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29/11/2010

Forum Education de l'OCDE : des pistes substantielles au service d'un meilleur enseignement

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Forum Education de l'OCDE : des pistes substantielles au service d'un meilleur enseignement
 Maylis Brandou
Auteur
Directrice adjointe

En l'espace d'un mois, l'OCDE aura frappé un grand coup sur le terrain de l'éducation. A quelques jours de la publication des résultats de la tant attendue enquête PISA 2009 sur les performances des jeunes de 15 ans en lecture, rappelons que s'est également tenue les 4 et 5 novembre derniers la réunion 2010 des ministres de l’Education de l’OCDE, à l’occasion d’un forum intitulé Investir dans le capital humain et social : les nouveaux enjeux. Cette manifestation – qui n’a lieu que tous les 5 ans – a réuni 32 ministres afin de discuter du rôle-clé de l’enseignement et de la formation pour la reprise et la croissance économique. Quatre grands enjeux ont structuré ce forum dont certaines mesures sont substantielles.

1. Lutter contre les effets de la crise dans le secteur éducatif : "L’éducation doit être vue comme un investissement et comme un moteur de la croissance à long terme et de la cohésion sociale."[1] Pour ce faire, il convient de mobiliser le plus grand nombre de personnes plus qualifiées. Les enseignants ont un rôle décisif à jouer que ce soit pour développer le plus tôt possible les compétences fondamentales chez les enfants que pour envisager la formation sur toute la durée de la vie. Le renforcement de l’efficacité des systèmes d’enseignement et de formation passe par une réelle prise en compte de l’innovation, en s’appuyant sur des critères rigoureux et sur de meilleures évaluations. Cela passe également par une autonomie et des responsabilités accrues pour les chefs d’établissement.

2. Mettre en adéquation des compétences et les besoins nouveaux, en créant par exemple des liens solides entre les pouvoirs publics, les entreprises et les acteurs sociaux afin de rendre réelle la formation tout au long de la vie.

3. Renforcer l’efficacité des enseignants au XXIe siècle. Considérés comme les principaux maillons du système éducatif, les enseignants doivent être dotés d’outils et d’un soutien à la hauteur des enjeux auxquels ils sont quotidiennement confrontés. Des attentes toujours plus grandes, une profession moins respectée et une absence de travail d’équipe sont autant de défis auxquels les enseignants et les chefs d’établissement doivent faire face. "Plusieurs représentants nationaux ont fait valoir qu’il était difficile d’attirer dans l’enseignement les personnes ayant à la fois les qualifications et les qualités personnelle requises". Les ministres ont convenu qu’il était "essentiel de rehausser le statut et l’image des enseignants, ce qui implique probablement de meilleurs salaires, des critères d’admission plus exigeants et une plus grande reconnaissance professionnelle" tout comme l’ouverture à de meilleures perspectives de carrière ainsi que de "relever la qualité de l’enseignement grâce à un système d’évaluation". Les conclusions sont donc sans appel : la formation initiale des enseignants, leur initiation pratique ainsi que leur perfectionnement professionnel doivent faire l’objet d’un investissement prioritaire, tout comme la question de leur sélection. Quels moyens mettre en œuvre pour attirer les meilleurs candidats ? "Il est essentiel de mettre en place un système efficace de certification et d’évaluation continue afin de transmettre aux enseignants les informations dont ils ont besoin pour s’améliorer tout au long de leur carrière. Ce système doit prendre en compte les besoins des enseignants, les progrès des élèves et les intérêts des autres parties prenantes. (…) Les résultats de la recherche doivent être appliqués aux méthodes d’enseignement."

4. Optimiser les retombées sociales de l’éducation : "L’interaction entre capital humain et capital social permet d’améliorer les résultats sur le front de l’emploi, mais aussi la santé, la citoyenneté, l’intérêt pour la politique, la confiance (…)". L’efficacité de l’enseignement peut être améliorée grâce à des actions publiques axées notamment sur le développement des compétences cognitives et non-cognitives, mais il convient également de renforcer l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul et des compétences fondamentales.

L’Institut Montaigne a fait du métier d’enseignant et de la gouvernance de l’école deux des quatre piliers de son Rapport Vaincre l’échec à l’école primaire (paru en avril 2010). L’importance déterminante des enseignants dans la réussite des élèves, l’affectation et la rémunération des enseignants, le problème de la formation initiale et de l’image détériorée dont pâtit le corps enseignant, la question du pilotage de proximité, la carence de gouvernance des écoles… autant de constats qui recoupent ceux émis par l’OCDE. Le consensus qui a émergé de ce forum a le mérite de donner de la visibilité à certaines pratiques, que ce soit sur la nécessité de reconsidérer la formation initiale et la formation continue des enseignants, avec tous les aspects de revalorisation que cela revêt, que sur la place importante faite aux capacités cognitives et au renforcement de l’apprentissage des compétences fondamentales.

Aux recommandations formulées à l’issue de cette rencontre font échos des propositions du rapport de l’Institut Montaigne telles que [2] :

  • Miser sur la qualité des enseignants pour faire progresser la performance du système éducatif

Proposition n° 6 : renforcer la communication autour du métier d’enseignant et mettre en œuvre un dispositif incitatif pour les candidats à cette profession
Proposition n° 7 : mettre en place des formations en alternance selon la formule de l’apprentissage, pour accéder au métier d’enseignant
Proposition n° 8 : améliorer la politique salariale pratiquée en début de carrière, afin d’inciter les personnes les plus compétentes et les plus performantes à devenir professeur des écoles
Proposition n° 9 : mettre en place des dispositifs contraignants pour assurer l’obligation annuelle de formation continue des enseignants en enrichissant la carte des formations comme en pénalisant ceux qui se soustraient à ce devoir

  • Mettre en œuvre une gouvernance efficace des écoles primaires et un pilotage effectif du système

Proposition n° 10 : prendre le décret d’application pour la création d’établissements publics d’enseignement primaire (EPEP) expérimentaux tel que prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités locales du 13 août 2004
Proposition n° 11 : sélectionner et former des directeurs d’écoles de qualité exerçant un réel pouvoir de pilotage de leur établissement

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