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23/07/2013

Hôpital : comment décloisonner les urgences ?

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 Lucie Piolot
Auteur
Chargée d 'études

L'hôpital public est souvent qualifié de "généraliste du pauvre" : il s'agit en effet de l'endroit par excellence où trouver des soins de qualité quasi-gratuits, sans prise de rendez-vous et dans un délai acceptable. Comme l'a souligné un récent rapport de l'Institut Montaigne, "plus d'un Français sur quatre déclare s'être déjà rendu aux urgences car il n'a pas réussi à obtenir un rendez-vous chez un professionnel de santé dans des conditions raisonnables de délai et de coût".

Ce recours excessif aux urgences est lié non seulement à un déficit d’information des patients sur les différentes modalités d’accès à une médecine de proximité, mais aussi à un manque de professionnels de santé réunis dans des espaces pluridisciplinaires. Ainsi, on estime que moins de 3 % des interventions pratiquées dans les services d’urgence représentent une urgence au sens médical du terme. Ce constat, déjà formulé par la Cour des comptes [1], a été réaffirmé par les 25 citoyens réunis par l’Institut Montaigne au cours du dernier trimestre 2012 pour répondre aux questions suivantes : "Quel système de santé voulons-nous ? Comment devons-nous l’utiliser et le financer pour qu’il soit viable ?".

L’avis des citoyens souligne ainsi que "le système de santé est trop hospitalo-centré. (…) L’accès à un plus grand nombre de médecins et une plus grande diversité de structures d’accueil permettraient de désengorger les urgences". Il préconise de multiplier le nombre de maisons de santé afin de favoriser le décloisonnement des différents services de santé et de favoriser les coopérations entre professions médicales.

Les maisons de santé sont-elles le remède miracle à l’engorgement des urgences hospitalières ? Comme le souligne un article paru dans Le Figaro[2], "dans les hôpitaux où les urgences sont engorgées en permanence, la création en leur sein même ou à proximité d'un centre de consultations médicales ouvert 24 heures sur 24, pourrait représenter une offre intéressante, capable sans doute de mieux faire fonctionner les services d'urgence qui pourraient se concentrer eux sur des problématiques vitales".

Les maisons de santé font l’objet depuis plusieurs années d’un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics et sont présentées comme "la" solution aux difficultés de répartition des professionnels de santé sur le territoire. Pourtant, les regroupements en médecine ambulatoire représentent une pratique ancienne : les premiers centres de santé ont fait leur apparition en 1895 et les cabinets de groupe dans les années 1970. Leur développement a cependant toujours été limité par le fait que la rémunération des médecins repose essentiellement sur le paiement à l’acte.

Ainsi, seules la mise en place de modes de rémunération mixtes (entre paiement à l’acte, paiement forfaitaire et capitation) ainsi qu’une meilleure articulation des tâches entre les professionnels de santé permettront d’encourager l’exercice regroupé et d’améliorer ainsi l’accès aux soins.

En savoir plus sur la conférence de citoyens : www.conferencedecitoyens.fr

Notes

[1] Cour des Comptes, Les urgences médicales : constats et évolutions récentes, 2007.

[2] "Urgences : l’offre alternative des maisons de santé", Le Figaro, 19 juillet 2013.

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