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30/06/2016

Pollution de l’air : quels outils pour quels enjeux ?

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Pollution de l’air : quels outils pour quels enjeux ?
 Marc-Antoine Authier
Auteur
Chargé d'études - Energie, Développement durable


Environ 6,5 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l'air. C'est le bilan que vient d'établir l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié le 27 juin. Face à l'ampleur de ce phénomène, l'agence appelle la communauté internationale à se fixer "un objectif à long terme ambitieux". Les moyens qui permettraient de passer à l'action sont identifiés. Ainsi, "une augmentation de seulement 7% des investissements énergétiques totaux sur la période allant jusqu'en 2040" permettrait de "réduire de 1,7 million le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l'air extérieure en 2040, et de 1,6 million celui des décès liés à la pollution domestique". Sur un plan purement économique, ces investissements apparaissent d'autant plus pertinents que le manque à gagner estimé pour le PIB mondial serait de 2 600 milliards de dollars par an, selon un rapport publié début juin par l'OCDE. Pour la communauté internationale, il s'agit donc d'une double opportunité, à la fois sanitaire et économique.

Un bilan lourd, avéré et chronique

Ce fléau ne touche pas uniquement les pays qui connaissent un développement industriel accéléré et peu soucieux des problématiques environnementales. En France, environ 48 000 personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air. Ce lourd bilan, rendu public le 21 juin, provient d’une une évaluation quantitative d’impact sanitaire menée par Santé publique France. Ce phénomène, qui ne se limite pas aux grands centres urbains mais concerne également les petites villes et les milieux ruraux, est notamment dû à un recours encore trop important aux énergies fossiles, ainsi qu’à des modes de mobilité polluants et des équipements de chauffage peu écologiques. Autant de leviers, à la disposition des pouvoirs publics, pour limiter les conséquences sanitaires de ce phénomène. Ainsi, comme le précise l’établissement public, "la mise en place d’actions visant à réduire durablement la pollution atmosphérique permettrait d’améliorer de façon considérable la santé et la qualité de vie de la population".

Réduire notre dépendance aux énergies fossiles : un enjeu de santé publique


L’ampleur de ces conséquences nous amène donc à interroger la pertinence de notre politique énergétique à l’aune de ses impacts en matière de santé publique, et notamment en ce qui concerne le recours aux énergies fossiles. Précisons en outre que le bilan dressé par Santé publique France ne tient pas non plus compte des effets indirects liés au réchauffement climatique, que ce type d’énergies contribue également à accélérer. Assurément, il y a urgence à agir afin de réduire leur part dans notre mix énergétique.

Pour ce faire, les pouvoirs publics doivent notamment favoriser les transferts d’usage vers l’électricité, à condition que celle-ci ne contribue pas, indirectement, à émettre des particules fines. Ainsi, de façon très concrète, favoriser le remplacement des équipements de chauffage au fioul par des équipements électriques constituerait une avancée dans ce sens, si et seulement si l’électricité consommée par les équipements en question provient de sources non émettrices de gaz à effet de serre.

Face à l’urgence de la situation, comment agir ?


Le nucléaire est une énergie qui permet de produire, de façon massive et prévisible, une électricité sans émettre de carbone. Aussi convient-il d’apprécier sa contribution effective à la décarbonation de notre mix énergétique, laquelle peut être, en outre, accélérée par des transferts d’usage, comme l’illustre l’exemple précédent. Certes, les impacts de l’atome sur l’environnement et les populations, notamment dans le cas d’un accident nucléaire, sont importants, mais ils doivent être mis en perspective avec ceux, avérés et constatés, des énergies fossiles.

Ainsi, à titre de comparaison, le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants, l’UNSCEAR, estime que pour l’accident de Fukushima "aucun décès ou maladie grave dus à la radioactivité n’ont été observés parmi les travailleurs et le public exposé aux radiations suite à l’accident". Pour les 170 travailleurs de la centrale de Fukushima ayant reçu une exposition supérieure à 100 mSv (ce qui correspond au seuil au-delà duquel une irradiation est considérée comme dangereuse, selon l'IRSN), le risque de cancer pourrait augmenter de 1,3 point, à ajouter au risque préexistant de 35 % d’apparition d’un cancer dans une population japonaise non exposée.

Dans notre rapport Nucléaire : l’heure des choix, nous proposons d’adopter une approche comparative, à la fois rationnelle et globale, pour aborder la question liée aux impacts sanitaires et environnementaux des différentes sources d’énergie. À la lumière des résultats dont nous disposons, il semble que le nucléaire peut avoir une contribution positive à la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air. Sans occulter les impacts écologiques du recours à l’atome, l’Institut Montaigne formule une série de propositions concrètes dans l’objectif d’assurer la transition de notre économie vers un modèle sobre en carbone.


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