Dans un contexte de très forte reprise de l'emploi, avec notamment une forte hausse des embauches en CDI, et de tensions extrêmes sur les recrutements, cette réforme était nécessaire. Après cette réforme, les conditions d'éligibilité à l'assurance chômage restent encore parmi les plus favorables de l'OCDE, mais un certain nombre d’aberrations (voire d'inéquités) ont été corrigées. Cela étant, nous n’avons pas encore le recul suffisant pour évaluer l'impact de cette réforme sur le taux de reprise d'emploi.
L'une des grandes nouveautés de ce projet de loi réside dans l'introduction d'un conditionnement du versement des allocations à la conjoncture économique. Ce système semble s'inspirer du modèle canadien qui prévoit notamment de moduler le versement des aides selon le niveau de chômage local. Quelles leçons tirer de ce système outre-Atlantique ?
On peut difficilement être contre l'idée que certains paramètres de l'indemnisation du chômage (conditions d'éligibilité et durée maximale d’indemnisation) soient différents lorsque l'économie tourne au plein emploi (avec des tensions importantes sur les recrutements) et lorsqu'elle est en récession. D'ailleurs, en pratique tous les pays assouplissent les conditions d’accès en période de récession, y compris la France, comme cela a été encore le cas lors de la crise sanitaire.
Élaborer une règle "automatique" d'ajustement du régime d’assurance chômage à la conjoncture est souhaitable, mais pas évident en pratique. Une telle règle est basée sur des données statistiques (chômage, emploi, tensions sur le marché du travail…) sont nécessairement rétrospectifs. Serait-il pertinent, par exemple, de décider en octobre 2022 de durcir les conditions d’indemnisation début 2023 à un moment où la France entrerait en récession au motif que les derniers indicateurs disponibles, datant du premier semestre 2022, témoignaient d’un très fort dynamisme du marché du travail ?
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