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09/10/2014

Nouvelle étude - Prévention des maladies psychiatriques : pour en finir avec le retard français

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Nouvelle étude - Prévention des maladies psychiatriques : pour en finir avec le retard français
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne



Enjeu majeur de santé publique sous-estimé en France, les maladies mentales touchent une personne sur cinq chaque année. A l'occasion de la Journée Mondiale de la santé mentale, l'Institut Montaigne et la Fondation FondaMental publient une étude inédite, fruit d'un an d'enquête et d'analyses, sur le retard français en matière de prévention des maladies psychiatriques, notamment les plus graves : schizophrénies, troubles bipolaires, dépression et troubles du spectre autistique.

Ensemble, ils plaident pour un renouveau dans la prise en charge de ces maladies en France et formulent des propositions concrètes pour contribuer à réduire leurs conséquences dramatiques, tant à l'échelle individuelle que collective.

Santé mentale : l’urgence d’agir

Les maladies mentales sont des pathologies méconnues et mal comprises qui affectent près de 20 % de la population chaque année et apparaissent majoritairement entre 15 et 25 ans.
Accès aux soins tardif, retard au diagnostic, inadéquation des soins courants avec les recommandations internationales, comorbidités somatiques non dépistées et non traitées… Leur prise en charge s’avère souvent inappropriée et les conséquences pour les malades sont désastreuses.

Connaissant une évolution souvent chronique, les maladies mentales sont sources de handicaps majeurs si leur évolution n’est pas freinée. Elles s’accompagnent d’une désinsertion sociale, familiale et professionnelle et sont associées à une mortalité prématurée liée aux suicides et aux comorbidités somatiques. Selon l’OMS, elles seront la première cause mondiale de handicap dès 2020.

Enfin, ces maladies ont un coût considérable pour la société : en France, les coûts imputables aux maladies mentales sont évalués à 109 milliards d’euros par an (soit plus de 5 % du PIB).

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1 enfant ou adolescent sur 8 souffre ou souffrira d’une maladie mentale dans sa vie.
Source : Igas

38,2 % des Européens de 18 à 65 ans ont souffert de troubles mentaux au cours des 12 derniers mois.

Espérance de vie réduite de 10 à 20 ans pour les patients par rapport à la population générale.

10.500 suicides par an en France.

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Défi n°1 : Changer le regard sur les maladies mentales pour améliorer l’accès aux soins


Associées à des stéréotypes d’imprévisibilité et de dangerosité, les maladies mentales restent considérées comme des maladies "à part". Peurs et idées reçues persistent. Cette stigmatisation engendre discrimination, sentiments de honte et de culpabilité chez les patients et leurs proches ainsi que méfiance et rejet à l’égard de la psychiatrie.

Méconnaissance et stigmatisation participent grandement au retard de l’accès aux soins. Changer le regard sur les maladies mentales et la psychiatrie est une nécessité qui fait très largement consensus ; cependant, peu d’actions d’envergure ont été mises en œuvre en France et celles qui ont pu l’être ont connu un impact limité.

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2 Français sur 5 associent les maladies mentales à la folie

Pour 90 % d’entre eux le terme « malade mental » désigne une  personne que l’on ne pourra jamais guérir totalement

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Déstigmatiser les maladies mentales : nos propositions

- Soutenir les travaux de recherche interdisciplinaires visant à comprendre les causes des stigmatisations et de leurs impacts sur la vie des personnes.
- En étroite collaboration avec l’INPES, développer une plateforme d’information dédiée aux pathologies mentales et un programme d’actions de sensibilisation localisées et destinées à des publics ciblés, faisant intervenir les patients et leurs proches.

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Défi n°2: Améliorer le dépistage et le diagnostic précoces

La prise en charge des maladies psychiatriques est souvent très tardive alors que les cinq premières années de la maladie constituent une phase critique au cours de laquelle les réponses au traitement sont les meilleures et les chances de rémission les plus grandes.

De nombreux travaux ont démontré qu’une prise en charge adaptée et précoce améliore considérablement le pronostic (en prévenant ou minimisant les rechutes) ainsi que la qualité de vie des patients. Un diagnostic correct ainsi que la mise en œuvre d’une stratégie thérapeutique adaptée permettent de favoriser une insertion familiale, sociale et professionnelle des patients de bonne qualité. Le retard au diagnostic est un frein majeur à une prise en charge de qualité.

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L’âge moyen au diagnostic pour l’autisme est de 5 ans et demi, quand la Haute autorité de santé (HAS) recommande qu’il ait lieu à 3 ans.

