La personnalité la plus souvent citée comme ministre de la Défense était Michèle Flournoy - cheville ouvrière par le passé de la relation avec la France au Pentagone et moins idéologiquement réservée à l’égard des interventions extérieures que ne le sont devenus les experts américains de relations internationales. Finalement, c’est un Général retraité - Lloyd Austin - qui lui a été préféré pour le Pentagone. Il reste à voir comment se nouera la relation entre celui-ci et la France.
Qu’en est-il du bad blood qu’auraient pu laisser chez M. Biden les accointances d’Emmanuel Macron avec Trump ? Notons que le premier dirigeant européen qu’ait appelé Joe Biden a été le Premier ministre Boris Johnson (le 23 janvier), alors qu’il était convenu que celui-ci s’était grillé auprès des Démocrates américains du fait de sa ligne populiste de type trumpiste. On peut penser que le nouveau président américain n’a pas fait carrière depuis cinquante ans en politique sans savoir faire la part des choses. De même, si le discours français sur l’autonomie stratégique et la souveraineté européennes n’est pas spontanément agréable aux oreilles des Américains, les nouveaux arrivants ont sans doute des affaires plus pressantes à traiter.
Sur un point, les observateurs prévoyaient un sujet de préoccupation pour Paris : il était attendu que, dans la lignée d’Obama, la nouvelle administration américaine se tournerait en Europe en priorité vers l’Allemagne de Mme Merkel.
Ce sera peut-être le cas en effet. Pour l’instant, il faut constater que le Président Biden a eu dimanche 24 janvier un entretien d’une heure avec M. Macron, qui est sa première conversation avec un dirigeant d’un pays de l’Union européenne - alors qu’il n’a échangé que lundi 25 janvier avec la chancelière Merkel. Les comptes-rendus communiqués par la Maison-Blanche d’une part et l’Elysée de l’autre à la suite de l’entretien se limitent, comme c’est en général le cas, surtout pour une première prise de contact, à une liste des sujets abordés. Des esprits affutés ont fait remarquer que ces sujets ne coïncident pas dans les deux communiqués. Schématiquement, les deux présidents ont manifesté leur disponibilité à œuvrer en commun sur le Covid-19, le climat et les sujets globaux en général. Mais le communiqué français mentionne explicitement la volonté commune de travailler ensemble sur le dossier nucléaire iranien et le Liban, ce que ne fait pas le communiqué américain. Inversement, celui-ci évoque l’OTAN et la relation transatlantique mais aussi la Russie, la Chine et le Sahel - ce que ne fait pas le communiqué français.
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