Prenons l'Iran, par exemple. Alors qu’Emmanuel Macron est actuellement à la tête d'une initiative visant à négocier de nouveaux pourparlers entre les États-Unis et l'Iran, l'administration américaine avait clairement indiqué qu'elle poursuivrait sa stratégie de "pression maximale" contre Téhéran tout en menaçant de sanctions les tentatives européennes visant à maintenir l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPoA) en vie. Le manque de confiance entre les deux camps a sans aucun doute été l'une des principales raisons pour lesquelles il a été, cet été, si difficile de construire une réponse transatlantique commune dans le détroit d'Ormuz.
Parmi les autres questions à l'agenda de Mike Pompeo figuraient le commerce, la Chine et les initiatives de défense de l'UE - autant de questions qui, dans des circonstances plus normales, devraient toutes être assez mûres pour une coopération transatlantique. Sur le plan commercial, Donald Trump s'est très vite retiré des négociations du Traité de libre-échange transatlantique (TTIP) menées par le président Obama et a imposé, aux producteurs européens d’acier et d’aluminium, des sanctions tirant leur fondement sur des enjeux de sécurité nationale. Bien que de nouvelles discussions commerciales entre les États-Unis et l'UE soient en cours et que des progrès soient pas-à-pas réalisés, le spectre des droits de douane américains contre les constructeurs automobiles européens qui se profile à l’horizon (une décision est attendue à l'automne) pourrait porter un coup mortel à ces discussions, voire déclencher une guerre commerciale totale. Les tensions ne pourraient en être qu’accrues dans l’éventualité de nouvelles mesures de l'UE en matière de taxation des géants américains du numérique et en matière de politique industrielle.
Pendant ce temps-là, le cas chinois devrait en principe servir d’opportunité pour un engagement transatlantique plus fort - si Donald Trump ne le pensait pas autrement. Lors de sa visite d'État à la Maison-Blanche en avril 2018, Emmanuel Macron avait proposé d'unir les efforts face à la Chine ; cette proposition a été rejetée par Donald Trump, qui aurait fait remarquer, dit-on, que l'UE est un délinquant commercial "pire" que la Chine (une posture qu'il a continué à adopter à plusieurs reprises lors de ses meetings politiques). Et, cette semaine, dans une diatribe sur Twitter, apparemment pensée pour faire écho à la visite de Mike Pompeo à Bruxelles, Donald Trump a une fois encore repoussé l'idée d’une coopération avec l'UE sur la Chine. L'aversion qu’il éprouve à l'égard du multilatéralisme et de l'Organisation mondiale du commerce sape également le potentiel d'une stratégie multilatérale coordonnée pour lutter conjointement contre les pratiques commerciales et économiques déloyales de la Chine. La grande ironie ici, c'est bien sûr que l'Europe elle-même est devenue plus critique à l'égard de la Chine au cours de ces dernières années.
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