C’est un signe du réalignement politique né du Brexit : Hartlepool qui, depuis 1959, était représenté sans discontinuité par un député travailliste, et s’était prononcé à hauteur de 70 % de ses électeurs pour quitter l’Union européenne en 2016. C’est un coup dur pour le parti : c’est seulement la troisième fois depuis 1982 qu’un gouvernement s’empare d’un siège de l’opposition lors d’une élection partielle. Bien qu’il garde la main sur plusieurs communes, il perd le contrôle de huit d’entre elles et plus de 318 conseillers municipaux. Le lendemain du Super Thursday, Keir Starmer, le dirigeant du parti, a d’ailleurs annoncé un remaniement de son cabinet.
Que ce soit les conservateurs en Angleterre, le Scottish National Party (SNP) en Ecosse ou le parti travailliste au Pays de Galles, la crise du Covid-19 a conforté le pouvoir de tous. Qu’on se le dise, le moment des élections leur était assez favorable : plus de 30 millions de Britanniques avaient déjà reçu leur première dose du vaccin contre le Covid-19. Beaucoup de régions avaient aussi d’ores et déjà annoncé un assouplissement des mesures restrictives. Ce soutien populaire pourrait cependant vite s’effriter. En effet, les partis au pouvoir ne sont pas à l’abri de devoir imposer à nouveau des mesures restrictives pour contenir la diffusion du variant indien qui, à la date du 17 mai, avait déjà contaminé plus de 2 400 personnes.
En Ecosse, c’est la question de l’indépendance, et non la gestion de la pandémie, qui occupe davantage les esprits des électeurs. Alors qu’en 2016, 80 % des électeurs du SNP se disaient favorables à l’indépendance de l’Ecosse, c’est aujourd’hui pas moins de 100 % des partisans du SNP et 50 % des Ecossais qui la soutiennent. Les Verts défendent également l’idée d’un référendum et détiennent, avec le SNP, une majorité au parlement écossais. Mais la nation est plus divisée qu’on ne le pense. Ceux qui s’opposent à l’indépendance ont fait preuve de tact : plutôt que de voter pour leur parti de choix, ils ont voté pour le candidat qui était le plus susceptible de détrôner le SNP. Pour freiner la montée du soutien pour l’indépendance, le gouvernement de Johnson pourrait investir massivement en Ecosse, tout en rappelant aux Ecossais le succès de la politique vaccinale et les mesures de chômage partiel qu’il leur a accordées.
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