;
- ils sont 83 % à considérer que les formations en apprentissage permettent de trouver un premier emploi plus facilement ;
- 61 % des jeunes de 15 à 25 ans interrogés seraient intéressés par une formation en apprentissage.

  • Enfin, les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans le recrutement des jeunes. Les économistes Stéphane Carcillo et Pierre Cahuc ont récemment réalisé une évaluation du dispositif "zéro charges" qui  montre que l'emploi au niveau des bas salaires est très sensible au coût du travail. Ce dispositif, qui exonérait de cotisations patronales les embauches au niveau du SMIC entre décembre 2008 et décembre 2009 dans les entreprises de moins de 10 salariés, a eu un impact fort et rapide sur l’emploi. Ainsi, une diminution de 1 % du coût du travail a entraîné un accroissement de 2 % de l’emploi au bout d’un an et l’impact sur l’emploi apparaît dès 3 mois. En extrapolant les résultats de "zéro charges" à l’ensemble de l’économie, une mesure annulant complètement les charges patronales au niveau du SMIC pourrait créer jusqu’à 800 000 emplois.

 
(1) Bref du CEREQ n°319, Enquête 2013 auprès de la génération 2010, mars 2014.
(2) Institut Montaigne, Une nouvelle ambition pour l’apprentissage : 10 propositions concrètes, janvier 2014.


Pour aller plus loin :
Institut Montaigne, Choisir les bons leviers pour insérer les jeunes non qualifiés, juin 2012.
Institut Montaigne, Une nouvelle ambition pour l’apprentissage : 10 propositions concrètes, janvier 2014.
Institut Montaigne, Alléger le cout du travail pour augmenter l’emploi : les clés de la réussite, mars 2014.
Sondage CSA pour l’Institut Montaigne, L’apprentissage plébiscité dans la lutte contre le chômage des jeunes, mars 2014.

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