"Vous avez aimé l'Europe à 27, vous allez adorer l'Europe à 37 !" écrivait récemment, avec ironie et lucidité, l'un des meilleurs spécialistes de l'Europe centrale et orientale, Jacques Rupnik.
Une différence de traitement injuste ?
L'injustice faite aux pays balkaniques est certes criante. Mais est-elle si choquante que cela ? Un pays comme la Serbie demeure pro-russe et se refuse à appliquer des sanctions à l'égard de Moscou. "Ou étiez-vous quand l'Otan a bombardé Belgrade à la fin des années 1990", continuent de nous demander de nombreux Serbes. Selon des sondages très récents, deux tiers des Serbes partagent aujourd'hui encore les positions russes sur la guerre en Ukraine : 10 % seulement soutiennent les positions de Kyiv.
Le problème, bien sûr, est que d'un point de vue strictement rationnel, il existe comme un divorce entre les émotions des Serbes et les intérêts de la Serbie. Cette dernière ne va pas rejoindre le giron russe. Moscou est certes essentiel en termes de livraison d'énergie et soutient les positions de Belgrade sur le Kosovo. Mais l'Europe est, de manière réaliste, le seul horizon qui s'offre à la Serbie. Et s'ils veulent un jour entrer dans l'Union européenne, les Serbes doivent choisir leur camp et rejoindre les pays de l'Union dans leur politique de sanctions à l'égard de Moscou.
De fait, la guerre en Ukraine a été comme un révélateur, au sens chimique du terme, des priorités des différents pays de l'Europe centrale et orientale. Au point qu'une organisation intergouvernementale comme le groupe de Visegrád, créé en 1991, qui réunit la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie, a de facto volé en éclats.
Un lien fort, fait de souverainisme et d'illibéralisme, existait ainsi entre Varsovie et Budapest. Il n'a pas résisté à l'agression russe. On ne saurait être plus pro-ukrainien que les Polonais et moins critique de la Russie que les Hongrois. Depuis les changements de gouvernements récemment intervenus en Tchéquie et en Slovaquie, les deux pays se sont rapprochés des positions défendues par l'UE et donc de celles tenues par Kyiv.
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