Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
23/12/2010

Nos (meilleurs) vœux à la presse pour 2011 !

Imprimer
PARTAGER
Nos (meilleurs) vœux à la presse pour 2011 !
 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

La semaine dernière, les quotidiens nationaux étaient à nouveau absents des kiosques. En cause, un mouvement de grève chez Presstalis, la société chargée de livrer les journaux, actuellement en cours de restructuration. Pour autant, il était possible de lire Le Monde, Libération, Le Figaro, La Croix, Les Echos, etc. Il suffisait, pour cela, de se rendre sur Internet et tous les articles étaient consultables… entièrement et gratuitement.

L’une des conséquences collatérales de ces grèves à répétition pourrait être, justement, de donner l’habitude à une frange du lectorat de lire leur quotidien préféré sur Internet, accélérant ainsi la baisse de la diffusion papier. Depuis 2000, la diffusion payante de la presse nationale grand public n’a en effet cessé de diminuer. Et le mouvement s’accélère : -3,2 % en 2009.  Libération, Le Monde et L’Equipe sont les plus touchés (-20 % sur la période considérée), suivi par Le Figaro (-13 %). Les Echos, qui limitent leur perte à 5 %, et Le Parisien-Aujourd’hui en France, qui a réussi à maintenir son lectorat, s’en sortent mieux.

Cette érosion s’est accentuée à mesure que la diffusion d’Internet s’envolait. Or, à ce jour, la consultation des sites d’information ne compense pas, en termes de revenus, la diminution de la vente par abonnement et en kiosque. 

Pour autant, il n’y a pas de fatalité. Les entreprises de presse ne sont pas condamnées à être structurellement déficitaires. Tout d’abord, des propositions existent pour conquérir ou reconquérir le "lectorat-papier" (les jeunes notamment). Ensuite, de grands quotidiens, européens ou nord-américains, ont pris à cette fin des initiatives qui pourraient inspirer leurs homologues français. Dernier exemple en date, The Independant qui vient de lancer un quotidien allégé à 20 pence seulement. Enfin, la perspective de voir un jour la publicité sur la version en ligne être mieux valorisée est réelle (bandeaux publicitaires davantage singularisés en fonction des centres d’intérêt du lecteur, par exemple).

Ce que l’on peut espérer de mieux pour les journaux en 2011 ? Qu’ils retrouvent un modèle économique profitable. Mieux vaut une presse dont l’objectif est de générer des revenus en attirant les lecteurs, qu’une presse dépendant des subventions de l’Etat ou même de la générosité de mécènes, fussent-ils désintéressés. C’est tout ce que nous lui souhaitons pour 2011. Et c’est aussi ce que nous nous souhaitons, très égoïstement. Car la presse demeure – et demeurera longtemps encore – le média par excellence de l’analyse et du débat démocratique.

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne