Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
05/04/2017

Lutte contre le chômage : que proposent les candidats ?

Imprimer
PARTAGER
Lutte contre le chômage : que proposent les candidats ?
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne

Alors que le premier tour de l'élection présidentielle approche, un sondage ELABE pour Les Échos et l'Institut Montaigne sur l'état de la France montre que pour 66 % des Français interrogés, les candidats ne traitent pas des sujets prioritaires dont dépend vraiment l'avenir de la France. Ces derniers citent la création d'emploi (48 %) comme la priorité sur laquelle doivent se concentrer les candidats.

Faisant écho à cette préoccupation, le développement du recours à l'apprentissage dans les formations initiales (43 %) et la facilitation des reconversions professionnelles (42 %) sont les solutions les plus citées par les Français pour permettre le retour au plein emploi. Quels plans d'action sont proposés par les candidats sur ces thèmes ? Quelles mesures préconisent-ils prioritairement ? Nous analysons ces différentes propositions.

Formation professionnelle


Afin de donner à chacun les moyens de se former et de retrouver un emploi, François Fillon propose de :
  • sécuriser les parcours professionnels en permettant à chaque Français de bénéficier d’un "capital formation" qui remplacera les dispositifs existants (CPF, CIF…) dans l’objectif de rationaliser et de débureaucratiser les fonds de la formation professionnelle ;
  • faciliter le retour à l'emploi en favorisant, sur les listes de demande d’accès aux logements sociaux, les demandeurs d'emplois qui retrouveraient un emploi en dehors de leur bassin de vie.
Benoît Hamon propose pour sa part de mettre en place un droit universel à la formation tout au long de la vie. Chaque actif aura ainsi le droit à un an de congé-formation pour acquérir un diplôme ou une qualification.

Marine Le Pen souhaite rendre la formation professionnelle plus efficace, moins opaque et moins coûteuse.

Emmanuel Macron propose la création d’un nouveau service public de la formation et de l’activité et souligne la nécessité de réformer le système actuel à travers plusieurs mesures visant à le rendre plus simple, plus juste et plus transparent :

  • Convertir progressivement la majeure partie des contributions actuelles des entreprises pour la formation en droits individuels pour les actifs. Dans ce système, chacun pourrait s’adresser directement aux prestataires de formation, selon ses besoins ;
  • les droits seront d’autant plus élevés que les besoins de qualification sont importants ;
  • Chacun disposera d’une information simple sur les résultats concrets de chaque formation, de chaque accompagnement car tous les organismes seront soumis à labellisation et obligés d'afficher leurs performances.

Afin de concrétiser ces engagements, le candidat s’engage à consacrer 15 milliards d’euros du plan d’investissement à l’acquisition des compétences par ceux qui en ont le plus besoin.

Jean-Luc Mélenchon souhaite refonder l’organisation de la formation professionnelle des adultes et la formation continue, et l’inclure dans le service public de l’enseignement professionnel. Elle doit d’abord profiter aux travailleurs pas ou peu qualifiés et aux chômeurs. Il propose ainsi de mettre en place une allocation d'autonomie pour ceux qui suivent une formation qualifiante.

Apprentissage


François Fillon
a affirmé sa volonté de développer fortement l’apprentissage en formulant un certain nombre de propositions. Le candidat souhaite confier aux régions la gestion des lycées professionnels et des centres de formation d’apprentis, en association avec les branches professionnelles, pour l’enseignement professionnel et l’apprentissage. Afin de faciliter ce développement, le candidat Les Républicains souhaite également aligner le droit du travail des apprentis sur celui des salariés et propose une exonération totale des charges patronales sur les contrats en alternance.

Benoît Hamon a affirmé sa volonté de développer l’apprentissage. Il plaide également pour la reconnaissance de l’engagement associatif ou civique des jeunes dans le cadre de leur formation professionnelle et souhaite ainsi permettre que le premier semestre de l’université puisse être validé grâce à l’expérience d’un service civique ou d’une expérience longue de bénévolat.

Marine Le Pen plaide pour le développement massif de l’alternance (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) dans l’artisanat, le secteur public et privé. Elle souhaite également revaloriser le travail manuel par l’établissement de filières professionnelles d’excellence (suppression progressive du collège unique, autorisation de l’apprentissage à partir de 14 ans) et développer des lycées professionnels ou technologiques de la seconde chance sur tout le territoire pour les élèves sortis du système scolaire sans diplôme.

Emmanuel Macron veut développer les périodes de pré-apprentissage et les filières en alternance dans tous les lycées professionnels. Pour que les bacheliers professionnels réussissent dans l'enseignement supérieur, des licences professionnelles seront préparées sur trois ans et en alternance. Afin de simplifier le système, le candidat d’En Marche ! souhaite faire converger les contrats d’apprentissage et de professionnalisation et impliquer les branches professionnelles dans la définition des programmes et l’organisation des formations. Enfin, il propose de rassembler les aides et subventions existantes dans une aide unique qui sera fonction de la taille de l’entreprise et du niveau de qualification de l’apprenti. L'ensemble de la taxe d'apprentissage sera affectée à son financement.

Jean-Luc Mélenchon ne considère pas que l’apprentissage constitue une voie de référence pour la formation formation initiale. Il défend toutefois l'enseignement professionnel. Mais il décorrèle son développement de celui de l’apprentissage. Il souhaite ainsi instaurer une allocation d’autonomie pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans, d’une durée de trois ans, sous réserve d’une formation qualifiante et sous condition de ressources. Appuyant sa volonté de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, il veut également remplacer les "emplois d'avenir" par un "contrat jeune" d'une durée de cinq ans, dans le secteur non marchand et public, ouvrant droit à une formation qualifiante en alternance ou à une préparation aux concours de la fonction publique.


Marie-Alix Véran et Marc-Antoine Authier pour l’Institut Montaigne


Pour aller plus loin :

Dernière chance pour le paritarisme de gestion (mars 2017)

Un capital emploi formation pour tous (janvier 2017)

L’apprentissage, un vaccin contre le chômage des jeunes (avril 2015)

Réforme de la formation professionnelle: entre avancées, occasions manquées et pari financier (septembre 2014)

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne