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05/05/2009

Grandes écoles et égalité des chances : aller plus loin

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Grandes écoles et égalité des chances : aller plus loin
 Institut Montaigne
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Les grandes écoles se mobilisent de plus en plus pour s’ouvrir à la diversité. Les initiatives visant à décloisonner les filières d’excellence et recruter les talents par d’autres voies fusent. La dernière en date émane de HEC, qui offrira les frais de scolarité à tous les boursiers à partir de la rentrée prochaine.

Force est cependant de constater que ces dispositifs ne suffisent pas. Grandes écoles, écoles d’ingénieurs, écoles de commerce… Les étudiants admis dans ces établissements prestigieux reflètent encore trop peu la diversité de la société française. Comment favoriser un recrutement plus diversifié et plus égalitaire des talents ? Comment donner une chance à tous ?

  • L’égalité des chances en question

Renforcer la diversité et la mixité sociale des grandes écoles s’impose aujourd’hui comme une nécessité, une urgence : les talents sont partout, mais l’autocensure scolaire est encore très forte et nombre de filières de l’enseignement supérieur sont encore trop difficiles d’accès.

La France, à la traîne, donne l’image d’une société figée, fermée, comparée à la Grande-Bretagne, au Canada ou aux Etats-Unis. La récente élection de Barack Obama ne rend cet immobilisme que plus criant…

Permettre aux meilleurs, quelles que soient leurs origines, d’accéder aux formations d’excellence : l’enjeu est de taille.

  • Des initiatives nombreuses, mais insuffisantes

Aujourd’hui, la mobilisation est générale. Les dispositifs ne cessent de se multiplier. Il en existe deux principaux types :
- le tutorat : le coaching scolaire des élèves de lycée et de prépa ;
- le recrutement par des voies d’accès différentes des concours classiques.

Des conventions ZEP (Zones d’éducation prioritaire) de Science Po (2001) à la gratuité des frais de scolarité pour les boursiers admis à HEC à partir de la rentrée 2009 (8 300 € en 1ère année, 12 300 € pour les suivantes), en passant par le programme "Pourquoi pas moi ?" de l’ESSEC, ou la démarche "Tremplin" des étudiants de l’X, de l’Ecole Normale Supérieure, de l’ENSAE et d’AgroParisTech : impossible de les citer toutes.

Malgré ces programmes d’ouverture, notre système éducatif reste encore très cloisonné. Pour ne citer qu’un seul chiffre : les élèves de milieux modestes ont entre 15 et 20 fois moins de chance d’intégrer des établissements prestigieux que ceux issus de milieux aisés.

Ces initiatives ne suffisent donc pas. Elles ne peuvent modifier la situation qu’à la marge, ou beaucoup trop lentement. Il faudrait des dispositifs plus volontaristes, plus nombreux et compréhensibles par tous, à commencer par les collégiens et les lycéens eux-mêmes.

  • Comment renforcer ces initiatives ?

Comment favoriser des recrutements plus diversifiés, mais toujours méritocratiques ? En 2006, l’Institut Montaigne a exploré de multiples voies pour rétablir l’égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur. Parmi ses propositions, toujours d’actualité :

1) Avant le bac

- Lutter davantage contre le manque d’information et l’autocensure scolaire en sensibilisant les étudiants de ZEP sur la possibilité d’effectuer des études supérieures

- Systématiser les partenariats locaux entre les classes préparatoires aux grandes écoles, les établissements d’enseignement supérieur, voire les entreprises, et les lycées situés en ZEP

- Repenser la carte solaire pour éviter que ne soit favorisée la formation de "ghettos sociaux"

2) Pour les classes prépa

- Permettre le recrutement de 2 ou 3 bacheliers issus de ZEP dans chaque classe prépa

- Rendre anonymes les dossiers de candidature à l’entrée en classe prépa

- Recruter davantage de bacheliers issus de filières technologiques

- Offrir des bourses à certains élèves issus de ZEP inscrits en classe prépa

3) Dans les grandes écoles d’ingénieurs

- Permettre l’élargissement des admissions dans les écoles d’ingénieurs à "prépa intégrée" aux étudiants post IUT et BTS

- Ouvrir le concours de ParisTech aux titulaires de licences ou de bachelor européen (L du système Licence Master Doctorat)

4) Dans les grandes écoles de commerce

- Faire de l’alternance le ticket d’entrée en école de commerce

Pour en savoir plus sur les propositions de l'Institut Montaigne, téléchargez Ouvrir les grandes écoles à la diversité

Lire aussi à ce sujet le supplément des Echos du 28/04 "Grandes écoles, entreprises – Relancer l’ascenseur social"

Pour aller plus loin :
- Ouvrir la politique à la diversité, par Eric Keslassy
- Ni quotas, ni indifférence : l'entreprise et l'égalité positive, par Laurent Blivet

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