Mais, une fois revenu à une situation plus normale, ce qui, espérons-le se produira dans le courant de 2022, le réveil sera rude : selon les prévisions du FMI d’octobre dernier, qui seront probablement révisées à la hausse, sept pays de la zone euro auront une dette publique excédant significativement 100 % du PIB (Grèce, Italie, Portugal, Espagne, France, Belgique, Chypre), l’Italie et la Grèce dépassant 150 % du PIB. Or le pacte prévoit que la réduction de la dette vers la norme de 60 % héritée du traité de Maastricht se fasse à un rythme annuel d’un vingtième de l’écart à la cible. Dans le cas de l’Italie, dont la dette publique avoisinerait 160 % du PIB en 2022, cela impliquerait une réduction de cinq points de PIB par an, ce qui est inconcevable.
Dans le cas de la France, dont la dette serait de 120 % du PIB, une baisse de 3 points de PIB par an serait nécessaire, ce qui est tout aussi inconcevable. Contrairement au cadre de la politique monétaire ou de la politique concurrentielle, le PSC n’a pas résisté à l’épreuve du feu des crises. Il devra donc être renégocié. Faudra-t-il conserver les normes de limites de déficit budgétaire (3 %) et de dette publique (60 %) ? Avec une croissance tendancielle plus faible que lorsque fut négocié le Traité, mais aussi avec des primes de risque obligataires bien plus faibles (du fait de l’engagement de la BCE) et un environnement mondial de taux bas, et donc des charges d’intérêt plus légères toutes choses égales d’ailleurs, cela paraît indispensable, d’un point de vue économique tout au moins. Mais il est à craindre que vouloir renégocier le traité fondateur soit politiquement très risqué. Une voie moins dangereuse serait de remettre à plat le PSC, de façon à le rendre à la fois plus flexible, plus transparent, et moins complexe. Ce serait une rupture, mais politiquement gérable car nul ne peut nier les faits.
La politique de décarbonation est partie sur de mauvais rails
Le Pacte Vert de la Commission Européenne a l‘avantage d’être soutenu par tous les pays, avec plus ou moins d’enthousiasme, mais sans dissension notoire. C’est qu’il s’agit avant tout d’impressionner par l’ampleur des dépenses publiques, dont chacun espère tirer un bénéfice. Mais permettra-t-il d’atteindre l’objectif de neutralité carbone (pour simplifier, on intégrera les autres gaz à effet de serre dans ce vocable) en 2050, au moindre coût économique et donc social possible ? Il est permis d’en douter sérieusement. Comme lors de la Conférence de Paris sur le climat, et alors que le cadre européen était bien plus propice, les États et la Commission n’ont pas voulu s’engager fermement vers une politique de prix du carbone, seule façon économiquement efficace d’aligner les intérêts publics et privés, et de coordonner les comportements des entreprises et des consommateurs de façon à réduire les émissions.
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