Cette saga a connu son dénouement le 8 mai, quand les membres pro-Pékin du comité des affaires parlementaires ont mis fin aux manœuvres de retardement des démocrates. La présidente sortante de la commission, Starry Lee, s’appuyant sur un avis juridique contesté, a affirmé détenir le pouvoir de faire voter la commission sur les affaires urgents en cours même avant l’élection d’un nouveau président. Ayant fait expulser de la chambre les membres démocrates qui protestaient bruyamment, elle a fait approuver 14 projets de loi en cours, y compris celui sur l’hymne national, qui pourront poursuivre leur parcours législatif. Rétrospectivement, l’ire de Pékin semble avoir eu pour but principal de pousser les forces pro-Pékin au parlement à tout mettre en œuvre pour que la loi sur l’hymne national puisse être adopté avant la fin de la session parlementaire.
Il est certes un peu tôt pour tirer des conclusions définitives de ces remous. Les accusés auront l’occasion de se défendre devant un juge. Dennis Kwok a fait savoir qu’il s’attendait à être "disqualifié" de son statut de parlementaire mais une procédure via les tribunaux ne serait sans doute pas tranchée avant les élections. Pour l’heure, on peut conclure que Pékin ne craint pas de tirer les conséquences pratiques du 4e Plénum et de mettre en œuvre sa "souveraineté exhaustive" sur Hong Kong, notamment en intervenant ouvertement dans les questions de politique intérieure, même en revendiquant sa légitimité à le faire. De même, Pékin ne craint pas de s’exprimer sur des procédures judiciaires en cours à Hong Kong ou sur les décisions des juges. Mais ces interventions traduisent aussi une grande nervosité de Pékin avant les élections législatives. Pékin prépare sans doute le terrain à de nouvelles disqualifications et à une campagne d’intimidation. Mais toutes ces interventions peuvent aussi avoir un effet inverse et mobiliser davantage la population. Relancer le débat sur l’article 23 conduirait sans nul doute à de nouvelles manifestations massives. Une suspension ou mise en cause profonde des libertés fondamentales aurait des conséquences sur le statut économique et financier de Hong Kong, qui se remet à peine d’une année difficile sur le plan économique, mais peut bénéficier de sa réponse efficace au Coronavirus. Mais dans toutes les hypothèses, la présence de Pékin dans le territoire continue de s’accroître et s’embarrasse de moins en moins des textes censés l’encadrer.
Le camp démocrate cherche à conquérir une majorité parlementaire pour la première, un objectif difficile mais peut-être tout juste réalisable. Il a aussi indiqué qu’il utiliserait le pouvoir parlementaire d’approbation du budget pour faire pression sur le gouvernement, afin que celui-ci fasse des concessions sur les "cinq demandes" du mouvement anti-extradition de 2019 (notamment une commission d’enquête indépendante qui relève des pouvoirs du parlement, et des avancées sur le suffrage universel). Dans ce contexte, une victoire des démocrates serait sans doute vue à Pékin comme une nouvelle "crise constitutionnelle" qui rendrait l’adoption d’une loi sur la sécurité nationale impossible dans un futur proche. Par conséquent, Pékin prépare sans doute le terrain à de nouvelles disqualifications et à une campagne d’intimidation. Mais toutes ces interventions peuvent aussi avoir un effet inverse et mobiliser davantage la population. Relancer le débat sur l’article 23 conduirait sans nul doute à de nouvelles manifestations massives. Une suspension ou mise en cause profonde des libertés fondamentales aurait des conséquences sur le statut économique et financier de Hong Kong, qui se remet à peine d’une année difficile sur le plan économique, mais peut bénéficier de sa réponse efficace au Coronavirus. Mais dans toutes les hypothèses, la présence de Pékin dans le territoire continue de s’accroître et s’embarrasse de moins en moins des textes censés l’encadrer.
Pour les observateurs internationaux, s’assurer que les élections législative peuvent se dérouler de manière libre et équitable devrait être un objectif central. Alors que la fraude électorale n’a jamais été un problème majeur à Hong Kong, les "disqualifications" soit de candidats avant l’élection, soit d’élus siégeant à la chambre, est un sujet d’inquiétude croissant qui mérite d’être observé de près par des experts juridiques aussi bien hongkongais qu’internationaux.
Copyright : Anthony WALLACE / AFP
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