Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'envisage sa sécurité que par l'intermédiaire de l'Otan. À l'heure de Trump et du Brexit, elle doit au contraire privilégier une vision européenne de la défense.
"Le problème de l'Europe aujourd'hui, c'est l'Allemagne." L'ancien ministre des Affaires étrangères de la République fédérale, Joschka Fisher, ne mâche pas ses mots. Il aurait pu parler du Brexit, de la montée des populismes, de la tentation isolationniste des Etats-Unis, sans oublier le réchauffement de la planète. Mais il privilégie la responsabilité de son pays.
Pour lui, la réponse d'Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), nouvelle dirigeante de la CDU, aux "ambitions européennes" du président Macron était "un mélange d'incompétence et de petits calculs politiques". C'est précisément parce que la Grande-Bretagne se retire, que l'Amérique s'éloigne et que les populistes se rapprochent du pouvoir que l'Allemagne devrait exercer le rôle qui lui revient de facto, celui de leader de l'Europe. Cette responsabilité, elle ne peut l'assumer que conjointement avec la France. Il ne s'agit plus pour les deux pays, comme il y a plus de soixante-dix ans, de refermer les plaies de l'histoire, de s'assurer d'un "plus jamais ça". Il s'agit de répondre à la nouveauté des défis du présent, et plus encore à ceux du futur. Moins d'Amérique, plus de Chine et de Russie, cela devrait signifier plus d'Europe. Et plus d'Europe passe nécessairement par plus d'Allemagne et de France "ensemble".
Sagesse rétrospective
Or, aujourd'hui, le principal obstacle au développement de la relation franco-allemande est l'Allemagne avec son incapacité politique, sinon culturelle, à se projeter dans un rôle de leader responsable et global. Il est bien évident que l'Histoire est la principale explication de ce blocage. L'Allemagne est la mieux à même de dire aux électeurs européens qui sont tentés de voter pour les extrêmes : "Ne jouez pas avec le feu, voyez où ces dérives électorales nous ont menés ! Ne cherchez pas d'excuse aux populistes. Chaque citoyen sera responsable aux yeux de l'Histoire de son vote. N'oubliez jamais que l'Allemagne, et une grande partie de l'Europe, n'était plus qu'un champ de ruines en 1945."
Mais cette sagesse rétrospective, qui donne plus de poids aux avertissements de Berlin, constitue également une sorte de blocage ou d'autolimitation qui n'est nulle part plus visible qu'en matière de sécurité et de défense. Pour le bien comprendre, un rappel historique s'impose.
Retour en force de la…
Retour en force de la Wehrmacht ?
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