Plus que les 140 000 départs annoncés par Ankara, ce sont sans doute environ 30 000 personnes qui sont aujourd’hui bloquées dans la zone frontalière, prisonnières du jeu des puissances, et de plus en plus vulnérables face à l’avancée du COVID-19.
Pourquoi Erdogan a-t-il finalement choisi de renoncer à l’épreuve de force, en mettant fin dès le 7 mars aux départs en bateau vers les îles grecques, le vrai maillon faible de la frontière européenne ? Est-ce la conséquence du cessez-le-feu à Idlib conclu deux jours auparavant avec Poutine ? Ou le résultat du faible nombre de candidats au départ parmi les 3,5 millions de Syriens qui ont déjà établi leur vie en Turquie, et souhaitent rester au plus près de leur pays dans l’espoir du retour ? Contrairement à 2015, ce sont surtout des Afghans, des Pakistanais, des Irakiens ou des Iraniens qui se sont précipités dans les bus mis à leur disposition par le pouvoir turc. Comme l’écrit Kadri Gursel, la menace migratoire brandie par Erdogan a aujourd’hui perdu beaucoup de sa valeur.
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