Un financement incertain
De la même manière que pour l’ensemble de nos finances publiques, la situation du financement de nos régimes de retraites s’est dégradée : les dépenses n’ont été que très peu impactées, à la hausse comme à la baisse, par la crise (les décès liés à la crise sanitaire - de l’ordre de 33 000 à mi-octobre - ne correspondent qu’à 0,2 % du nombre de retraités) tandis que les cotisations vont être durablement affectées par la diminution de l’activité et l’augmentation du chômage. Au total, si l’on retient un impact durable de la crise de deux points sur l’activité économique, le déficit des régimes de retraites serait creusé au moins de l’ordre de 0,2 à 0,3 point de PIB, c’est-à-dire de 5 à 6 Mds€. Comme mentionné ci-dessus, cette évaluation est très provisoire et vraisemblablement un peu optimiste. Un impact durable de la crise de l’ordre de quatre points de PIB (comme le FMI semble le suggérer dans sa dernière projection d’octobre 2020, World Economic Outlook) conduirait à dégrader les comptes des régimes du double, c’est-à-dire de plus de 10 Mds€.
Le déficit des régimes de retraites, qui était prévu à 27 Mds€ en 2030 (dans le cadre du scénario le plus pessimiste du rapport du COR de novembre 2019, mais qui correspond au scénario le plus central selon l’Institut Montaigne au regard de certaines hypothèses particulièrement volontaristes des scénarios présentés), devrait donc désormais dépasser nettement les 30 Mds€ à cet horizon. De ce fait, le COR estime que le déficit dépassera 25 milliards d’euros dès 2020.
Par rapport aux scénarios du COR de novembre 2019, ceci signifie donc que le déficit prévisionnel des régimes aura augmenté d’au moins 20 %, et ce, dans le cadre d’une estimation prévisionnelle. Autrement dit, si les réformes de financement étaient nécessaires auparavant au regard des données publiées dans ces rapports il y a un an, elles sont devenues indispensables : la crise accélère la dégradation financière de notre régime et la nécessité de sa réforme.
Des retraités épargnés par la crise
La situation relative moyenne des retraités par rapport à l’ensemble de la population s’est par ailleurs améliorée : économiquement, les retraités n’ont en pratique pas été affectés par la crise, et ne seront pas affectés par la hausse du chômage à venir. Il convient de souligner qu’auparavant, la situation d’un retraité était déjà favorable – avec de l’ordre de 7 % de pouvoir d’achat en plus (par unité de consommation) que les actifs. Cet écart, significatif, de pouvoir d’achat provient en grande partie du fait qu’ils n’ont la plupart du temps pas d’enfants à charge. Par ailleurs, les retraités sont deux fois moins souvent pauvres que l’ensemble de la population.