Dans un contexte de hausse des prix du pétrole, la capacité à baisser le prix des véhicules électriques via des incitations gouvernementales et un coût de l’énergie plus faible permettrait un meilleur équilibre entre les VE et les véhicules à motorisation thermique. Cependant, nous ne pouvons nous reposer sur ces deux seuls facteurs pour tendre les prix des VE à la baisse ; nous devons également créer un approvisionnement compétitif des cellules de batteries à haute densité énergétique afin de faire baisser leur prix. De nouvelles batteries à cellule unique s’adaptent à différentes compositions chimiques et sont compatibles avec toutes les grandes innovations, aussi bien les produits que les processus de fabrication. Ceci permettra aux différents acteurs de réduire la complexité et les coûts, et ainsi rendre le secteur automobile durable. Le gouvernement allemand joue un rôle important au niveau européen à travers sa "stratégie industrielle nationale 2030" qui vise non seulement à produire plus de voitures électriques mais aussi à produire des cellules de batteries en Allemagne et dans d’autres pays européens.
Si la France peut se vanter de produire les trois quarts de son électricité au nucléaire, quand l’Allemagne produit son électricité essentiellement au gaz, pétrole et charbon, les deux pays perdent tous deux au change dans la phase de fabrication des voitures électriques (6,57 tonnes de CO2 pour une voiture électrique contre 3,74 tonnes pour une voiture à moteur thermique). Pour les véhicules électriques, que ce soit en France ou en Allemagne, ce chiffre pourrait être compensé par des méthodes de recyclage normalisées des métaux des batteries. L’élément central de la stratégie industrielle européenne devrait être d’utiliser les opportunités de réduction des coûts offertes par des synergies de recyclage tout au long de la chaîne de valeur. L’UE doit s’assurer que les questions environnementales sont intégrées à chaque étape de cette chaîne et que la pertinence environnementale des VE ne soit pas remise en question à moyen-terme.
Protéger l’emploi et privilégier le capital humain
"Le Pacte vert pour l’Europe doit ouvrir la voie à une mobilité plus durable, plus numérique, et plus innovante ! L’UE doit offrir aux entreprises et aux employés des directives claires pour réaliser une transition qui soit crédible et juste socialement" souligne Dr. Franziska Brantner, membre du parlement allemand. Il est clair que quelque soit l’issue, l’ensemble des acteurs industriels traditionnels devront prendre des décisions difficiles face à la menace à laquelle fait face le sureffectif du secteur des moteurs thermiques.
Le secteur automobile est un secteur clé en Europe notamment en Allemagne, en France, en Italie, et en Espagne : 14,6 millions de personnes travaillent directement ou indirectement pour cette industrie, soit 6,7 % de tous les emplois européens. L’UE le sait et doit donc investir dans la formation, comme l’ont souligné les auteurs ayant contribué à notre série "Green Deal, un nouvel élan" . La Commission européenne a lancé une plateforme visant à faciliter la création de programmes de formation dédiés à combler le déficit de compétences des travailleurs européens en matière de fabrication de batteries électriques. 70 projets industriels sont soutenus par l’Alliance européenne pour les batteries (European Battery Alliance, ou EBA) - l’entité qui coordonne les efforts menés par les États-membre dans leur production et leurs chaînes d’approvisionnements respectives. L’objectif est d’atteindre l’indépendance européenne dans la production des batteries, ce qui devrait créer près de 4 millions d’emplois d’ici à 2025. L’UE a ajouté le lithium à sa liste des matières premières critiques dont l’approvisionnement doit être sécurisé. Ces initiatives permettront à l’UE de se rapprocher de ses principaux rivaux asiatiques et d’avancer vers l’autonomie stratégique dans ce secteur clé.
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