Depuis les crises financières et bancaires de 2008-2011, le sujet des "classes moyennes françaises" cristallise les débats et fait figure d’incontournable dans les discours politiques. Qu’en est-il vraiment ?
Alors que les grandes puissances adoptent désormais le langage de la sécurité économique, cette note identifie cinq grands enjeux stratégiques qui méritent d’être placés au cœur des débats.
L'Europe doit agir rapidement pour assurer sa sécurité économique face aux menaces actuelles. La Commission européenne a proposé des mesures défensives, mais des débats persistent sur la meilleure approche. Comment l'Europe peut-elle coordonner efficacement ses actions pour garantir sa sécurité économique, et quel rôle joue la coopération internationale dans cette stratégie ?
La montée des partis nationaux-populistes pose un défi pour l'avenir de l'UE. Quelle influence réelle ces partis peuvent-ils exercer sur les politiques européennes et quelles sont leurs visions divergentes de l'avenir de l'UE ?
Quel rôle pour l’Afrique et l’Europe dans le monde tel qu’il se dessine ? Pour répondre à cette question, l’OCP Policy Center et l’Institut Montaigne ont réuni jeudi 12 avril sept experts venus des deux continents.
Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne et Karim El Aynaoui, directeur de l'OCP Policy Center
Le premier débat, animé par Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut Montaigne, était consacré au rôle de l’Afrique dans la globalisation. Il réunissait :
Le second, animé par Morgan Guérin, responsable du programme Europe à l’Institut Montaigne, s’intéressait aux moyens dont l’Europe dispose pour rééquilibrer le pouvoir économique de la Chine et des Etats-Unis. Il réunissait :
Retrouvez les quatre points à retenir de cette soirée de débats.
En dépit des nombreuses évolutions qu’il a connu ces quinze dernières années, le continent africain est confronté à des obstacles persistants, qui l’empêchent de réaliser pleinement son potentiel. Dépasser le “pacte colonial” est une priorité, en se libérant des rapports de domination d’un côté et de culpabibilité de l’autre. Le continent doit ensuite s’affranchir des freins que sont la fragmentation des États, associée à une gouvernance qui résiste encore en Afrique centrale notamment à la vague de démocratisation et aux alternances pacifiques, de plus en plus nombreuses, outre la pauvreté qui subsiste. En matière d’éducation notamment, il est urgent d’agir : la conjonction des trois éléments précités est à l’origine d’un niveau de formation encore trop faible, pour un continent dont le principal atout est la jeunesse de sa population.
Néanmoins, l’Afrique dispose d’atouts considérables sur lesquels s’appuyer : sa démographie, ses richesses naturelles, son industrialisation potentielle et ses prouesses en matière d’innovation, sa culture et sa diversité linguistique. La nouvelle génération africaine peut également permettre de rentrer dans un cycle de renouvellement et de rajeunissement des élites avec des leaders en capacité de penser global tout en agissant localement, dans une approche de long terme.
Pour poursuivre son développement, l’Afrique doit désormais approfondir les interconnexions entre ses pays. C’est d’autant plus le cas dans des domaines comme l’énergie, l’agriculture ou les infrastructures. L’Afrique doit d’abord consolider trois axes principaux : une approche politique forte (déjà quelque peu matérialisée par l’Union africaine et son Agenda 2063), un pilier économique à développer, notamment par le prisme ébauché par la Zone de libre-échange continentale africaine et une force militaire à envisager.
Loin des grandes idées, il faut désormais s’atteler à favoriser des avancées concrètes de coopération sectorielle, en tâchant de s’appuyer sur une administration plus structurée et plus juste. Fort heureusement, le développement de l’Afrique pourra s’appuyer sur une jeunesse pleine d’espoir et innovante, tournée vers l’avenir.
Aujourd’hui, les deux continents doivent dresser un bilan des dernières décennies. Du côté de l’Afrique, près de soixante années ont passé depuis les indépendances ; il faut que les Africains prennent le temps de l’introspection avant d’envisager l’avenir et leur rapport à l’Europe. L’Europe, quant à elle, doit repenser son leadership, dresser le bilan de l’élargissement à l’Est, et reprendre l’initiative géopolitique et économique pour cesser de se faire balloter entre la dictature du court-terme et les jeux de rivalité entre les États-Unis et la Chine.
Une fois ces réflexions menées, Afrique et Europe pourront envisager de créer un récit commun, sur la base de partenariats concrets. L’Afrique représente en effet une opportunité pour l’Europe de se replacer sur l’échiquier politique mondial.
Le lien entre l’Europe et l’Afrique est réel. Néanmoins, les instruments actuels de coopération ne sont malheureusement plus que des subsides du passé ou simplement liés à une proximité géographique, celle de la Méditerranée. Alors que les pays africains ont un à priori positif vis-à-vis de l’Europe, celle-ci n’est pas toujours là pour répondre à leurs attentes.
La clef du développement des économies africaines réside dans l’investissement dans les infrastructures ; l’Europe peut prendre le leadership dans ce domaine. Face aux défis économiques, migratoires et démographiques africains, les liens entre ces deux continents vont s’accroître. Il s’agit dès à présent de construire un “protocole de confiance” intégrant leurs intérêts réciproques et de tisser des liens partenariaux multiples. C’est cette confiance qui permettra également de faire le deuil d’un passé parfois douloureux pour certains pays.