Un régime autoritaire détient son principe de légitimité, de la peur qu'il inspire, de la fierté nationale qu'il renforce et exploite, mais aussi de la prospérité économique qu'il crée ou accompagne. Si ce dernier ingrédient disparaît, les deux autres s'en trouvent fragilisés. La valeur de la monnaie turque s'est appréciée de près de 10 % après la défaite du candidat d'Erdogan à Istanbul, comme s'il existait un lien direct entre l'affaiblissement de l'un et le renforcement de l'autre.
Choix difficile
Erdogan se trouve devant un choix difficile. S'il est pragmatique, il consacrera l'essentiel de ses énergies à la reprise économique de son pays. Un tel projet est-il compatible avec un renversement de ses alliances diplomatiques ? La Turquie peut rêver - sinon de véritable renversement d'alliances - au moins de pouvoir concilier son appartenance à l'Otan avec une réorientation vers la Russie de sa politique d'achats d'armements. Mais est-ce bien réaliste, surtout si l'économie devient pour le régime une source de faiblesse, plutôt que de force ?
Il fut un temps où fier de sa croissance vigoureuse, la Turquie pouvait dire, "c'est moi qui choisis" entre la tentation de l'Occident et celle de l'Orient. Tel n'est plus le cas aujourd'hui. Et ce n'est pas la Russie qui peut sortir la Turquie de la période de contraction économique qu'elle traverse.
L'énergie de sa population, l'ouverture au monde et aux autres, sans oublier bien sûr la démographie, constituent des atouts certains pour la Turquie. Les habitants d'Istanbul viennent aussi de faire la démonstration que la revendication démocratique, loin d'être dépassée, est toujours d'actualité en Turquie.
Avec l'aimable autorisation des Echos (publié le 28/06/2019)
Copyright : Adem ALTAN / AFP
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