Dans le cas des troubles bipolaires, il s’écoule en moyenne 10 ans entre les premiers symptômes et la prescription d’un traitement adéquat.
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Améliorer le dépistage et le diagnostic précoce : nos propositions


- Soutenir les dispositifs favorables aux mécanismes d’alerte par les acteurs du milieu scolaire, universitaire et professionnel : meilleure information des enseignants, soutien des programmes de prévention existants ;
- Renforcer la formation initiale et continue des professionnels de santé de soins primaires (médecin généraliste, médecin scolaire, etc.) sur les différentes maladies mentales, leur dépistage, leurs facteurs de risque et leur prise en charge ;
- Renforcer l’interaction entre médecine de soins primaires et médecine de soins secondaires (psychiatrie) ainsi que le transfert de connaissances auprès des professionnels de terrain ;
- Consolider le modèle de la Maison des Adolescents, afin de faciliter l’accès à l’information et aux soins pour les jeunes concernés.
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Défi n°3: Innover dans l’organisation des soins

La fragmentation des soins entre médecine somatique et psychiatrie ainsi que l’essor de la pharmacologie et des thérapies psychosociales complexifient la prise en charge pour le praticien, qui a du mal à se repérer dans l’ensemble des stratégies à sa disposition. Cela conduit à de fortes disparités dans les pratiques en soin courant, souvent éloignées des recommandations internationales, ainsi qu’à une prise en charge insuffisante des comorbidités somatiques associées (pathologies cardio-vasculaires, métaboliques (diabète), surpoids,…).

La complexité des pathologies et les avancées scientifiques plaident pour une spécialisation accrue, complémentaire de la psychiatrie généraliste existante. Observée dans de nombreuses disciplines médicales (cancer, maladies rares…), cette évolution vers une spécialisation des services médicaux est également à l’œuvre au niveau international dans la prise en charge en psychiatrie.

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Les Centres Experts de la Fondation FondaMental sont spécialisés dans l’évaluation, le diagnostic et l’aide à la prise en charge d’une pathologie spécifique.

Ils facilitent la prise en charge personnalisée des patients et permettent également le développement de la recherche clinique.
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Améliorer la prise en charge : nos  propositions

- Affecter des moyens dédiés à la prise en charge somatique des patients ;
- Sur le modèle des Centres Experts FondaMental, déployer des centres de dépistage  et de prévention organisés par pathologie ;
- Favoriser l’adéquation entre pratiques cliniques et recommandations professionnelles en intégrant dans la formation des psychiatres l’utilisation de données issues de la médecine basée sur les preuves ;
- Faciliter l’articulation des différents acteurs de soins sous l’égide des ARS.
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Défi n°4: Soutenir la recherche en psychiatrie

Alors que la prévention en psychiatrie est possible, efficace et rentable, l’insuffisance des moyens consacrés à la recherche n’en est que plus criante en France : seuls 2 % du budget de la recherche biomédicale sont consacrés (21 millions d’euros environ) à la recherche en psychiatrie contre 7 % en Grande-Bretagne (131 millions d’euros) et 11 % aux Etats-Unis (5,2 milliards d’euros).

Des investissements ambitieux dans la recherche représentent une étape nécessaire pour permettre une meilleure compréhension des causes et des mécanismes, l’identification de biomarqueurs et de facteurs de risque environnementaux modifiables ainsi que le développement d’innovations diagnostiques et thérapeutiques.

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Le taux de rendement de la recherche en psychiatrie est de 37%, c’est-à-dire que pour 1€ investi dans la recherche en psychiatrie, on réduit le coût de ces pathologies de 1,37€.

Source : Medical Research
in the UK RAND Europe.2008.

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Soutenir la recherche : nos  propositions


- Encourager la transdisciplinarité entre psychiatrie, neurosciences et sciences humaines et sociales ;
- Sensibiliser et former les psychiatres à la recherche ;
- Ouvrir l’accès aux données anonymisées de santé ;
- Augmenter les financements de la recherche.
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« Pour des raisons à la fois éthiques, médicales et financières, il y a urgence à soutenir les innovations et à améliorer la prise en charge de ces pathologies. Les maladies mentales ne sont pas une fatalité. La prévention doit être le fil conducteur de toute politique publique de santé ambitieuse en psychiatrie, comme elle l’est pour le cancer ou les maladies cardio-vasculaires !
L’effort de recherche en psychiatrie doit maintenant être soutenu à la hauteur des défis qui restent à relever, et comme en témoigne l’étude cosignée avec l’Institut Montaigne, ils sont nombreux
». Marion Leboyer, Directrice de la Fondation FondaMental

Pour en savoir plus :
Prévention des maladies psychiatriques : pour en finir avec le retard français, Etude
Rendez-vous sur le site Doctissimo.fr, partenaire de l’opération : des vidéos d’experts, de patients et de proches illustrent les 4 leviers du changement préconisés au sein de l’étude : www.doctissimo.fr
- Découvrez des infographies inédites réalisées à partir de données extraites de l'étude

 

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