Concernant la Russie, Poutine et Netanyahu entretiennent de bonnes relations. Plus d’un million de juifs russes vivent en Israël, ce qui représente environ 10 % de la population, et forment une communauté très active. Mais les Israéliens sont également conscients des limites russes. En particulier, Israël s’est davantage assimilé aux pays asiatiques qu’aux occidentaux depuis le début de la pandémie, avec des résultats similaires aux premiers.
Il s’agit néanmoins d’une évolution très longue, qui se jouera sur plusieurs décennies.
L'ambassade des États-Unis, qui a déménagé à Jérusalem sous l’impulsion de l’administration Trump, devrait y rester, selon les déclarations du nouveau Secrétaire d’État, Antony Blinken. Mais le Président Joe Biden a réaffirmé son soutien à "la solution à deux États" comme seule issue viable au conflit israélo-palestinien. Que peut-on attendre de l’administration Biden à cet égard ?
Israël sait que sur l’essentiel, Washington ne reviendra pas sur les avancées spectaculaires réalisées par l'Amérique de Trump. L’ambassade des États-Unis va demeurer à Jérusalem : c’est un acquis absolu, qui ne changera pas. Les États-Unis vont également reconnaître et soutenir les accords d’Abraham signés entre un nombre qui va aller grandissant de pays arabes et Israël, des accords reflétant l’acceptation d'Israël dans la région.
Concernant la question israélo-palestinienne, l’administration Biden revient en effet vers les principes de la communauté internationale, qui soutiennent que la seule solution possible est une solution à deux États indépendants et souverains. Le fait que la capitale d'Israël soit à Jérusalem n’est pas en contradiction avec cette solution. La gauche israélienne a d’ailleurs plusieurs fois mentionné que Jérusalem pouvait être la capitale de deux états : celle de l'État israélien du côté juif, et celle de l'État palestinien du côté arabe. Cependant, le point problématique est que la question palestinienne a été très largement abandonnée par les pays arabes eux-même, car ces derniers sont aujourd’hui beaucoup plus soucieux de la menace iranienne que de l’espoir palestinien d’avoir un État. Cela s’est notamment illustré avec des pays arabes aussi divers que le Soudan, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, le Maroc, qui ont noué des relations diplomatiques avec Israël au cours des derniers mois, avant même que des progrès soient réalisés sur la question palestinienne, ce que l’on peut en quelque sorte considérer comme une priorité donnée aux intérêts nationaux sur toute autre considération de la part de ces pays.
À quoi peut-on s’attendre sur la question iranienne, chère à l’État hébreu ?
Le sujet de l'influence régionale de l'Iran et de son programme nucléaire a été un thème majeur de l’appel entre Joe Biden et Benyamin Netanyahu le 17 février, durant lequel les deux dirigeants ont souligné "l'importance de la poursuite d'une étroite consultation sur les questions de sécurité régionale". Lorsque Donald Trump s’est retiré unilatéralement du JCPOA en 2018, Israël - qui n’avait jamais caché son opposition à l’accord - avait soutenu la décision de son homologue américain de durcir les sanctions envers l’Iran. Aujourd’hui, les intérêts fondamentaux de la communauté internationale - qui ne se réfère pas seulement à Israël, l’Arabie saoudite, les États-Unis ou encore l’Union européenne, mais également à la Russie, la Chine et la Turquie - n’ont pas changé. Elle souhaite éviter à tout prix un Iran nucléaire, car cela entraînerait une course aux armements nucléaires dans l’ensemble de la région. Ainsi, la question iranienne est de loin la plus importante pour Israël, et plus largement pour la région du Moyen- Orient.
Du point de vue iranien, le régime n’est néanmoins pas prêt à abandonner l’ambition de se nucléariser, pour plusieurs raisons. D’abord, les Iraniens ont tiré les leçons du renversement du régime de Saddam Hussein en 2003. Pour dissuader les États-Unis, Israël et les autres pays de les attaquer, leur unique solution est de posséder l’arme absolue, l’arme nucléaire. Au-delà de la défense du pays, l’arme nucléaire est perçue comme une garantie de survie du régime des Mollahs, une revendication nationaliste très populaire auprès de la majorité du peuple iranien. Il faut donc à tout prix éviter que l'Iran se nucléarise, tout en évitant absolument d’entrer en guerre avec Téhéran. Qu’est ce qui est le plus dangereux, un Iran nucléaire ou la guerre avec l'Iran ? Donald Trump avait déclaré l’Iran nucléaire comme plus dangereux, tandis que Barack Obama considérait que les deux l'étaient également. Joe Biden semble plus aligné avec ce dernier.
Cependant, nous ne sommes plus en 2015 et les choses ont évolué, dont la position des États-Unis sur ces questions. En 2015, Barack Obama accordait une grande priorité au JCPOA par exemple, ce qui n’est pas le cas de Joe Biden aujourd’hui. Sa priorité est d’abord interne : réconcilier les Américains. Et sur le plan externe, elle est davantage tournée vers la Chine et l’Asie que vers le Moyen-Orient.
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